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vendredi 23 janvier 2009
Eddy L. Harris : Maintenant, nous sommes tous américains !
Né aux Etats-Unis, l'écrivain américain Eddy L. Harris, présent au salon du livre de Thénac, a suivi l'élection de Barack Obama avec émotion.
Il répond à nos questions :
Eddy L. Harris, comment avez-vous vécu l'élection de Barack Obama ?
Pour les élections présidentielles, je suis allé aux Etats-Unis et j'ai voté en Virginie parce que c'était un état clé. En effet, on y vote habituellement à droite et je voulais apporter ma voix à Barack Obama. Très tôt dans la campagne, j'étais persuadé de sa victoire. Sans le vouloir, G. W. Bush lui a ouvert la porte. Les Américains ont rejeté la politique menée par l'ancien président durant toutes ces années. Tout ce qu'il a entrepris, il l'a raté, il faut bien l'avouer...
Barack Obama a su convaincre le peuple américain, quelle que soit sa couleur de peau. Il a toujours parlé de l'unification du pays. Pour moi, c'est la seule chose qui compte parce maintenant, nous ne sommes plus noirs américains, italo américains ou hispano américains, mais américains tout court.
Vous avez souffert de cette situation dans
le passé ?
Je ne peux pas dire que j'en ai souffert. C'était seulement parce que nous, les noirs, nous étions américains, mais sans être traités comme des Américains. Nous étions à part. Maintenant, quand on aperçoit un jeune garçon dans le métro, on peut voir en lui un futur président au lieu d'un futur dealer ou une star du football. Les choses changent aux Etats-Unis. Pour voter, j'ai fait la queue pendant deux heures et demie et les gens étaient excités. Je n'avais jamais vu ça auparavant. C'était extraordinaire. Aujourd'hui, Barack Obama est président...
Sa tâche est lourde, de la crise intérieure au conflit entre Palestiniens et Israéliens...
Effectivement, il ne va pas chômer entre la guerre en Irak, la poudrière du Proche-Orient, la crise intérieure aux USA... sans compter les espoirs qu'il suscite dans le monde. Sa politique sera différente et plus ouverte que celles des présidents qui l'ont précédé. On attend beaucoup de lui, mais sera-t-il capable de tout gérer ? Il n'est pas le messie ! La première chose qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'il est américain et qu'il fera une politique américaine. Deuxièmement, c'est un politicien, et de ce fait, il cherchera à satisfaire son électorat. Seul l'avenir nous dira s'il pourra mener à bien les changements annoncés.
Quelles sont les premières réformes à entreprendre ?
A mon sens, les priorités sont de fermer le centre de détention de Guantanamo, mettre fin à la guerre en Irak et ouvrir les portes de la Maison Blanche pour que le monde puisse y venir et parler. Avec Bush, les relations ont été rompues avec la Corée du Nord et l'Iran par exemple. Instaurer un dialogue sans restriction est souhaitable. Je pense que c'est la première chose à faire pour mettre en valeur le leadership du pays.
Quand la France est-elle devenue votre seconde patrie ?
Il y a longtemps que je suis tombé amoureux de la France, de sa culture, de la cuisine. Je m'y sens bien. C'est un choix personnel. Je me suis installé en Charente, à côté d'Angoulême. Je n'oublie pas mon pays natal où je me rends régulièrement. Je suis toujours américain, je suis conscient de la place qu'occupent les Etats-Unis dans le monde, de leur puissance. Je pense d'Obama va être un bon président ! J'espère que le pays va changer son style de vie et mériter un président comme lui.
Quels sont vos projets littéraires ?
Je publie depuis 1988. Mon premier livre a été «Mississipi Solo». Mon dernier ouvrage « Jupiter et moi » a été publié en France. J'y parle de mon père. Mon prochain livre sortira dans un mois ou deux aux éditions Liana Levi. Il y sera question des noirs américains à Paris, pourquoi ils sont attirés par la France et le contraste qui existe entre les noirs américains et les noirs français ou africains habitant dans la capitale. C'est un sujet qui devrait intéresser les lecteurs.
Bonne écriture, Eddy L. Harris !
Photo 1 : En 2000, Eddy L. Harris a publié « Harlem » qui met en scène l'emblématique quartier new-yorkais. Il a obtenu le prix du livre Poitou Charentes en 2008.
Photo 2 : Eddy J. Harris a animé une conférence au salon du livre de Thénac.
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