Deux artistes, Rebecca Louise Law et Ayline Olukman, donnent vie au Jardin Secret de la Maison des Douanes. Un Eden originel qu’elles dédient à la nature, à la sensibilité qu’incarnent leurs œuvres respectives, tableaux évocateurs du jardin initial. Ces Eve d’un paradis réinventé chantent un hymne à la création que le public aura plaisir à partager
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| A la découverte du jardin secret (tableau d'Ayline Olukman) |
Jusqu'au 5 novembre, la Communauté d'agglomération Royan Atlantique présente à Saint-Palais sur Mer l’exposition "Un jardin secret" née de la rencontre entre deux artistes anglaise et française de renommée internationale.
200.000 fleurs en expo
En découvrant les longues suspensions florales qui habillent l’espace de la Maison des Douanes, tels des filaments ornant le firmament, le visiteur s’interroge sur les compositions de Rebecca Louise Law. Doit-il réinitialiser ses critères ? Grâce à elle, il ne regardera plus les fleurs fanées comme avant !
L’artiste répond d'aimable façon à Pierre de Ronsard qui écrivait dans son célèbre poème à la rose : « Las, voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place ses beautés laissé choir, ô vraiment marâtre Nature, puisqu'une telle fleur ne dure que du matin jusqu’au soir ». Pourquoi, en effet, ne faudrait-il retenir que l’aspect premier des fleurs quand leur altération apporte une autre dimension ?
Ayant grandi dans la campagne anglaise, Rebecca Louise Law a été bercée par Dame Nature qui l’a élevée dans un havre de paix qu’elle offre en exposition. Détérioration, transmutation, exploration sont au centre de sa recherche. Rien ne se perd, tout se transforme pour une seconde interprétation. Non pas pour les écarter, voire les détruire, mais apprécier ces végétaux qui, une fois récoltés avec soin, séchés dans la pénombre et apprêtés grâce à un fil de cuivre invisible qui les relie, composent une aube nouvelle. Celle d’une évolution invitant à la méditation : loin des corolles éclatantes qui trônent dans les vases, ces fleurs métamorphosées écartent le monde des apparences, si propice à chasser les idées non reçues.
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| Rebecca Louise Law et Ayline Olukman |
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| Un océan de fleurs séchées |
Vie flétrie ne veut pas dire que l’histoire se finit. L'artiste éclaire l’envers du décor, celui qui suscite l’imagination, encourage la patience et éveille le silence. Une sorte d‘immortalité où la matière maîtrisée a été apprivoisée. D’ailleurs, les organisateurs ne s’y sont pas trompés en proposant au public qui le souhaite de s’allonger sous les compositions et de méditer « sans la pression du temps »…
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| Prendre son temps, méditer dans ce jardin extraordinaire... |
- Car si tu veux faire une halte en chemin, rien ne t’y empêche. Tu appartiens à la nature qui t’entoure et t’accueille en son sein.
Ce sein complète la démarche de Rebecca Louise Law par une série de réalisations en verre de l’utérus s’étirant à mesure que l’enfant grandit dans le ventre de sa mère : « Lieu secret ou les secrets des femmes, une célébration de la merveille du lieu intime d'où chacun naît ».
Affirmer son regard féminin
Combinée en une savante alchimie, la palette d’Ayline Olukman est composée de photographies, de toiles, d’écritures et de dessins. En hommage à la femme et à la nature, elle peaufine les détails, donnant aux ambiances une élégance épurée. Chaque tableau est une scène ouverte sur l’intimité. Dans sa région de naissance, Strasbourg, au Costa Rica ou bien encore à Saint-Palais sur Mer, les arbres, la verdure, les ciels, l'atmosphère sont d’ici et d‘ailleurs. La Terre devient multiple et les personnages qui apparaissent semblent habiter un paradis oublié. Une naïade, qui flotte sur l’onde, rappelle ce liquide nourricier où nous prenons vie. Ici, la pesanteur n’existe pas, ô temps, suspends ton vol ! Un cygne, immaculé de blanc, surgit d’une végétation luxuriante.
« Quelques jours après notre première conversation avec Rebecca, j'ai visité le musée de l'Orangerie à Paris. Instinctivement, mes pas m'ont portée vers le tableau Les Nymphéas de Claude Monet. J’ai pensé à notre collaboration et à notre envie commune d'exprimer la sensibilité féminine. Nos deux univers y étaient présents ; la suspension du feuillage, les reflets de l'eau, la sensualité et une sensation d'emprise par la force de la nature. J’y ai trouvé l'inspiration et une profonde sensation de sérénité, le sentiment le plus puissant qu'un artiste puisse offrir à son public » explique-t-elle.
