« Un très grand homme, peut-être le plus grand de toute l’histoire de l’humanité, vient de nous quitter
Mikhaïl Gorbatchev à Genève en septembre 2013 © Jean-Marie Matagne/ACDN |
Cet homme de paix a partiellement changé la face du monde pour au moins une décennie à la fin du XXe siècle. Parvenu en 1985 au sommet du Parti communiste et à la tête de l’Union soviétique, il a usé de son pouvoir pour tenter de réformer l’économie du pays par la perestroïka et de le démocratiser par la glasnost. Dans les deux cas, il s’agissait pour lui d’humaniser le régime soviétique bureaucratique. Ses efforts se sont heurtés à de nombreux obstacles et de puissantes résistances, notamment d’une partie du KGB et des apparatchik qui profitaient du régime mais dont beaucoup se sont par la suite reconvertis pour passer du capitalisme d’Etat, baptisé communisme, au capitalisme privé.
Le succès très relatif, voire l’insuccès de Mikhaïl Gorbatchev en politique intérieure, ne saurait faire oublier sa grande contribution au bien-être de l’humanité : la fin de la Guerre froide et la pacification, malheureusement temporaire, des affaires du monde.
Devenu en mars 1985 secrétaire général du PCUS, Gorbatchev prit langue avec le président des Etats-Unis, Ronald Reagan, qui deux ans plus tôt tenait l’Union soviétique pour « l’Empire du mal ». Les deux hommes se rencontrèrent pour la première fois à Genève en novembre 1985, après plusieurs années d’extrême tension entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, qui faillit dégénérer en conflit nucléaire à l’automne 1983.
En janvier 1986, Mikhaïl Gorbatchev lançait le mot d’ordre « Plus aucune arme nucléaire d’ici l’an 2000 ! ». Il ne cessa d’agir en ce sens jusqu’à la signature à Washington, le 8 décembre 1987, du Traité sur les Forces Nucléaires à portée Intermédiaire (les FNI). Ce premier traité d’élimination d’une vaste catégorie d’armes nucléaires mettait un terme à la crise des euromissiles, ouvrait la voie à une coopération soviéto-américaine dans de nombreux domaines et changeait radicalement l’atmosphère internationale, en même temps que le retrait d’Afghanistan des forces soviétiques.
C’est ce changement d’ère qui permit la chute du mur de Berlin deux ans plus tard, le 9 novembre 1989, et la fin de la Guerre froide (Traité de Moscou, 12 septembre 1990 ; Memorandum de Budapest, 5 décembre 1994) au bout de 45 ans de division de l’Europe et de menaces de guerre - sans un coup de feu, sans un mort.
Malheureusement, les lobbies militaristes à l’Ouest comme à l’Est ont progressivement sapé l’esprit de paix et de désarmement qui régnait alors. Gorbatchev, bien qu’ayant survécu à une tentative de putsch fomentée par les durs du KGB et du PCUS, a été contraint de démissionner en décembre 1991. L’Occident de son côté n’a pas tenu les promesses de non-expansion de l’OTAN vers l’Est, qui furent faites à Gorbatchev et Chevardnadze en contrepartie de la réunification de l’Allemagne et de son appartenance à l’OTAN, maintenue malgré la dissolution du Pacte de Varsovie.
Mikhaïl Gorbatchev avait une vision globale, humaniste, sociale, pacifique et écologique des relations internationales. Ce n’était pas un saint, mais c’était un sage, et les dirigeants actuels du monde entier, à commencer par ceux qui détiennent des armes nucléaires, notamment Vladimir Poutine, feraient bien de s’inspirer de ses recommandations.
L’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire lui doit son existence et continuera à s’inspirer de ses messages en oeuvrant pour l’élimination totale et contrôlée des armes nucléaires et radioactives ».
Jean-Marie Matagne, président d'ACDN
(Action des citoyens pour le désarmement nucléaire)
• Mikhaïl Gorbatchev : Message à ACDN à propos des 3e Rencontres Internationales pour le Désarmement Nucléaire, Biologique et Chimique (RID-NBC, Saintes, 9-11 mai 2008) :
"Je souhaite féliciter les organisateurs de cette manifestation pour avoir élevé le niveau de sensibilisation autour de l’un des défis les plus difficiles de notre époque : un défi qui ne saurait être relevé sans l’élimination des armes nucléaires, biologiques et chimiques du monde entier."
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