vendredi 25 janvier 2008

Claude Belot
face à Bernard Lalande :
L'ennui naquit de l'uniformité...

Ceux qui s’attendaient au poids des mots et aux chocs des rivaux sont restés sur leur faim. Le débat organisé par France 3 samedi matin était d’une neutralité telle qu’il n’a convaincu que les supporters des deux camps respectifs. Les autres, qui constituaient la large majorité des téléspectateurs, ont assisté à un échange classique. Quel dommage !


Un face à face télévisé opposant Claude Belot, président du Conseil général, et Bernard Lalande, chef de file du Parti socialiste, était une bonne idée. Après la Vienne, France 3 donnait la parole à ces deux élus samedi matin dans le cadre de son émission “la voix est libre“. Les Saintongeais, nombreux, attendaient ce rendez-vous qu’ils espéraient intéressant et riche en arguments. En effet, lors d’une récente réunion à Rochefort, Bernard Lalande n’avait pas mâché ses mots en critiquant les grands choix départementaux. De son côté, Claude Belot n’entendait pas se laisser “assiéger“ par un élu dont la ville, Montendre, ronronne depuis vingt ans.
On attendait donc un échange pimenté à souhait. Malheureu-sement, il n’en fut rien, chaque intervenant optant pour la prudence et la modération. Bilan, l’ambiance resta feutrée, style réception de l’ambassadeur où l’on savoure des Ferrero Roche d’or en s’envoyant quelques petites vacheries.
Le journaliste, Marc Delannoy, avait pourtant bien commencé en posant une question délicate : Comment l’UMP a-t-elle conservé la majorité en 2004 alors que la gauche était gagnante sur le papier ? En effet, lors de la désignation du président, Claude Belot l’avait emporté d’une seule voix sur son concurrent.
Dans les faits, deux voix ont fait pencher la balance en faveur de Claude Belot, celles de Marc Pellacœur (la Tremblade) et du conseiller général de Cozes, Jean-Paul Berthelot. À l’époque, malgré les pressions reçues, ce dernier, classé divers gauche, avait expliqué qu’il faisait confiance à Claude Belot. Dont acte. Les deux MRG saintongeais, Pierre Jean Daviaud (Saint Aigulin) et Michel Rigou (Mirambeau) adoptèrent l’attitude inverse en rejoignant leur famille d’origine, la gauche.
Avec le recul, on s’aperçoit que Claude Belot a réalisé un joli coup politique, grâce à l’appui de Dominique Bussereau et Jean-Pierre Tallieu. Mais existe-t-il, pour autant, « un secret charentais maritime, vieil héritage du radicalisme passé » ? L’intéressé estime que non : « l’étiquette passe au second rang quand il s’agit de construire l’avenir. Au moment de voter le budget, les élus savent se rassembler et je reçois alors le soutien de 28 voix au lieu de 26 ».
Celle de Bernard Lalande n’en fait manifestement pas partie : « en 2004, la gauche a tout de même réalisé un beau score. Avec les Radicaux et les Verts, le Parti socialiste espère peser dans la balance en mars prochain avec un vrai programme qui constituera une rupture avec le passé » glissa-t-il.
Rupture, vous avez dit rupture ? Claude Belot, qui ne pense avoir démérité, démontra qu’il était avant tout un homme de terrain, soucieux de ses compatriotes.


Une carte postale ?

Les échanges très convenus portèrent notamment sur la réalisation des logements sociaux par opposition aux grands projets départementaux, comme si les uns étaient exclusifs des autres. Selon Bernard Lalande, 3500 demandes seraient insatisfaites : « Le Département préfère soutenir des dossiers tel que l’hippodrome de Châtelaillon pendant que les gens attendent un toit. Ça nous révolte. Par ailleurs, la Charente Maritime occupe, selon le magazine l’Express, la 74ème place au niveau social. Gouverner un département n’a pas de sens si la situation sociale ne s’y améliore pas ». Et de poursuivre : « La Charente Maritime n’est pas une carte postale, avec de beaux paysages au recto et des secteurs en difficulté au verso ».
Voilà qui titilla Claude Belot : « Ces demandes de logements sont situées dans les environs de la Rochelle. L’Office y est contrôlé par la Communauté d’agglomération que préside Maxime Bono. Ça ne bouge pas vite et ce n’est pas de notre faute ». Et d’enchaîner : « La Charente Maritime connaît une croissance démographique importante, elle tire la Région Poitou-Charentes vers le haut et j’en suis fier. Je me bats pour les solidarités géographiques ». Néanmoins, Il ne faut pas tout attendre du ciel : quand les élus locaux sont dynamiques, les résultats suivent ; s’ils dorment sur leurs lauriers ou pire, restent statiques pour démontrer que le Gouvernement en place est inefficace, les communes végètent.
Restant sur ses positions, Bernard Lalande prôna un rapprochement du Conseil général, de la Région et des chambres consulaires. A quand un déjeuner privé avec Claude et Ségolène à l’ombre de la pinède montendraise ? Au Chalet du lac, pourquoi pas ?

Très différents ?


En fait, les deux candidats à la présidence ont une vision différente de la politique. Claude Belot est un homme qui bâtit l’avenir concrètement. Il ne se contente pas de l’imaginer et donne consistance à ses dossiers. En lançant des idées, Bernard Lalande semble avoir une conception plus théorique du futur. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la façon dont ils s’expriment. Claude Belot emploie des mots précis et ciblés. Le vocabulaire de Bernard Lalande est plus abstrait : il est issu de l’humanisme maçonnique et des termes qu’utilise généralement le Parti socialiste.
La rencontre se termina sur les questions d’environnement. Le moment était-il venu de se mettre au vert ? Claude Belot ayant dépassé son temps de parole (pur hasard ?), le mot de la fin revint à Bernard Lalande qui lança quelques salves contre Nicolas Sarkozy. Ensuite, pendant une minute, nous pûmes admirer Marc Delannoy rangeant ses papiers...
Bref, nous avions un président Belot connaissant bien ses dossiers et un opposant socialiste prônant la solidarité sociale et l’équilibre territorial : rien de bien nouveau sous le soleil ! Ceux qui s’attendaient à une nouvelle version d’Alien vs. Predator repasseront !!!

• Serait-ce le souvenir du face à face présidentiel Sarkozy -Royal qui a suscité modération et prudence de la part de Claude Belot et de Bernard Lalande ? Il n’est pas interdit de le penser ! En effet, en haussant le ton, Ségolène Royal a perdu des voix précieuses...

Photo 1 : Claude Belot et Bernard Lalande face à face.

Photo 2 :
En 2004, vote à la Rochelle pour élire le président du Conseil Général. Le scrutin qui oppose Bernard Lalande (PS) et Claude Belot (UMP) est serré. Claude Belot l’emporte d’une voix, celle que lui a donné Jean-Paul Berthelot, pourtant classé Divers gauche. Selon l’usage, Claude Belot est retourné dans l’hémicycle le temps des opérations de vote.

Photo 3 : Avant l’ouverture de la séance, de nombreux élus viennent saluer Jean-Paul Berthelot (très courtisé) dont Bernard Lalande qui souhaite, peut-être, le faire changer d’avis... En 2006, Daniel Hillairet a succédé à Jean-Paul Berthelot, décédé d’une inexorable maladie. Lui aussi apporte son soutien à Claude Belot.

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