Victime de la division Copé/Fillon, l’UMP traverse une crise grave. Ses jours seraient-ils comptés ? François Fillon, en effet, a décidé de prendre de la distance en créant « Rassemblement UMP ». Un troisième personnage - et pas des moindres - suit les événements avec attention, Nicolas Sarkozy. La situation pourrait sortir de l'impasse la semaine prochaine si Copé et Fillon s'accordent sur la date du prochain vote. Après les municipales de 2014, comme le propose Copé, semble irréaliste.
Alors que dimanche dernier, la médiation avec Alain Juppé a accouché d’une souris, l’UMP a été le théâtre d’un énième rebondissement mardi matin. Dans une intervention minutieusement préparée, François Fillon a annoncé la couleur. Non seulement, il a contesté les conclusions de la commission nationale des recours (baptisée Conar, quel sigle !), mais il a créé un nouveau groupe à l’Assemblée nationale « Rassemblement UMP ». Publiée au Journal Officiel, cette formation regroupe 70 députés environ. Conséquence, le groupe UMP est maintenant divisé en deux !
« Tout nous poussait à claquer la porte » a déclaré François Fillon. À son sens, la seule perspective envisageable, d’ailleurs en phase avec l’opinion publique, serait qu’un nouveau vote, résultant d’un référendum interne, ait lieu d’ici quelques mois. Dans l’attente, la direction de l’UMP serait assurée par une direction collégiale.
« Il est temps de sortir de cette mascarade par le haut. La transparence est plus que jamais nécessaire » a-t-il souligné. La riposte n’a pas été longue. Jean-François Copé n’est pas du tout favorable à un référendum. Il a été élu et n’entend pas remettre en cause ce vote.
Face à ces rebondissements, la lassitude s’installe chez les militants. Avec un tel show quotidien, l’UMP s’abîme et les deux leaders risquent fort d’en pâtir. Que François Fillon - prétendant comme Jean-François Copé à la prochaine présidentielle - avance de nouveaux pions sur l’échiquier paraît stratégiquement logique. S’il perd pied dans cette affaire, tout espoir d’atteindre l’Élysée s’envolera. Pour exister, il doit rester sur les planches et occuper la scène. Il n’en reste pas moins que son adversaire, élu selon les statuts du parti, est campé sur ses positions. Pourquoi quitterait-il les commandes qui lui ont été confiées ? Dimanche, il a fait un pas en proposant un nouveau vote après les Municipales de 2014. « Trop loin » riposte le clan Fillon.
Pour arbitrer cette fâcheuse situation, Nicolas Sarkozy n’a pas oublié qu’il a été le président des Français. Que Copé reste à la tête de l’UMP pourrait lui convenir s’il revenait « au bercail ». Ayant toujours gravité dans les sphères politiques, on le voit mal se confiner dans le rôle d’éternel conférencier ! Fillon, qui le connaît bien, a tout à craindre de son come-back d’autant que l’ex-Président les menace, lui et Copé, d’une lettre ouverte plutôt acide. Il leur a donné un ultimatum pour sortir de la crise : mardi prochain...
Dominique Bussereau adhère au groupe Fillon
Le député de la circonscription Royan/Jonzac avoue être « effroyablement déçu » face aux déchirements quotidiens qui opposent Jean-François Copé et François Fillon. « C’est d’autant plus pénible que je fais partie des précurseurs de l’UMP » avoue-t-il.
À l’Assemblée nationale, l’ambiance est toujours tendue et l’on se croirait dans le film « Règlement de comptes à OK Corral » !
Mardi, après l’annonce de la création d’un nouveau parti par François Fillon, Dominique Bussereau s’est donné un temps de réflexion : « Rejoindre Rassemblement UMP sera forcément lourd de conséquence » disait-il. Il a finalement choisi d’y adhérer parce que « ce groupe a vocation à être dissous si l’on revote ». Pour lui, il n’y a pas d’autre solution pour sortir du bourbier : « Nous sommes nombreux à le penser. Les résultats sont trop justes et font apparaître une très mauvaise organisation. Les assesseurs doivent être formés. Même le président d’une société de boulistes est élu dans de meilleures conditions ! ».
Il y a parfois des choses qu'on ne voudrait pas voir. Dominique Bussereau est effroyablement déçu par les querelles qui divisent l'UMP. |
Didier Quentin, son voisin de Royan, a choisi quant à lui de rester dans l’UMP « canal historique ».
« Nous sommes en colère »
• David Labiche, secrétaire départemental adjoint de l’UMP de Charente-Maritime admet que la guerre entre Fillon et Copé dépasse l’entendement. Et il exprime son mécontentement : « On les voit s’étriper, je ne comprends pas. L’UMP a des règles, des statuts à respecter. Personnellement, je ne suis pas plus pour l’un que pour l’autre. Les deux sont ambitieux, ils veulent se présenter à la présidentielle. Ceux qui pâtissent de la situation, ce sont les militants. L’UMP ne s’arrête pas à deux dirigeants. Le parti existait avant eux et il existera après. Les gens s’agitent. Ils nous font part de leur colère mais pour l’instant, aucun n’a remis sa carte. Je pense que l’horizon va s’éclaircir. Il y a plusieurs hypothèses dont celle d’admettre que Jean-François Copé est le vainqueur de cette élection. »
• Danièle Poireau, déléguée de la quatrième circonscription qui s’étend de Saint-Aigulin à Saint-Georges de Didonne, est elle aussi dans l’attente d’une décision qui mettra fin aux querelles. « Je suis vraiment désolée de voir ces deux hommes s’entredéchirer. Qui a tort, qui a raison ? Il faut tout mettre à plat et repartir à zéro. Je pense qu’il faudrait retourner aux urnes avec des candidatures nouvelles, Xavier Bertrand, Bruno Lemaire par exemple. Fillon et Copé ne sont plus crédibles. Sarkozy ne doit pas revenir actuellement. Comme le dit Jean-Pierre Raffarin, quand on a occupé une fonction importante, on ne doit pas prendre de risques inutiles. C’est trop tôt. Malgré ce contexte difficile, aucun adhérent du secteur n’est parti en claquant la porte. Il y a moins d’animosité dans les secteurs ruraux que dans les grandes villes ». Et de rappeler la différence entre militants, personnes favorables au mouvement et adhérents, membres à jour de leur cotisation.
• Jeanne Journolleau, responsable du secteur de Jonzac, est irritée par le spectacle qu’offre l’UMP : « C’est bête. Tout le monde me dit : mais que se passe-t-il chez vous ? Personnellement, je garde confiance en François Fillon. Il a été correct avec Juppé. Je trouve l’attitude de Copé plus discutable. Pour l’instant, les adhérents sont peinés par les événements, mais aucun n’a annoncé son départ officiel. On finira bien par y voir plus clair ! ».
• Ce qu’espère un autre Jonzacais, Pascal Hannoyer : « Au départ, j’étais plutôt pour Fillon, mais il a été mauvais perdant en remettant en cause les règles du jeu. Il a fait la même chose aux législatives. Apprenant qu’il serait battu dans la Sarthe, il s’est présenté dans le VIIe arrondissement de Paris. Quoi qu’il en soit, il est grand temps que l’UMP retrouve l’apaisement ».
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