Les présidents des conseils de surveillance des hôpitaux de Saintes, Royan, Saint-Jean d’Angely, Jonzac et des Trois Monts (Groupement Hospitalier Territorial de Saintonge) ont organisé une conférence de presse mercredi dernier à la mairie de Saintes. En toile de fond, le fonctionnement de leurs établissements après un premier appel lancé en 2021...
Yves Poujade (Boscamnant), Bruno Drapron (Saintes), Françoise Mesnard (Saint-Jean d'Angely), Patrick Marengo (Royan) |
Réunis à la mairie de Saintes, Bruno Drapron, maire de Saintes, Françoise Mesnard, maire de Saint-Jean d’Angely, Patrick Marengo, maire de Royan et Yves Poujade, président du Conseil de Surveillance de Boscamnant ont fait le point sur la situation hospitalière. Depuis leur premier appel lancé il y a deux ans, la situation reste tendue. Le Groupement Hospitalier Territorial du Sud couvre les 2/3 de la Charente-Maritime et propose une offre de soins à la moitié de la population, dont la moyenne d'âge est plus importante en Saintonge qu’en Aunis et l’habitat dispersé. En conséquence, les « Sudistes » souhaitent une véritable égalité de traitement entre le Nord et leur GHT. S’y ajoute la concurrence du privé, en chirurgie en particulier. En effet, le groupe Vivalto a fait l’acquisition de plusieurs cliniques en Charente-Maritime. Pour les responsables présents, l’hôpital public doit continuer à offrir égalité de soins et égalité des chances. « C’est un principe d’équité républicaine » remarque Patrick Marengo. Pour l’heure, ils doivent contribuer au maintien des personnels existants dans leurs hôpitaux respectifs et recruter des personnels manquants.
La situation reste tendue dans certains services. A Saintes, par exemple, les services pédiatriques souffrent d’un manque de pédiatres. Idem aux Urgences où les CH font appel à des intérimaires dont les gardes peuvent atteindre entre 3000 et 4000 euros pour 24 h. « Il y a eu des dérives. 24 heures rémunérées à prix d’or afin de s’assurer d’avoir assez de médecins en intérim pour faire tourner un service : c’est l’un des effets de la crise de l’hôpital. D’où un surcoût financier pour les hôpitaux de l’ordre de plusieurs millions d’euros » souligne Françoise Mesnard. Le Gouvernement a réagi : à partir d’avril, le tarif des gardes de ces derniers sera plafonné à 1000 euros. Le seul hic, c’est de voir ces derniers ne plus répondre aux demandes des CH (d’où, à terme, la menace de fermetures de lits), d’autant que « les cliniques privées ne sont pas soumises à cette règle ».
Se pose également le problème du manque de médecins. « Nous sommes face à cette situation qui est cruciale pour l'avenir. Que faire quand on sait que la population de Royan triple durant l’été par exemple ? » explique Patrick Marengo. Un partenariat pourrait-il s’instaurer entre le public et le privé dans certains secteurs ? Le but recherché est que « la population puisse se soigner sans dépassement d’honoraires ».
Le GHT de Saintonge se mobilise
En matière de formation, l'Institut de Formation des Métiers de la Santé (IFMS) du Centre Hospitalier de Saintes conduit au diplôme d’état infirmier (IFSI) et à celui d'aide-soignant (IFAS), auxquels s’ajoutent des formations continues. L’extension des locaux est programmée. Une école d’aides-soignantes, qui serait une annexe de l’IFAS, est à l’étude au lycée de Jonzac. « Nous sommes mobilisés pour que nos établissements soient attractifs, mais ça ne suffit pas. L’Etat, avec le soutien de l’ARS, doit nous accompagner plus fortement dans nos démarches, investissements dans le cadre du Ségur, revalorisation des médecins hospitaliers, même nombre d‘internes que les CH d'Aunis ». Un rapprochement entre le CH de Saintes et Saint-Jean d’Angély est évoqué. Cette union devrait renforcer l'offre existante.
Confrontés à ce contexte préoccupant pour le secteur public, les municipalités font des efforts pour attirer de nouveaux médecins et leurs familles (une agence de l’attractivité vient d’être créée à Saintes ; un centre de santé mutualiste va voir le jour à Royan). Les élus sont unanimes : face à la paupérisation de la population, les centres hospitaliers ont un rôle essentiel en étant accessibles à tous et à toutes : « L’important est d’avoir un vrai partenariat sur le territoire et non pas que chaque hôpital évolue de son côté ». En attendant, des améliorations doivent être apportées dans le partage des dossiers médicaux entre établissements, ce qui simplifierait la vie des praticiens. Le CH de Royan envisage le concept de labellisation d’hôpital de proximité que possède déjà l’unité de Boscamnant. Grâce à cette reconnaissance par l’Agence régionale de santé, l’établissement peut se concentrer sur le développement de sa mission et bénéficier d’aides dédiées.
Bref, pour répondre aux demandes et conforter leurs structures, les responsables se veulent unis et attendent beaucoup du Ségur. « Nous voulons savoir où nous allons et que l’Etat tienne ses promesses. On nous a annoncé l’octroi de 21 millions d’euros pour que le CH de Saintes puisse se développer, mais nous n’avons aucune confirmation à ce jour. Nous espérons une réponse rapide parce que nous avons un gros projet pour les Urgences en particulier. Une aide de 3,7 millions d’euros a, quant à elle, été attribuée au CH de Saint-Jean d’Angely. Nous attendons un soutien ferme de l’ARS pour doter le territoire correctement » conclut Bruno Drapron.
Bruno Drapron : « Nous attendons un soutien ferme de l’ARS pour doter le territoire correctement » |
- Saintes : Face au manque de professionnels que rencontre le CH de Saintes en pédiatrie, la possibilité d’une permanence de soins en journée en collaboration avec les médecins libéraux de la ville est une piste à étudier.
- Le CH de Saintes vient d’obtenir une troisième IRM. « Nous sommes plutôt ben lotis dans ce domaine » estime le maire de Saintes.
- Jonzac : La création au lycée de Jonzac d’une antenne de l’IFAS est envisagée (aide-soignant). L’établissement est labellisé « Métiers de la santé et du social » avec plusieurs filières : le bac pro accompagnement, soins et services à la personne ; le bac ST2S (sciences et technologies de la santé et du social) ; le BTS diététique et, en bonne voie à la rentrée prochaine, un BTS économie sociale et familiale. S’y ajoute un CAP d’agent thermal. Les promotions Bac pro « accompagnement, soins et services à la personne » constituent un excellent "vivier" aux formations paramédicales dans la région.
- Patrick Marengo, maire de Royan : « Au CH de Royan, comme ailleurs, nous faisons face grâce à la direction et à un personnel de qualité. La période du covid a été traumatisante et harassante. De nombreux personnels soignants sont partis et nous travaillons dans de nouvelles conditions. Nous avons dû fermer des lignes de SMUR et des lits. C'est un problème général et nous n’avons pas de retour de l’ARS sur les projets que nous portons ».
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