Exposées à Jonzac, au cloître des Carmes, les œuvres de Marc Platevoet ont retenu l’attention. Elles semblent dire au visiteur : « Viens, je t’invite dans le lieu où nous prenons vie. Vois notre berceau ». La maison où elles naissent ne peut être que lumineuse et l’atelier un brin secret. Les personnages qu'imagine cet artiste sortent d'un monde parallèle. Un monde que nous avons croisé dans les contes, les rêves. Qu’importe l’interprétation pourvu que l’émotion soit au rendez-vous…
Marc Platevoet dans son atelier |
Marc Platevoet a installé son atelier en Charente. Dans un village qui sourit au soleil dès que le printemps revient. Un beau jour, après avoir été éducateur, il a mis « le doigt dans la sculpture », une passion qui l’habitait depuis des lustres. Depuis, il crée des personnages qui s’inscrivent dans la fantaisie du mouvement. Sirènes tractant des hippocampes, elfes qui bravent les flots en clin d’œil au covoiturage, Elégante en Tour Eiffel, lampe au cœur lumineux, rhinocéros à roulettes, musique en chemin. Et tant d’autres créatures, animaux, oiseaux, poissons, végétaux ! De bronze composées, ces figures, qui privilégient esthétique et humour, appartiennent à l’imaginaire. Elles s’harmonisent autour de la terre, de l’air, de l’eau et du feu que l’artiste réunit en son atelier.
La coulée du bronze, qui s’est déroulée l’autre samedi, assemblait ces "éléments" indispensables à la naissance d‘une œuvre : la conception de la future sculpture, la préparation pour son entrée dans l'antre de Vulcain ; une chauffe des matériaux initiaux (plus de 90 kg de cuivre et d’étain) selon un processus minutieusement codé, puis l’extrême chaleur à 1200 degrés, le creuset en graphite, l’élément incandescent qu'il abrite déposé dans les formes et enfin l’apaisement, autrement dit le refroidissement et le durcissement qui donnent vie à la pièce avant la touche finale qu'apporte l'artiste avec la patine. Tout se transforme : nous en avons eu la démonstration lors de cette opération qui nécessite une vraie dextérité : le creuset, une fois sorti de son habitacle ardent, pèse 80 kg ! Des amis de l’artiste, habillés de vêtements de protection, accomplissent cette tâche délicate qui consiste à verser la matière en fusion dans chaque moule.
La fusion des métaux, rodée depuis des siècles, obéit à des règles strictes. Il fait chaud autour du four et la tension est extrême. Une fois les étapes accomplies, Marc Platevoet respire et explique les techniques : « En cire, les sculptures sont creuses au départ. Puis viennent les étapes que vous avez vues avec la coulée du bronze qui leur donnera forme. Extraites de leurs moules respectifs, elles feront l’objet d’une patine et d’un polissage ». Autrement dit, entre le projet initial et l’œuvre finale, un certain temps se sera écoulé ! « J’expose depuis des décennies. Je pourrais faire des bronzes comme on en voit dans les grands musées, en m’inspirant du XIXème siècle par exemple. Ce n’est pas ce que je recherche. L’inspiration me vient comme ça, c’est mon univers. Je ne peux pas me contenter de faire un cheval sans qu’il ne soit accompagné ! ». Les créatures naissent de l’idée que son concepteur a en tête. Avec patience, il cherche la mise en scène que ses doigts façonneront. Son travail est avant tout un plaisir qu’il offre aux visiteurs.
Coulée du bronze |
Manœuvre délicate |
Marc Platevoet laisse toujours ouverte la porte de la création. Avant le paradis perdu ou une autre dimension ! Les personnages s’animent naturellement dans son esprit jusqu’à trouver leur aboutissement. La vie n’est-elle pas de réserver des surprises ? Ses voyages à lui sont intérieurs, ils lui permettent de s’évader et stimulent son inventivité. Son inspiration n’est pas celle des maîtres qui l'ont précédé. Elle est tout simplement là, dans la nature de sa demeure fleurie. Elle évolue à sa guise, sans faire de bruit et ne demande qu’à serpenter sur d'autres sentiers en suscitant de nouvelles audaces. Ainsi va la constante évolution. Parce que, contrairement à celle des volcans qui finit par se figer, cette lave reste en éveil. Dès lors, il suffit de raviver la flamme de la mémoire pour que s’animent des mondes oubliés !
Exposition au cloître des Carmes de Jonzac |
En perspective, de prochaines expositions à Paris, en Corrèze où l'artiste est invité aux côtés de Nino Pajot, dessinateur et peintre, à Saint-Emilion, Vittel et en Allemagne.
• Coulée du bronze :
La méthode de coulage du bronze utilise divers métaux (cuivre, étain en particulier). Le mélange est soigneusement préparé lors de la chauffe et porté à 1 200 degrés. Les moules sont alors disposés et calés entre eux. On y verse le bronze liquide par l'orifice.
Une fois la coulée effectuée, on attend que les moules refroidissent pendant quelques heures, puis ils sont détruits pour faire apparaître la sculpture. Les finitions sont ensuite réalisées (polir, limer, poncer). La sculpture obtenue après la coulée est généralement de couleur jaune doré. Selon l'effet à obtenir, on peut appliquer différents produits pour oxyder le métal.
L'élément incandescent est versé dans les moules |
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