mercredi 18 décembre 2024

Jonzac/Conseil municipal/Claude Belot : « Les maires ruraux ne doivent pas céder à la pression parisienne ! »

Lundi dernier, lors du dernier conseil municipal, les débats se sont attardés sur le Projet d'Aménagement et de Développement Durables (PADD) dont les dispositions ont attiré les foudres de Claude Belot. On l'a observé de longue date, les règles venant de l’administration parisienne ou européenne ne sont généralement pas du goût des maires ruraux. Ainsi l’instauration des zones Natura 2000 où Claude Belot avait vu rouge en raison des contraintes liées aux directives environnementales...

Le conseil présidé par Christophe Cabri

Il ne faisait pas bien chaud dans la salle de conseil municipal, rappelant que les dépenses d’énergie sont une préoccupation pour les municipalités. Espérons que les nombreux enrhumés n’en ont pas trop pâti ! La première question qui a fait "tousser" les édiles n’était pas liée au stationnement en ville (qui alimente les conversations), mais à la présentation du Projet d'Aménagement et de Développement Durables.

A gauche au premier rang, Aurélie Ballin, de l'Agence Uh
Préalablement à l'arrêt du Plan Local d'Urbanisme, un débat est organisé au sein du conseil municipal afin de débattre sur la révision générale engagée. « Cette étape obligatoire permet de renforcer, d'actualiser, de compléter les grandes orientations qui vont déterminer les principes de développement de la commune pour les 10 ans à venir. C'est aussi l'opportunité d'affirmer les priorités qui doivent guider la révision générale du PLU, de soulever des interrogations et fixer des objectifs. Ces échanges peuvent conduire à l'ajustement des axes généraux » déclare Aurélie Ballin, de l'Agence Uh. Assise parmi les conseillers, elle présente « la clé de voûte » des enjeux du PADD établi pour les dix ans qui viennent. Jonzac se trouve à mi-parcours de la procédure, une application étant programmée en janvier 2026. La définition des lignes économiques, écologiques, agricoles et forestières du territoire est importante. A Jonzac, ville au riche patrimoine historique, la zone naturelle se trouve autour de la Seugne, espace à protéger des pollutions. On trouve aussi des surfaces boisées et de nombreuses carrières. « Il s’agit de lutter contre l’artificialisation des sols et renouveler l’urbanisation sans générer d’étalement ». Fini, en effet, ces grands lotissements qui poussaient comme des champignons dans certaines communes ! La cohérence est recherchée.

Une des questions gravite autour de la population. Après avoir décliné jusqu’en 2014, Jonzac a retrouvé une croissance. Le scénario serait de l’augmenter de 0,5%, soit 20 habitants par an et 200 sur dix ans. Jonzac n'échappe pas au vieillissement avec une tranche des plus de 60 ans en augmentation. 

En ce qui concerne le bâti, une offre adaptée de 28 logements supplémentaires par an est proposée. Des études ponctuelles auront lieu sur les hameaux. 

Côté économie, il est préconisé d’insuffler une dynamique au centre ville en attirant des commerces de proximité, d’accompagner l’essor des Thermes et l’activité agricole (en favorisant les ventes directes et le tourisme à la ferme). Un schéma raisonnable, en conséquence, qui ne bouleverserait pas les équilibres mais quid de la célèbre ambition du président de la Communauté de Communes, à l’origine des Thermes, du complexe aquatique des Antilles, du casino, du centre des congrès, et maintenant de la Pépinière aéronautique de Jonzac-Neulles et d’un aérodrome dont le point de ravitaillement est ouvert jour et nuit ?

Claude Belot : Que les maires gardent des marges de manœuvre
Claude Belot : « l’air de Paris souffle jusqu'à Jonzac »

La réaction de Claude Belot ne fait pas attendre : « Aujourd’hui, notre pays pourrait aller mieux pour ne pas dire autre chose, il a besoin de créer des emplois, de développer des entreprises, mais pas autre chose ». Et de citer un exemple où la CDCHS se heurte à la complexité administrative « étant dans l’impossibilité de donner satisfaction à des créateurs d’emplois. A force de donner des empêchements de faire, la collectivité est partie pour dix ans ! ». Il tique aussi sur le nombre d’habitants à Jonzac : « on a donné, il y a quelques mois, des chiffres complètement fous sur Jonzac. Ce sont pourtant les chiffres officiels ! Jonzac a perdu de la population au détriment des communes environnantes, Saint-Martial, Saint-Germain, Saint-Simon entre autres. Le jour où le thermalisme s’est développé, beaucoup de gens ont transformé leurs maisons en logements thermaux, on en compte plus de 500. Cela ne nous empêche pas de vouloir gagner de la population et si elle pouvait atteindre celle d’il y a quarante ans, ce serait bien ». Sur les dispositions du PADD, il émet des réserves : « Même si l’air de Paris souffle jusqu’à Jonzac, il ne faut pas perdre de vue la possibilité de faire du développement en périphérie ; il n’y a rien de plus absurde que de dire "il n’y a pas de bâtiments ou de terrains disponibles pour les activités économiques qui se profilent sur Jonzac". Ce que nous avons sous le coude représente plus de la moitié de ce que nous avions prévu. S’enfermer dans un tel système incitera investisseurs et habitants à partir ailleurs. Il nous faut raison garder et des discussions avec l’administration de l’Etat auront lieu. Les communes doivent garder de l’ambition ». 

Le discours de l’ancien Premier Ministre, Michel Barnier, au congrès de maires, allait précisément dans ce sens : « les maires ne veulent pas qu’on les empêche de vivre ». Christophe Cabri acquiesce : « le nombre d’habitants supplémentaires ne se fera pas uniquement en centre ville, mais par les hameaux. Et il serait dommage de répondre à des entreprises qu’elles ne peuvent pas s’installer parce qu’on n’a pas de place » En centre ville, seuls 4% des logements sont vacants.

• Logements : La station thermale a fermé ses portes. Elle rouvrira le 15 février. Durant deux mois, les studios thermaux peuvent être loués à des touristes. En janvier, plus d'un million de nuitées sont réservées en Haute-Saintonge.

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