dimanche 13 septembre 2015

Napoléon et Eva Gourgaud : un couple
richissime et fantasque dont le nom
est intimement lié à l'Ile d'Aix !

Film à découvrir sur France 3, la vie du baron et de la baronne Gourgaud, contée par Marie-Dominique Montel et Christopher Jones. 

La Baronne Gourgaud à l'Ile d'Aix (archives)
Le baron et la baronne Gourgaud : un couple qu'on a envie de mieux connaître ! Napo et Eva pour les intimes. Sur les nombreuses photographies qui les mettent en scène, ils sont jeunes, beaux et insouciants. Que reste-t-il chez Napoléon Gourgaud de l'esprit "militaire" qui animait son aïeul, son arrière grand-père très exactement, quand il accompagna l'Empereur en exil à Saint-Hélène ? Gaspard Gourgaud, en effet, devint le premier aide de camp, puis l'un des principaux mémorialistes de Napoléon 1er auquel il sauva la vie par deux fois.

Leur mariage
Le baron Gourgaud, qui voit le jour en 1881, appartient à une autre époque. Il aime la douceur de vivre, l'effervescence parisienne, l'île d'Aix et l'Afrique dont il s'entiche. Les prises de vue qui a réalisées lors de ses expéditions sur le continent noir (qui nous sont parvenues intactes) constituent un formidable documentaire. Elles démontrent une approche humaniste des peuples qu'il rencontre et révèlent un talent de cinéaste.
Napo est un homme distingué - qui profite de la fortune de sa femme Eva Gebhard, riche héritière américaine épousée en 1917 - doublé d'un explorateur qui conserve ses coutumes et usages délicats en pleine brousse. So british !
Eva a de l'argent, Napoléon appartient à la noblesse d'Empire. Certes moins ancienne et donc moins reconnue que celle issue des croisades, mais tout de même ! Eva cherche à entrer dans cet univers auquel elle n'appartient pas : son mari va lui en ouvrir les portes. De nos jours, ils auraient sans doute les honneurs de la presse people, elle avec sa maison, ses habits et ses objets tout en rose ; lui pour ses voyages lointains et ses recherches d'ethnologue.

Une collection de peintures magnifiques

De leurs goûts communs, l'histoire retient leur attrait pour le monde artistique et surtout pour la peinture. En constituant une superbe collection qu'ils ont ensuite léguée à différents musées (Orsay, Louvre, Centre Pompidou), ils ont encouragé bon nombres d'artistes, aujourd'hui connus et reconnus. Dans leur appartement de la rue de Lille à Paris, ils ont accumulé de nombreuses œuvres (Corot, Delacroix, Ingres, Monet, Renoir, Cézanne, Van Gogh, Seurat, Picasso, Léger, Bonnard, Braque, Matisse entre autres) ainsi que du mobilier et des objets d'art.

La Baronne Gourgaud peinte par Matisse

Possédant un pied à terre dans l'Ile d'Aix, ils sont également à l'origine du musée Napoléon dont ils achètent l'immeuble en 1926. Avec l'aide du baron Coudein, ils y rassemblent des meubles et témoignages de l'époque napoléonienne ainsi que des souvenirs de l'Empereur, enrichis d'archives et d'effets personnels.
Le musée ouvre au public le 1er juillet 1928. Il est inauguré en septembre en grande pompe par Edouard Herriot, ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts. Un film d'époque retrace cet événement et l'on y voit Eva faire un signe de la main au caméraman !
En 1939, l'immeuble est légué à l'État en même temps que le couple se porte acquéreur de la plupart des maisons du village pour y loger des habitants.
Le musée africain, quant à lui, ouvre ses portes en 1933. Il réunit les collections issues des safaris africains de Napoléon l'intrépide qui chassa, dit-on, avec le baron suédois Bor Blixen. Il abrite une curiosité, le dromadaire d'Arabie du général Bonaparte lors de sa campagne d'Egypte.

Le baron Gourgaud a immortalisé l'Afrique à travers plusieurs films


Jusqu'à la fin de sa vie, Eva a été la généreuse bienfaitrice de l'Ile d'Aix « ce petit coin de paradis ». Elle s'occupe en particulier des enfants, elle qui malheureusement n'a pas pu en avoir. Malgré les apparences, le couple avait ses secrets ! Cependant, une chose est sûre (et leur correspondance le démontre) : ils avaient une réelle affection l'un pour l'autre.
Maire de l'ile d'Aix de 1932 à 1937, le baron Gourgaud a été jusqu'à sa mort, en 1944, un membre assidu de l'association des Charentais de Paris « La Cagouille », association qui existe toujours.
Eva s'est éteinte quinze ans plus tard, le 14 juillet 1959. Dans l'Ile, on se souvient d'elle, de sa gentillesse et ses extraordinaires yeux bleus…

En le tirant de l'ombre, Marie-Dominique Montel et Christopher Jones ont donné à ce couple de la Belle époque l'éclairage qu'il mérite.

• Film à découvrir sur France 3 mercredi 16 septembre à 0 h 15 et samedi 26 septembre à 15 h 25.

• Témoignages : Serge Volker, historien, spécialisé dans les expositions coloniales ; Bernard Blistène, directeur du Musée d'art moderne de Beaubourg ; Olivier de Rohan Chabot, président de la Sauvegarde de l'art français ; Christophe Pincemaille, directeur du musée Napoléon de l'Ile d'Aix, chef historien de La Malmaison ; Bertrand Coudein, président des Amis de l'Ile d'Aix et Louis de Rohan Chabot, président du Club de la chasse. 

• Présentation du film en avant-première au cinéma Rex de l'Ile d'Aix en présence d'Alain Chollon, directeur de France 3 Poitou-Charentes, de Pascal Perennès de Poitou-Charentes cinéma (structure liée au conseil régional qui a soutenu le film ), du maire de l'Ile d'Aix Alain Burnet, aux côtés de Marie Dominique Montel (par ailleurs directrice de l'Académie de Saintonge) et de Christopher Jones.




• Autant l'écrivain Gabriel-Louis Pringué est agréable avec le baron Gourgaud, autant il est relativement critique pour sa femme (pour des motifs discutables)  : « Le baron avait épousé une américaine exceptionnellement bonne et gentille, serviable et amicale, mais qui s'habillait comme on se déguise. Elle semblait toujours de rendre à un bal costumé »

• L'artiste Marie Laurencin qui l'immortalisa est plus nuancée : « J'ai presque terminé le portrait de la baronne Gourgaud. Ce me fut difficile, ce n'est pas mon genre, c'est une Américaine, elle est tout en dents et son corps est sec. Mais quand on la connait, on voit qu'elle est bonne; elle est si robuste qu'elle a besoin de beaucoup de joies, beaucoup de monde et, c'est curieux, elle a un petite âme religieuse ».

• Portraits du baron et de la baronne Gourgaud par le peintre Manuel Angeles Ortiz



•  En 1947, a vu le jour la Fondation Eva Gebhard-Gourgaud dont le but est de préserver le patrimoine culturel. La Galerie Gourgaud à Cranbury dans le New-Jersey aux USA dépend du Cranbury Arts Council et propose chaque mois une nouvelle exposition avec la réception d'un artiste.

L'Ile d'Aix garde le souvenir d'Eva et Napo ! (© Nicole Bertin)

1 commentaire:

becqué daniel a dit…

une occasion à ne pas manquer!
aucune voie de l'ile ne vient rappeler l'existence d"eva" le machisme inavoué mais permanent en est surement la cause involontaire.
une "promenade" à son nom ne serait pas très onéreuse ...
et une occasion de prendre langue avec sa famille d origine