lundi 7 septembre 2015

Que révèle la conférence de presse de la stratégie de communication politique du Président de la République ?

Libre expression de Florian Silnicki, expert en stratégie de communication et fondateur de l'agence LaFrenchCom après la conférence de presse donnée par François Hollande lundi matin.


« Trois journaux hostiles sont plus à craindre que mille baïonnettes » Napoléon Bonaparte

Voilà une citation que le Président de la République semble avoir bien en tête. Il veut plaire à la presse. Incontestablement, François Hollande apprécie l'exercice de la conférence de presse devant un seuil de journalistes.
Que retenir de ce grand oral de rentrée de François Hollande ? D'abord, sur le fond, c'est une conférence de presse maladroite. Elle ne le sert pas stratégiquement parce que c'est un exercice conçu pour parler et plaire aux journalistes, pas aux Français.
L'horaire est mal choisi. François Hollande semble brouillon, confus et son propos est globalement trop complexe pour être compris et entendu des Français. Or, du point de vue de l'opinion publique, cette conférence est rendez-vous crucial, car à vingt mois de la présidentielle, la cote de popularité de François Hollande est très basse et rien n'a paru pouvoir y remédier jusque là. Par ailleurs, un sondage Ifop publié hier le donne éliminé dès le premier tour en 2017. Cette conférence de presse révèle aussi que le Président de la République est dans la phase de reconquête de sa stratégie de communication politique.

Cette conférence de presse devant un parterre de journalistes est un tournant, parce qu'elle est est la première conférence de campagne. Le président de la République n'a ainsi pas manqué de mentionner et de faire de nombreuses allusions à 2017. Ne doutons pas d'un point : les communicants de François Hollande seront satisfaits. Mais les Français qui ont besoin d'être rassurés et de savoir où le Président de la République veut mener le pays, eux, ne le seront pas.
Avec cette conférence, François Hollande finit par n’être ni enthousiasmant, ni rassurant. François Hollande a insisté sur la baisse des impôts et sur tout ce qui a été fait au profit des entreprises, car c’est au centre qu’il va essayer de placer le curseur de son positionnement en vue de 2017.
Cela fait 40 mois que François Hollande est à l'Elysée, il n'a pour le moment jamais réussi redresser la barre de sa popularité à l'exception du début de l'année après les attentats terroristes, ce qui confirme que stratégiquement les Français attendent qu'il revête les habits de chef mais, depuis, la défiance est revenue.
Un point important. François Hollande est revenu sur le drame des migrants et un possible engagement militaire. S'il l'a fait, c'est d'abord parce que l'actualité l'impose, mais c'est aussi parce que c'est une opportunité stratégique de communication politique. Ainsi, si ce gouvernement est majoritairement impopulaire, il faut constater que les ministres occupant des portefeuilles régaliens satisfont majoritairement les Français. Ainsi, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian est systématiquement le ministre le plus apprécié. Cela ne peut qu'inciter François Hollande à surfer sur leur action politique. François Hollande semble avoir oublié que la communication politique, c'est d'abord de la politique, et non d'abord de la communication.
A trop parler, ce Président de la République n'est plus écouté. Quand un Président de la République bavarde, le citoyen ne l'écoute plus que d'une oreille distraite. Il est temps que la communication présidentielle soit mise à jour. À l’heure où l'essor des réseaux sociaux ont bouleversé la société, cette conférence de presse apparait en complet décalage avec les attentes des Français et les enjeux de communication politique d'un Président de la République en 2015 ».

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