Je t’aime, moi non plus. L’après Sarkozy est dur à l’UMP où la guerre des chefs ne fait que commencer. Dimanche dernier, Jean-François Copé a été élu président après rebondissement. Mercredi, on a appris que François Fillon serait peut-être le vainqueur…
On se croirait revenu au congrès de Reims quand Ségolène Royal contestait l’élection de Martine Aubry. Il est des moments où le cœur se brise. Ce jour-là, la présidente de la région Poitou-Charentes, ex-candidate à la Présidentielle, pressentait le chemin jonché d’embûches qui s’ouvrait devant elle.
Dans la version présidence de l’UMP, François Fillon a vécu une aventure aussi douloureuse. Quelle drôle d’idée que les sondages l’aient annoncé vainqueur, Jean-François Copé ne valant pas un kopeck d’après les mêmes sources ? Dimanche soir, quand le dépouillement a battu son plein, la presse nationale qui, jusque-là, ne semblait pas hautement intéressée, s’est emparée du sujet. Et pour cause, l’affaire devenait médiatique puisqu’il y avait litige entre les candidats, les deux s’accusant mutuellement de malversations. Bourrage d’urnes d’un côté, plus d’enveloppes que d’inscrits de l’autre. Avouez qu’on a fait mieux pour une grande première Primaire !
Opération de vote à Pons en Charente-Maritime |
Et l’on a vu resurgir Nadine Morano, la playmate du casting, assurer que son Copé à elle avait décroché la palme tandis que, dans le camp adverse, Valérie Pécresse, l’ancienne reine des universités, faisait preuve de retenue.
Après comptage et recomptage, c’est finalement François Copé qui l’a emporté d’une très faible avance. François Fillon a accusé le coup. Valises sous les yeux puissance 10.
Mercredi, changement de décor. La commission se serait trompée. Elle aurait oublié d’ajouter les voix des trois fédérations de Wallis et Futuna, Mayotte et la Nouvelle Calédonie. Une paille.
Fillon devancerait finalement son adversaire avec 88004 voix.
Plus d’une centaine de députés UMP ont alors réagi en demandant une direction collégiale assurée par une personne neutre, Alain Juppé, maire de Bordeaux. Lequel, n’étant pas maso, a déclaré qu’il voulait l’approbation des deux camps (si tout va bien, il devrait recevoir les deux chefs de file dimanche 25 novembre).
Copé a riposté en parlant de mensonge, de spectacle désolant et du besoin de retrouver de la hauteur. Une façon de dire : j’y suis, j’y reste. Et il souhaite une clarification des résultats de la région de Nice. Enfin, Patrice Gélard, président de la Cocoe, a conseillé à François Fillon, qui ne veut plus présider l’UMP, de prendre la voie du recours…
Copé en tête dans le département
En Charente-Maritime, Jean-François Copé est arrivé en tête devant François Fillon. Sur la quatrième circonscription Jonzac/Royan, le score était très serré. Deux bureaux de vote étaient ouverts aux adhérents, soit plus de 700. Sur le bureau de Pons qui regroupait les cantons de la Haute-Saintonge, Jean-François Copé a obtenu 98 voix contre 93 à François Fillon ; sur le bureau de Saint-Georges de Didonne, qui accueillait Royan Est, les cantons de Cozes et de Gémozac, Jean-François Copé a totalisé 135 voix contre 133 à François Fillon. Soit un total de 233 voix à J.F. Copé qui devance F. Fillon (226). Le taux de participation se situe entre 55% et 58%.
Comment l’UMP recollera-t-elle les morceaux dans les mois à venir ? Les 134 députés du courant Fillon vont-ils quitter le navire privant ainsi l'UMP d'une manne financière indispensable à son fonctionnement ? Que fera la grande mouvance des centristes qui ne veulent pas vendre leur âme au diable en se rapprochant d’une droite dure proche de Marine Le Pen ? Voilà bien les questions. Quels seront les nouveaux équilibres dans deux ans, date des prochaines échéances électorales ?
Attendre et voir, dit-on…
A Pons, M. Gaudin, Danièle Poireau, Jeanne Journolleau et M. Poireau ont tenu le bureau de vote dimanche dernier |
Réactions
• Dominique Bussereau, président UMP du Conseil général :« Un vote terni par le vaudeville de dimanche soir » « Le vote en lui-même est une réussite. La Charente-Maritime compte 3 571 adhérents. 2 163 ont voté et l’on a même enregistré 120 renouvellements de cartes. Les gens se sont donc déplacés, même si les habitants de Montguyon ont été obligés d’aller à Pons et ceux de Gémozac à Saint-Georges de Didonne. Les opérations de vote ont été contrôlées par huissier. Ce dynamisme a été terni par le vaudeville que nous avons eu sous les yeux dimanche soir. Le fait que chacun des candidats s’attribue la victoire et dénonce des malversations a provoqué un effet détestable. Maintenant, il faut absolument que Jean-François Copé et François Fillon travaillent ensemble. Durant la campagne, on a vu deux courants s’opposer. Si les militants ont voté Copé, c’est qu’en période d’opposition, ils veulent en découdre. L’attitude de Copé, qui semblait plus offensive face à un Fillon humaniste, leur a semblé la meilleure. Toutefois, l’UMP ne peut incarner qu’une droite dure. Elle doit aussi regrouper les centristes ».
• Qu’en pense l’UDI, le Nouveau Centre de Jean-Louis Borloo ?
L’un des fondateurs de ce nouveau parti auprès de Jean-Louis Borloo, le centriste Xavier de Roux, maire de Chaniers, fait part de ses impressions : « Nous avons observé ces élections avec une certaine surprise. Nous savions, pour avoir quitté l’UMP, que la droitisation de ce mouvement était en marche comme d’ailleurs la droitisation de la société française en général. Notre analyse était donc juste. Jean-François Copé a pris un chemin politicien alors qu’il faut au pays de l’équilibre, du calme et de la réflexion. Il a décidé d’enfourcher un cheval de guerre dans le style de son prédécesseur et peut-être avec un talent différent. Il est certain que les cicatrices au sein de l’UMP auront du mal à se refermer à moins que Copé n’accueille, à la direction du mouvement, une partie de l’équipe Fillon. Mais ce n’est pas notre affaire. Nous pensons de plus en plus que la partie centriste, prenant en compte clairement et sereinement les évolutions de la société française - et donc ses besoins réels - est absolument nécessaire. On voit les limites du dogmatisme socialiste et le populisme monter à droite. C’est donc la troisième voie, celle que rejoindra peut-être Hollande, qu’il convient d’emprunter ».
• Jean-Marc de Lacoste-Lareymondie, secrétaire départemental du Front National
« Après le parti socialiste, l’UMP donne une image épouvantable aux Français. On pourrait en rire, si c’était risible ! Le Front National parle évidemment d’une autre voix. Vous allez dire que nous nous servons de cette affaire pour tirer la couverture à nous, mais une réalité s’impose. Depuis trois jours, des militants, déçus de l’UMP, adhèrent à notre parti. Ce flux a commencé avec l’arrivée à la présidence de Marine le Pen et il ne se tarit pas. La base de l’UMP, qui est de plus en plus droitière, ne se reconnaît pas dans le message de ses dirigeants. Et, s’il ne peut y avoir d’accord entre les instances de l’UMP et celles du Front National pour l’instant, des alliances aux prochaines élections seront possibles sur le terrain. Nous tendons la main ! Je rappelle également que lors de nos propres élections à la présidence, Bruno Gollnisch s’est incliné avec élégance ».
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