Certains sujets, herbiers, coquillages, soigneusement réunis, font penser à un cabinet de curiosités, sous le regard angélique d’une Madone. Les œuvres ressemblent aux voyages dont elle a rapporté des empreintes. Elle les a immortalisées comme les oiseaux du ciel qu’on voit à l’entrée de l’exposition. « J’ai voulu rendre visuelle l’énergie fluide qui constitue l’homme, l’espace et les souvenirs. Un univers profond de l'être où s'épanouissent les sentiments, les passions et les rêves tenus cachés ».
La fenêtre est entrebâillée, laissez-vous tenter...
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| Les oiseaux du ciel |
Exposition organisée par la Communauté d'agglomération Royan Atlantique
• Rebecca Louise Law et Ayline Olukman ne se connaissaient pas. Leurs correspondances et leurs sensibilités artistiques offrent une véritable concordance :
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| Ouverture de l'exposition vendredi dernier |
« La vulnérabilité de la nature dans son état transitionnel a toujours été une source d'inspiration pour moi et je peux également la percevoir dans tes installations. La sensibilité intérieure que la matière en décomposition offre à voir a tellement à dire » AO
• 27 octobre 2022
« Le cycle de la vie est partout, c'est la nature. La mort, c’est beaucoup de choses, mais en regardant les fleurs, j’ai découvert que le sublime pouvait se trouver à cet endroit, juste après la vie et avant que la fleur ne se transforme en poussière. Lorsque j'imagine mes installations, j'essaie de créer des espaces qui ralentissent le temps. Des lieux pour s'arrêter, se soigner et observer. Dans ce cycle, j'aime explorer l'endroit entre la vie et la mort. Le lien physique que tu as avec la nature ressemble à ce que j'essaie de capturer dans mes installations, l'idée d’être cocoonée dans la nature. Tes images de peau effleurant l'eau me rappellent ce lien primaire que nous avons avec la nature, en tant qu’êtres humains » RLL
• I5 novembre 2022
« Je regarde en arrière et je vois, à travers l'histoire, toutes les femmes qui se sont sacrifiées pour que nous ayons cette place à notre époque. En tant que femmes, nous traversons, au cours de notre vie, différents niveaux de changements naturels, parfois brutaux. Nous devons toutes nous adapter pour continuer à vivre. Je crois que nous sommes toutes belles à chaque stade de la vie, comme je crois qu'une fleur est belle à chaque étape elle aussi » RLL
• 23 novembre 2022
« Dans la société patriarcale dans laquelle nous vivons, il est vraiment important en tant qu'artistes féminines d’affirmer notre regard pour façonner différemment l’idéalisation traditionnelle de la beauté. J’ai compris l'importance de mûrir ma vision de la beauté, plus sauvage et indomptée. Comme toi, je crois qu'une fleur est belle à chaque étape » AO
• Es-tu une vraie fleur bleue ?
Cette question est la réponse d’Emmanuelle Messier et Fanny Bouchet - architectes de l'atelier BYME - à l'exposition de Rebecca Louise Law et Ayline Olukman. Des lettres sont campées dans le jardin, devant les eaux de l’estuaire, non loin du fameux sentier des douaniers qui serpente entre flots et rochers. Un clin d‘œil aux femmes qui gardent en leur cœur... un jardin secret !
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| Emmanuelle Messier et Fanny Bouchet |
• Formée aux Beaux-Arts à l’Université de Newcastle en Angleterre, Rebecca Louise-Law travaille avec des matériaux naturels : chaque fleur est sélectionnée avec soin. Environ 200.000 fleurs (iris, roses, coquelicots, pivoines, hortensias, limonium, etc) ont été utilisées par l'artiste pour son installation à Saint-Palais sur Mer, dont 12 à 15000 cueillies localement. Pommes de pin, bois flotté ont aussi été collectés dans le jardin ou aux abords de la Maison des Douanes, ainsi que du mimosa dans les jardins de nombreux bénévoles. Une soixantaine d’entre eux ont participé à leur patient assemblage.
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| L'assemblage des fleurs : quel travail ! |
• Rebecca Louise-Law : « Préserver, apprécier, célébrer et partager la beauté de la Terre avec le monde, c’est ce qui me motive »
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| La Maison des douanes (tableau d'Ayline Olukman) |
La beauté, la fragilité, la vulnérabilité et le cycle de la nature s'invitent à l'intérieur de la Maison des Douanes, offrant une déambulation méditative et immersive, propice à l'observation, l'apaisement et la sérénité. Chaque artiste révèle à travers installations florales monumentales, toiles, photographies ou encore sculptures, sa définition du jardin secret.
• Autour de l'exposition, visites commentées, ateliers enfants, adultes (nombreuses animations) : www.agglo-royan.fr
Ouverture tous les jours, sauf le mardi hors vacances scolaires de 14 h à 19 h 30. Entrée : 2€ - Gratuit pour les moins de 16 ans. Maison des Douanes 46 rue de l'Océan 17420 Saint-Palais-sur-Mer - Tél : 05.46.39.64.95 - Facebook : MaisondesDouanes.
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