Nommé à Jonzac en 2017, le commandant de la Compagnie, Eric Hoarau, a découvert une région qui contrastait avec Evry, son précédent poste situé dans le département de l’Essonne. En août prochain, à Rochefort, il sera affecté au commandement des écoles de gendarmerie. Nous dressons avec lui un tour d’horizon des années passées en Saintonge
A son arrivée, Eric Hoarau, Commandant de la Compagnie de Jonzac, a tout de suite apprécié le Sud de la Charente-Maritime, proche de l’Atlantique et de Bordeaux : « dynamisme et développement économique sont visibles dans la région » disait-il en observateur lorsque nous l’avions rencontré. Ce sentiment d’évoluer au cœur d’une terre fière de ses racines n'a pas changé face à l’attractivité de la Haute-Saintonge.
En 2020, une pandémie est survenue. Qui pouvait imaginer qu’un virus, apparu au fin fond de la Chine et dénommé SARS-CoV-2, viendrait bouleverser nos vies, ici et ailleurs ? Comme toutes les structures, la Compagnie de gendarmerie de Jonzac s’est adaptée à ces circonstances exceptionnelles : « Nous avons scindé le groupe en deux afin de respecter les consignes et d’assurer la continuité du service public ».
Le premier confinement a laissé des traces, la promiscuité des ménages entraînant un plus grand nombre de violences intrafamiliales, des maltraitances et agressions. La cellule de lutte contre les atteintes aux personnes (CLAP) a ainsi constitué une centaine de dossiers. Après le déconfinement, la parole se libérant, les conjoints violents ont pu être écartés et les victimes protégées afin de les extraire d’un milieu qui pouvait leur être fatal. « Lors des patrouilles nocturnes, la majorité des interventions concerne des agressions, des conflits de voisinage, des tapages » souligne le commandant Hoarau qui note des changements de comportement envers les agents. De la part d'automobilistes lors de contrôles visant le couvre-feu par exemple : « notre mission est importante. Il s’agit de faire respecter les consignes afin d’éviter la propagation de l’épidémie ». Or, tout le monde ne comprend pas le message et les 135 euros de verbalisation sont parfois mal accueillis. Certes, à partir de mercredi, une plus grande liberté (jusqu’à 21 h) sera permise... qui ne devra pas faire oublier masques et gestes barrières. Un constat s’impose dans le pays, le rapport à l’autorité n’est plus le même depuis quelques décennies.
Le secteur n’est pas épargné par la drogue puisque les dealers, sans doute pour rester discrets, s'installent dans les zones rurales. « Nous faisons notre travail, mais la drogue est un puits sans fin » déplore le commandant Hoarau. Il rappelle une affaire récente où un homme a avoué entretenir une plantation cachée de cannabis dans les pinèdes du Sud Saintonge suite à un incendie. Des interpellations ont lieu régulièrement, dont une grosse saisie d'héroïne en 2019. Idem avec un réseau sur Montendre. « Nous avons la volonté d’être incisifs face aux trafics et nous conduisons des actions où sont opérés des contrôles. Ces interventions aboutissent à des résultats puisque les procédures sont en constante progression. Si on veut que les trafics diminuent, il faut occuper le terrain ».
La Compagnie a également eu à gérer le mouvement des Gilets Jaunes apparu à l'automne 2018. A Jonzac, Mirambeau et Montendre, les ronds-points étaient occupés et les forces de l'ordre mobilisées. « En Haute Saintonge, ce mouvement a été contenu et un dialogue s’est établi ». On se souvient en particulier des difficultés pour accéder à Montendre (rond-point de la route Jonzac/Montendre) et de la venue sur les lieux du sous-préfet Jérôme Aymard.
