Depuis l’année 2019, les équipes de BioSphère Environnement et du Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CNRS et Université de La Rochelle) animent un programme de recherche impliquant le suivi des cigognes blanches des marais de Charente-Maritime à l’aide de balises GPS. Depuis le début du programme, 13 cigognes blanches ont pu être équipées de ces balises. Certains de ces oiseaux ont été suivis jusqu’en Afrique subsaharienne (Sénégal, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Cameroun). Au-delà de son caractère scientifique ambitieux, ce programme séduit le grand public comme les scolaires qui sont aujourd’hui des milliers à suivre au quotidien les périples des cigognes équipées de ces balises via l’application Animal Tracker et les réseaux sociaux. Pour les deux années à venir, les équipes de BioSphère Environnement et du Centre d’Etudes Biologiques de Chizé ont décidé de développer ce projet en augmentant le nombre d’oiseaux suivis. Afin de faire face aux frais inhérents au développement de ce programme, une grande campagne de mécénat sera lancée prochainement au Zoo de La Palmyre.
Renseignements : biosphere-environnement@orange.fr
MARTA RETROUVE ENFIN SYBELLE !Au retour des beaux jours. les marais de Gironde sont des lieux de reproduction exceptionnels pour de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs, telles les majestueuses cigognes blanches. En fin d'été, lorsque les jeunes ont quitté le nid, certains adultes entament leur periple migratoire vers l'Afrique. D'autres se sédentarisent ou passent l'hiver moins loin comme en Espagne. L'une de ces cigognes se prénomme Marta. Elle a été équipée d'une balise GPS en avril 2020. Elle fait partie d'un vaste programme de recherche, dirigé par l'association BioSphère Environnement et le Centre d'Études Biologiques de Chizé. Ce programme a pour objectif d'analyser les stratégies de déplacements des cigognes blanches dans le contexte du changement climatique. Après avoir hiverné au Sénégal au cours de hiver 2020-2021, Marta a fait le choix de passer l'hiver suivant en Haute-Saintonge. Au printemps 2022, elle retrouve près de son nid, dans les marais de la Gironde, son amie Sybelle qui revient de son hivernage au Nigéria. Au printemps 2021, Marta avait convaincu Sybelle de se faire poser une balise GPS par les scientifiques...
UNE SITUATION INQUIETANTE
- Marta : Je suis contente de te revoir Sybelle. Comment s'est passé ton dernier hiver ?
- Sybelle : J'ai hiverné comme d'habitude au nord-est du Nigéria, à une centaine de kilomètres du lac Tchad. Les zones humides s'assèchent dans cette région et la nourriture y devient rare.
- Marta : Ah bon ? Là-bas aussi alors...
- Sybelle : Oui malheureusement ! C'est de plus en plus compliqué de se nourrir pour les oiseaux migrateurs en Afrique subsaharienne car les épisodes de sécheresse réduisent les étendues de zones humides. Et toi où es-tu allée cet hiver ?
- Marta : Je suis restée ici... L'hiver 2020-2021 avait été très éprouvant dans le delta du fleuve Sénégal ! Les pâturages alentours sont de plus en plus secs et les ressources alimentaires s'y raréfient aussi. J'ai donc passé cet hiver dans les marais de Gironde, mais la nourriture est beaucoup moins abondante qu'au printemps. Il faut marcher sans cesse pour en trouver.
- Sybelle : C'est un choix difficile à faire Marta, soit nous partons en Afrique, où l'hivernage est de plus en difficile, soit nous restons ici mais au prix de beaucoup d'efforts pour nous alimenter.
- Marta : J'ai l'impression que notre avenir est de plus en plus incertain. Le changement climatique affecte sévèrement les zones humides de la planète. Même au printemps, cela devient compliqué ici !
- Sybelle : Je crois que notre dernière chance serait un effort conséquent des humains pour sauver les zones humides dont nous avons besoin comme tant d'autres espèces. Les données collectées par les balises GPS vont être bien utiles pour les aider à visualiser les difficultés que nous avons pour nous alimenter et trouver des solutions. Nous devrions toutes en avoir une à la patte !
MIEUX COMPRENDRE POUR MIEUX AGIR
Tout comme Marta et Sybelle, onze autres cigognes blanches ont déjà été équipées de balises GPS, mais il faudrait suivre d'autres individus pour développer ce programme scientifique qui se construit entre l'Europe et l'Afrique. Les scientifiques ont besoin d'acquérir et de poser plus de balises GPS sur les cigognes des marais de Gironde afin d'améliorer les connaissances sur les enjeux des zones humides.
Dr Raphaél Musseau, directeur de Biosphère Environnement
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire