Samedi matin, l’Académie de Saintonge a visité la maison de Marie Bon, sœur de Pierre Loti, que restaure la mairie de Saint-Porchaire. Elle sera ouverte à la visite en juillet prochain et son environnement verdoyant, plongeant sous le pont Napoléon, est assurément un atout que l’écrivain a d’ailleurs remarqué dans ses écrits. 2023 est l’année du centenaire de la mort de Pierre Loti. De nombreuses manifestations sont prévues
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La maison de la sœur de Pierre Loti en cours de restauration |
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De gauche à droite, Pierre Dumousseau, Alain Quella Villéger, spécialiste de Pierre Loti, Hervé Baudoin, architecte, Emmanuel de Fontainieu |
A Rochefort, il y a les fameuses
Demoiselles immortalisées au cinéma par Jacques Demy et Pierre Loti, officier de marine et grand écrivain voyageur qui a laissé une abondante littérature. En ville, les travaux de restauration de son étonnante demeure devraient être achevés en 2025. Plusieurs lieux emblématiques de Charente-Maritime ont marqué la jeunesse de cet écrivain épris de liberté dont le domaine de la Roche-Courbon et la maison de sa sœur Marie, à Saint-Porchaire, commune où son imagination vagabondait à travers marais, forêts et pâturages.
Samedi matin, accueillie par Jean-Claude Grenon, maire de Saint-Porchaire, l’Académie de Saintonge a visité cette maison actuellement en chantier. Une belle demeure en pierre, proche du pont Napoléon qui enjambe la source du ruisseau de l’Epine et surplombe une prairie propice à la promenade. On y trouve des arbres remarquables dont un vieux buis aux belles proportions. Jeune pousse, peut-être a-t-il connu Loti qui écrit sur sa prime jeunesse : « J'ai voulu arrêter le temps, reconstituer des aspects effacés, conserver de vieilles demeures, prolonger des arbres à bout de sève, éterniser jusqu'à d'humbles choses qui n'auraient dû être qu'éphémères ». Ensuite, il a vogué sur les flots jusqu’à des terres mythiques et lointaines dont il a rapporté des objets témoignages qu’il a réunis, tel un ardent collectionneur, dans sa maison de Rochefort. A l’époque où il se rend chez sa sœur Marie, marié au percepteur de Saint-Porchaire, ses rêves d’échapper à la pesanteur du monde ne se sont pas encore réalisés.
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Hervé Baudoin et Alain Quella Villéger présentent les plans d'aménagement de la maison de Marie Bon |
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Le pont enjambe la source du petit ruisseau de l’Epine |
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Escalier conduisant à la prairie |
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Un bel espace dédié à la nature où pousse un buis remarquable |
Présent sur les lieux aux côtés de l’architecte Hervé Baudoin, Alain Quella-Villéger, qui a écrit de nombreux ouvrages sur Pierre Loti, en parle avec fin connaisseur. « Loti est mort en juin 1923 et nous célébrons le centenaire de sa disparition cette année. Ses récits de voyage sont renommés et il est entré à l’Académie Française en 1892. Il est beaucoup plus connu que sa sœur aînée qui était peintre et dont l’œuvre mérite d’être racontée et exposée. Ses tableaux sont d’une grande qualité et la mairie de Saint-Porchaire va reconstituer son atelier qui se trouvait dans le salon. Les visiteurs pourront le découvrir dès l’été prochain » explique-t-il. En effet, cette ancienne maison sera un centre de valorisation où la vie de Marie, intimement liée à celle de son frère, apparaîtra dans l’agencement des pièces, meubles, objets, œuvres, panneaux explicatifs : « La scénographie apportera un éclairage sur le cadre familial, les ambiances ».
Pierre Loti apprécie ces lieux dont il fait des descriptions romantiques. Il s’éprend des paysages et d’un château abandonné - La Roche-Courbon - qu’il contribuera à sauver. Il y rencontrera son premier amour. « Loti est un pèlerin de la planète qui a une véritable passion pour les ailleurs tout en conservant un enracinement indéfectible pour les lieux de son enfance » remarque Alain Quella-Villéger. L’enfance et la famille ont toujours ravivé la fibre sensible de l'écrivain qui a épanché ses souvenirs et émotions sur la toile de l’écriture.
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Explications d'Alain Quella Villéger |
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Dans le salon, une cheminée XVIIIe siècle |
Un circuit Pierre Loti
La restauration de la Maison de Marie Bon (budget de 300.000 euros) s’inscrit dans une perspective plus large consacrée à Pierre Loti. En pleine nature, l’idée d’un itinéraire de la maison Bon au château de la Roche-Courbon, cher à la famille Sebert-Badois, est à l’étude. La mairie se chargera de l’établir en consultant les différents propriétaires. « Cette rencontre avec un écrivain qui a marqué le territoire et sa sœur artiste est une opportunité à saisir » estime le maire qui mise sur l’aspect à la fois historique et touristique.
