dimanche 26 février 2012

Démission au conseil municipal de Saintes :
Quand un Vert voit rouge…


Vendredi, la démission de Christian Couillaud, maire adjoint écologiste chargé de l’urbanisme et des espaces verts à la mairie de Saintes, a provoqué remous et étonnement. Y aurait-il des craquements au sein de la gauche plurielle de Jean Rouger ?

En se présentant aux Municipales, en 2008, Jean Rouger avait deux défis à relever. Il s’agissait pour lui de battre la droite, alors aux commandes, et surtout de prouver à l’équipe de Michel Baron, maire socialiste de Saintes durant des lustres, qu’il pouvait tirer son épingle du jeu. Il s’inspira de Lionel Jospin en proposant de réunir les différentes forces de gauche, socialistes, communistes et écologistes. Tous les candidats s’accordèrent sur un programme à appliquer si la liste remportait l’élection. Ce fut le cas.

Si les premiers temps furent sereins, des clivages ne tardèrent pas à apparaître. La goutte d’eau qui vient de faire déborder le vase concerne justement la distribution de l’eau potable. Quand, en conseil municipal, Jean Rouger a annoncé qu’il était favorable à une gestion intéressée confiée à une entreprise privée, Christian Couillaud n’y a pas tenu. Il a exprimé publiquement sa désapprobation. « Depuis un an et demi, nous avons des réunions à ce sujet. Nous, écologistes, avons toujours été clairs et conformes à nos engagements, à savoir une régie municipale. Nous avons exposé nos arguments. Nous avons eu beau défendre nos idées, elles n’ont pas été prises en compte ».

Christian Couillaud en avait gros sur le cœur, comme on dit : « Mes paroles ont sans doute surpris, mais je ne suis pas au conseil pour faire dans la dentelle. J’ai été élu pour défendre les valeurs de la gauche ! Après la séance, j’ai entendu des quolibets dans mon dos et j’ai dit au maire : si ça pose problème, je rendrai mon tablier. Le maire, avec un sourire, m’a alors répondu que cette question n’était pas d’actualité ».

En général, quand les échanges ont été vifs, la nuit porte conseil et le soufflé retombe. Eh bien non ! Jeudi matin, Christian Couillaud a été convoqué par le maire qui lui a demandé de confirmer sa démission par écrit. L’intéressé n’ayant qu’une parole, il a remis ce fameux courrier vendredi matin. La messe était dite ! À sa place, d’aucuns auraient cherché une médiation. « Je suis droit dans mes bottes » explique Christian Couillaud qui n‘aime guère les compromissions. L’une de ses collègues, Évelyne Nigon, pourrait le rejoindre tandis que Jacques Boisset et Brigitte Arnaud, Verts également, devraient poursuivre leurs mandats respectifs.

« Je suis déçu »

« Bien sûr que je suis déçu parce que j’attendais de la mairie qu’elle aille plus loin en matière d’énergies renouvelables, capteurs solaires, éoliennes, économies d’énergie. Notre facture d’électricité atteint 528 000 euros par an. Elle est importante, mais elle était plus élevée autrefois. Nous aurions pu engager un ingénieur spécialiste de ces questions qui aurait travaillé pour la ville et, pourquoi pas, pour la CDC. Sur ce chapitre, il y a beaucoup à faire. Ma démission représente peu de chose. Je regrette que Jean Rouger ne tienne pas ou néglige ses promesses électorales. Suite à ma démission, j’ai reçu de nombreux courriers de collègues et de personnes extérieures que je ne connais pas. Ce n’est pas simple d’abandonner un mandat en cours de route » avoue cet ancien professeur de mathématiques, attentif au devenir des générations futures et à la planète Terre.

Qui remplacera Christian Couillaud à la mairie ? Pour l’instant, on l’ignore. Il n’en garde pas moins un pied dans la politique, suivant de près les élections présidentielles, Eva Jolly, et les Législatives qui suivront.

Une large majorité de conseillers est favorable à la régie intéressée. Les écologistes et les communistes y sont opposés car la gestion de l’eau potable sera confiée à une entreprise privée. Elle aura deux parts de rémunération, l’une fixe et l’autre liée aux résultats de gestion.

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