dimanche 18 novembre 2012

François Migeat : D’Aimé Césaire
aux rives de la Charente


Homme de cinéma installé en Charente-Maritime, François Migeat a publié son premier roman en 1996. Le dernier en date « L’étoile du marin » conduit le lecteur de Hambourg au Brésil, des Caraïbes à l’Estonie à travers des périples maritimes, des aventures portuaires, des amours et des rencontres…

Le soleil darde ses rayons sur Taillebourg. La journée, radieuse, est une offrande du ciel avant l’arrivée des frimas. François Migeat regarde la Charente. Immense à cet endroit, la quiétude du fleuve est à peine troublée par un bateau qui passe.
Cet élément liquide, François Migeat le connaît bien. Il a grandi dans l’Île d’Oléron et c’est sûrement la mer, parfois tumultueuse au large de Vertbois, qui est à l’origine de sa première vocation. Très jeune, il entre dans la Marine Marchande et commence le voyage. L’Europe, l’Afrique, le Mozambique, Dakar. « J’ai rencontré d’autres cultures. Sur les cargos, nous embarquions des machines, parfois même des locomotives. Au retour, nous rapportions du bois, du café, du cacao ». Il aurait bien continué à naviguer si ses positions antimilitaristes, à une époque où il n’était pas conseillé de les afficher, ne lui avaient fermé des portes. « Ce n’est pas grave. Je vais faire du cinéma ! » se dit-il. Il devient photographe et se lance dans le film amateur. C’est alors qu’un réalisateur, remarquant l’un de ses courts-métrages, le fait travailler. Il a glissé un pied dans l’étrier et jure qu’il ne tombera pas de sa monture ! Jugez-en  : il a participé à une bonne centaine de films, fictions, publicités, reportages politiques et ethniques en France, Afrique, Amérique du Sud, aux Antilles et dans les Pays arabes. Parallèlement, il a écrit pour le café-théâtre, le théâtre et œuvré comme assistant metteur en scène.

François Migeat (à droite) aux côtés de Didier Catineau, directeur de collections chez Tami Editions
L’un de ses meilleurs souvenirs se situe dans les Caraïbes où il avait répondu à l’invitation d’Aimé Césaire. « J’ai été l’initiateur des premiers films antillais en Martinique » explique-t-il. « Je me souviens que nous fumions des cigares que lui offrait Castro ! Je suis resté plusieurs mois là-bas. Césaire me fascinait. Il y avait deux hommes en lui, le poète bien sûr, mais aussi l’homme politique. Il était maire de Fort-de-France. Très tôt le matin, les gens faisaient la queue devant sa porte ». Dans l’un de ses documentaires, « Le sang du flamboyant » (qui a inspiré une bande dessinée), il raconte l’histoire de René-Louis Beauregard, employé sur la propriété d’un béké dans les années 1940. Ayant appris que sa femme le trompait avec son patron, il le tua avant de s’enfuir. Il défia la gendarmerie pendant sept longues années, dit-on, avant de retourner son arme contre lui, plutôt que de se laisser arrêter. Une telle histoire ne pouvait pas laisser François Migeat insensible !


Du cinéma à l’écriture 

Pendant sept ans, François Migeat a été chargé de cours de cinéma à l’université de Jussieu Paris VII. Dans les années 1990, il s’est tourné vers l’écriture. Des bandes dessinées, puis des romans : Bourlingages en 1996, Et ton nom sera Vercingétorix en 2006 chez Robert Laffont, L’Espion du Pape en 2009 (coécrit avec Philippe Madral), Ça tourne Vinaigre en Saintonge en 2010, édit. Écritures, El incredible señor Juju en 2011. Le dernier en date « L’étoile du marin » est paru aux éditions la Découvrance.
Partant de La Rochelle, le capitaine Sterne va braver la peau du diable, le nom que les marins donnent à la mer. Sterne comme l’oiseau qui accompagne les navigateurs ! Au travers de romans d’aventure, François Migeat recherche l’évasion. Courageux, ses héros ont du caractère. Comme ces paysans croisés sur le chemin de l’école quand il était petit garçon : « Je n’ai jamais oublié l’un d’eux. Il faisait son pain, parlait peu. En paix avec lui-même, il disait qu’il pouvait mourir tranquille car il n’avait jamais volé un sou à personne. Sa manière à lui de dire qu’il respectait les autres ».
Cette façon de voir la vie, à la fois simple et authentique, François Migeat l’applique dans son quotidien. Et s’en inspire quand il prend la plume ! Il sera présent au salon du livre de La Rochelle, dimanche 9 décembre prochain et à Thénac, les 23 et 24 mars 2013.

Homme libre, toujours tu chériras la mer...
• L’étoile du marin de François Migeat

Fuyant la folie meurtrière en Afrique, Sterne se retrouve dans le seul endroit au monde où il avait juré de ne plus remettre les pieds. Ce port de La Rochelle, qu’il avait quitté sept années auparavant. Des souvenirs douloureux se réveillent. En compagnie de deux marins aux parcours étranges, soutenu par Stella, la Maltaise, capitaine du bar « L’Étoile du Marin », il embarque finalement pour le voyage de la dernière chance, sur un navire aux états de service aussi effrayants que son nom, le Cerbère. Marin perdu à terre, voyageur maudit comme le Hollandais Volant, qui avait été condamné à errer sur les mers pour l’éternité jusqu’à ce que l’amour d’une femme lui accorde la rédemption, Sterne, ses compagnons et leur vieux remorqueur affrontent l’infortune avec mille et une péripéties pour enfin trouver le bonheur.

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