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samedi 13 décembre 2008
Jacques Badois n’est plus
C'est avec émotion que nous avons appris le décès de Jacques Badois dans sa 97e année. Son nom est intimement lié à la Roche Courbon, château qu'il a valorisé avec son épouse Jeanne et ses enfants, Christine et Philippe Sebert.
Membre de l'Académie de Saintonge, Chevalier de la Légion d'honneur, de l'Ordre National du Mérite, des Arts et Belles Lettres, Jacques Badois n'était pas un homme ordinaire.
Une véritable complicité unissait cet ingénieur des Arts et Manufactures à la Saintonge. Toujours de bonne rencontre, il aimait à raconter la “renaissance” de la Roche Courbon. Sauvé par l'appel que l'écrivain Pierre Loti lança en 1908 dans le Journal des Débats et le Figaro, l'édifice sortit de l'abandon grâce à la famille Chenereau. Sensible à la beauté du site, Paul Chenereau entreprit les rénovations qui s'imposaient et confia la restauration des jardins à Ferdinand Duprat. En épousant Jeanne, la fille de Paul Chenereau, Jacques Badois reprit le flambeau.
La Roche Courbon : l'aventure d'une vie
Diplômé de l'Ecole Centrale, Jacques Badois avait le sens des responsabilités. Il était inventif et possédait un jugement précis qui lui permettait d'avancer et de résoudre les difficultés. A Pamiers, il dirigea durant de nombreuses années l'usine de Creusot-Loire et ses 1500 salariés.
Outre sa profession qui lui prenait beaucoup de temps, il avait une passion, la Roche Courbon. Jacques Badois s'entendait bien avec son beau-père : « Nos deux caractères étaient complémentaires. Il lançait les idées et j'étais chargé de les concrétiser. Nous avions le même objectif : que le château vive pleinement ! Il y a une formule que j'ai accommodée à ma manière : si tu aimes ton prochain, apprends-lui à pêcher. La Roche Courbon devait apprendre à pêcher, c'est-à-dire à trouver son autonomie » confiait-il.
En 1967, Jacques et Marie Jeanne Badois héritèrent de la vaste propriété : « J'ai axé mes efforts sur le développement touristique. Nous avons eu dix ans de gestion rigoureuse, sans possibilité de créativité. Le Château était en bon état et nous avons continué à l'améliorer ». Le sauvetage des jardins fut un chantier important.
Lors d’une réunion de l'Académie de Saintonge, Jacques Badois avait expliqué les détails de cette “intervention” qui constituait un véritable défi. Il l'avait relevé démontrant, comme l'écrivait Bacon, qu'on ne triomphe de la nature qu'en lui obéissant...
D'autres événements vinrent troubler la sérénité des lieux. Un incendie détruisit une partie des communs et la tempête de décembre 1999 coucha des centaines d'arbres.
Au lendemain de l'ouragan, c'était l'accablement, mais Jacques Badois rappelait à sa fille que les éléments contraires font aussi partie de la vie. Les parcelles furent nettoyées et reboisées.
« Ces aléas sont riches en enseignement. Ils rappellent à ceux qui l'auraient oublié que toute chose peut être balayée en quelques heures » remarquait Jacques Badois qui connaissait les vertus de la patience face aux obstacles et aux imprévus.
Il pouvait être fier de son « œuvre ». La Roche-Courbon, qu'il a transmise à Christine et à son époux Philippe, est un site magique.
Chaque année, le château attire en son intimité des milliers de visiteurs. Jacques Badois ne tirait aucune vanité de cette réussite. La simplicité qui l'animait était légendaire et donnait une force émouvante à sa personnalité : « Les hommes sont semblables aux voyageurs d'un train. Ils passent tandis que le paysage reste, imperturbable. Je passerai tandis que la Roche Courbon restera. Comme mon beau-père, j'ai essayé de maintenir cette propriété afin de la léguer à mes enfants qui imagineront son avenir à leur tour. Je n'ai pas été le directeur de la Roche Courbon, mais celui qui tend le flambeau à son successeur. Je ne regrette pas mon choix ».
Jacques Badois s'est éteint le 8 décembre à Toulouse. Ses obsèques ont été célébrées jeudi matin en l'église de Saint Porchaire. Il repose désormais au cimetière du Père Lachaise, à Paris.
Pour tous, il restera un exemple de persévérance, d'intelligence et de délicatesse. Que la Belle au Bois dormant l'accueille en son château éternel...
Nos pensées affectueuses entourent son épouse Jeanne, ses enfants et petits-enfants à qui nous adressons nos sincères condoléances.
Photo 1 : Jacques Badois, lors d'une séance de l'Académie de Saintonge. Il était intimement lié au château de la Roche Courbon situé près de Saintes. Mercredi, le personnel lui a rendu un dernier hommage en portant son cercueil à travers les allées du vaste jardin. La belle demeure a perdu son gardien, mais son souvenir restera bien vivant. Désormais, Christine et Philippe veilleront sur ce lieu mythique de Saintonge, responsabilité qu'ils assument déjà avec talent.
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