Un circuit plus vaste comprendra la Maison Loti de Rochefort (ouverture en 2025, enveloppe de près de 12 millions d’euros financée par la Ville, l'Etat, la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département de Charente-Maritime et le loto du patrimoine) et bien sûr le lieu où Pierre Loti a été inhumé à Saint-Pierre-d’Oléron, dans le jardin de la « maison des aïeules ».
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Hervé Baudoin, architecte, Philippe Ravon |
Parmi les prochaines festivités, quelques dates à retenir
« sur les pas de Loti » à Saint-Porchaire ou Fondbruant : visite du soir à La Roche-Courbon le 27 juin, conférence d’Alain Quella-Villéger, membre de l'Académie de Saintonge, au théâtre de La Roche-Courbon le 29 juin, inauguration de la maison de Marie Bon samedi 1er juillet à Saint-Porchaire. A la Corderie Royale de Rochefort, un atelier d'écriture autour de Pierre Loti avec Olivier Lebleu est proposé samedi 25 mars de 14 h à 17 h 30. A voir l'exposition
« Pierre Loti, Arpenter l'intervalle » : Toujours à la Corderie, Jean-Michel Alberola a demandé à neuf jeunes artistes de livrer leurs propres perceptions de l'écrivain-voyageur.
L’Académie de Saintonge a vivement remercié la mairie de Saint-Porchaire, Alain Quella-Villéger et Hervé Baudoin de leurs explications. Rendez-vous l’été prochain pour saluer la renaissance de la maison Bon, initiative que Pierre Loti aurait sans doute appréciée.
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Ouverture de la maison Bon à Saint-Porchaire en juillet prochain |
L'info en plus
• Le Pont Napoléon : il a été édifié vers 1800 lors de la construction de la grande route impériale, l’actuelle N 137, sur l’ordre de Napoléon Ier, route qui menait de Saint-Malo à Bordeaux. Ce pont devait faciliter le passage des troupes pendant la guerre d’Espagne (1808-1814). Le pont enjambe la source du petit ruisseau de l’Epine. La tradition rapporte que cette route fut tracée de nuit en plaçant des paysans requis par l’autorité militaire, avec des fanaux dans le prolongement les uns avec les autres, ce qui explique qu'elle soit si droite. Se composant de deux arches, le pont, bâti en pierre calcaire, est bordé d'escaliers latéraux permettant de rejoindre un théâtre de verdure aménagé en contrebas, à proximité du ruisseau (sources : mairie de Saint-Porchaire).
• La maison située au 96, rue Nationale à Saint-Porchaire, a été habitée par Marie Bon, son époux Armand Bon et leur fille Nadine de 1865 à 1878. Pierre Loti, qui n'était encore que Julien Viaud, y passa de nombreux séjours. A son ouverture en juillet, le cheminement scénographique se déploiera dans toutes les pièces. Chacune proposera un thème : une peinture en cours, un repas en famille, une promenade dans les bois. L’entrée sera libre ainsi que la visite des extérieurs. Du 1er juillet au 27 août 2023 - Lundi fermé, mardi au vendredi 15h-18h, samedi et dimanche 14h-18h - Tél. 05 46 95 35 83
• Mort en juin 1923, Pierre Loti avait demandé dans ses dernières volontés que le cortège funèbre puisse traverser Saint-Porchaire.
• Visite de la Maison Pierre Loti à Rochefort par l'Académie de Saintonge en 2010 (© Nicole Bertin)
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La mosquée : sur cette photo, Bernard Mounier, Didier Néraudeau, Alain Quella Villéger, Marie Dominique Montel, Jacques Bouineau, Jean Mesnard (disparu en 2016), Marc Fardet |
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La galerie des portraits |
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Flamboyante, la maison Pierre Loti devrait rouvrir ses portes en 2025 |
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Visite guidée par Alain Quella Villéger aux côtés de Marc Seguin, Marc Fardet, Claude Coutant Pajany, Jean Mesnard, Alain Brastaad, Marie Dominique Montel, Jacques Bouineau |
1 commentaire:
A Marennes également la maison où Armand Bon fut nommé percepteur de 1880 à 1888. Le souvenir de Loti qui venait s'enchanter des délices du jardin avec sa nièce Ninette...
il y fêtera ses 33 ans. La maison est au 21 de la rue Le Terme et son jardin donne sur la venelle.
Marie y peindra le portrait de Jacques Dubois-Meynardie.
Une plaque commémorative devrait bientôt être apposée sur la maison (proprietaires particuliers elle ne se visite pas)
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