Les interventions de la gendarmerie comprennent également les raves-parties qui s'étalent généralement sur plusieurs jours et attirent des milliers de participants. L'une d'elles, au Maine Perrier entre Originolles et Clérac en mai 2018, est à l’origine d’une grande réunion organisée dans la salle municipale de Montlieu-la-Garde. A cette occasion, Jean-Michel Rapiteau, maire d’Orignolles, et Nicolas Morassutti, maire de Montlieu-la-Garde, avaient clamé leur impuissance et leurs inquiétudes face à cette rave-party qui avait vivement irrité les riverains. « Nous avions dressé 150 verbalisations » se souvient le commandant Hoarau. Depuis, le Covid a mis un frein temporaire à ces rassemblements où les décibels de la musique techno décoiffent les cimes des arbres…
Au micro, le commandant Eric Hoarau aux côtés du député Raphaël Gérard |
Qu’en est-il de la délinquance et des cambriolages ? Là encore, le Covid a changé la donne. Les occupants étant présents à leurs domiciles lors du confinement et les déplacements étant réduits, les vols ont sérieusement régressé (693 cambriolages de logements en moins en 2020 qu'en 2019 sur la Charente-Maritime). Notons aussi la diminution de la délinquance routière, la réduction du nombre de victimes sur la route étant l’une des priorités gouvernementales. En 2020, on constate une baisse des morts et des blessés. En effet, le département est passé de 776 blessés en 2019 à 523 en 2020.
Réorganisation administrative du territoire
Effective depuis 2019, la réorganisation administrative du territoire est désormais en cohérence avec les frontières de l’arrondissement et la Communauté de Communes. La Compagnie de Jonzac s’étend de Saint-Aigulin au sud à Pons au nord.
Depuis le 1er janvier 2019, Pons est rattachée à la Compagnie de Jonzac. A son arrivée en 2017, le commandant Hoarau avait sous ses ordres 86 gendarmes. Les effectifs sont désormais de 107 dont certains membres affectés à la police de sécurité. Le territoire compte également la Brigade de recherches et le Peloton de surveillance et d’intervention. Dépendant autrefois de Montendre, les communes situées le long de la Nationale 10, Bédenac, Montlieu La Garde, Chevanceaux, Orignolles, Pouillac, Saint-Palais de Négrignac sont de la compétence de Montguyon (qui attend impatiemment sa nouvelle caserne). Afin d’assurer un équilibre, les communes du Sud de Jonzac, c’est-à-dire Agudelle, Chaunac, Vibrac, Villexavier, Fontaines d’Ozillac et Léoville dépendent de Montendre tandis que Salignac et Courpignac sont du ressort de Mirambeau.
Un référent gendarmerie par commune a été nommé. Lorsque l’annonce de cette réorganisation a été annoncée, plusieurs maires étaient montés au créneau lors d'une réunion organisée à Jonzac. « Dès lors, tout se passe bien et les relations avec les élus sont bonnes » remarque le commandant Hoarau.
En août prochain, il sera affecté au commandement des écoles de gendarmerie de Rochefort où, en tant que chef de section, il assurera la formation des officiers. Il gardera un bon souvenir de Jonzac et de la Haute-Saintonge où il reviendra avec plaisir. « J’ai été séduit par le caractère entreprenant de ce territoire. Lorsque j’ai assisté à la remise des trophées organisée par la Communauté de Communes, j’ai constaté que plusieurs entreprises ont des activités à l’international. Ici, le cap est fixé et tout est fait pour que le secteur soit tiré vers le haut ». Référence à Claude Belot, président de la CDCHS, qui travaille depuis plus 50 ans afin que le Sud Saintonge, frappé à une époque par l’exode rural, puisse tirer son épingle du jeu. Et de conclure : « Les Saintongeais sont des gens attachants ». Certes, ils ne sont pas Réunionnais, île où le commandant Hoarau a fait ses premières armes, mais en y regardant de plus près, ils ont comme eux la main sur le cœur et du soleil dans les yeux !
• L'info en plus
• Les travaux d’extension de la gendarmerie de Montendre devraient commencer en septembre 2021.
• Des travaux ont été réalisés dans les locaux de la gendarmerie de Jonzac (toiture, peintures, portail, portes sécurisées sur les bâtiments des familles, etc) en partenariat avec la mairie de Jonzac.
• Réorganisation de Montguyon et Saint-Aigulin : Le nouveau casernement est porté par le SIVOM, en l’occurrence le nouveau maire de Montguyon, Julien Mouchebœuf, et la maire de Saint-Aigulin, Brigitte Quantin. Un terrain situé à Saint-Martin d’Ary retient l’attention. Le dossier est entre les mains du Ministère de l’Intérieur.
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