samedi 5 janvier 2008

Lettre ouverte aux “veaux” qui ont encore leur tête !




L’homme politique n’attend souvent qu’une seule chose, sa réélection. Selon le bon vieux principe qu’il faut séduire pour convaincre, nombre d’élus entrent en période de charme avant chaque échéance, l’objectif recherché étant de faire croire aux citoyens qu’ils atteindront les béatitudes. Liberté, égalité, fraternité : tournez l’animal sur la broche jusqu’à bonne cuisson, piquez-lui le flanc pour vérifier s’il a réaction, puis recouvrez-le d’une couche de miel qui lui donnera l’aspect de la saveur exquise. Jusque-là, nos décideurs pratiquent cette cuisine avec d’autant plus d’excellence qu’ils en détiennent les recettes secrètes.
Peuple naïf, que d’aucuns ont qualifié de «veau», combien de fois as-tu été ballotté par le vent des promesses ? A gauche, à droite et jusqu’à ces extrémités où tu aurais pu glisser si la terre avait été un grand disque plat, comme l’enseignait l’Église avant que Galilée ou Copernic ne viennent démontrer le contraire. Il en faut du courage pour s’opposer aux idées habituellement reçues (le politiquement correct !) et aux paramètres dans lesquels les habitants sont invités (ou contraints) d’évoluer. Et si leur vient l’envie de s’évader, c’est à leurs risques et périls... Aujourd’hui, les religions s’enflamment et le terrorisme qui en résulte inquiète : les rêves de paix deviennent cendres et les illusions sont immolées sur l’autel de l’incompréhension. Pour preuve, on vient d’annuler le célèbre Paris Dakar pour cause d’insécurité en Mauritanie.Dans l’hexagone, une partie du pays affiche sa morosité. Jusque-là épargnées par la crise, les classes moyennes réagissent elles aussi, victimes d’une bourse de plus en plus plate. Nicolas Sarkozy a sorti sa baguette mais, pour qu’elle devienne magique, il devra ouvrir son cœur. Cités à chaque occasion, les sentiments humanistes - tolérance, partage et respect - ne dépassent guère le seuil des discours. Il faut travailler plus : on finit par s’en convaincre ! Perdu sur les flots de la mondialisation, l’équipage du paquebot France cherche un port sans savoir lire la carte. Les horizons, les tempêtes, les monstres annoncés, il les imagine et, sans la volonté nécessaire à toute entreprise, les terres inconnues le resteront.
La France a mal de ses inégalités, de ses mensonges et la paupérisation galopante fait craindre les lendemains. Les citoyens devront-ils continuer à tendre la patte, signifiant ainsi qu’ils sont inféodés au système ? Sont-ce là les héritiers de Montaigne, Pascal, Montesquieu, Voltaire et de toutes ces plumes qui faisaient s’envoler l’encre et les pensées ? Où sont les esprits enthousiastes, critiques et novateurs, capables d’édifier et de cimenter l’avenir en dehors des propos populistes ? Seraient-ils muselés au point de ne plus pouvoir s’exprimer ? En aurait-on fait des tapis de salon ou des muets d’apparence ? Ou bien sont-ils partis vers d’autres cieux où la fiscalité est plus attrayante ?...
La France, exemple pour les étrangers qui avaient le goût d’en apprendre la langue, est devenue inodore et ses seules vraies odeurs sont celles de ses fromages, à moins que la législation européenne n’en interdise bientôt la fabrication. Comme les pierres polies, elle est sans aspérité et finalement sans âme. Dans ce décor poncé, les courants les plus inquiétants essaient malheureusement de s’infiltrer...
On peut en rire, en pleurer ou bien philosopher ! Sur ce chapitre, le poète Virgile est irremplaçable. «Nunc te, Bacche, canam, nec non silvestria tecum virgulta et prolem tarde crescentis olivae : Maintenant, Bacchus, c’est toi que je vais chanter et avec toi toutes les pousses des bois et l’olive qui naît d’un arbre si lent à croître». À méditer !

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