En octobre dernier, une large concertation a été lancée dans la perspective d’élaborer un livre blanc de la Sécurité intérieure. L’objectif recherché est d’adapter les dispositifs de protection de la population aux nouveaux risques, menaces et enjeux auxquels la France est confrontée afin d’orienter les futures politiques. Dans chaque arrondissement, des réunions publiques sont organisées. Cette rencontre avait lieu mercredi 15 janvier au centre des congrès de Jonzac en présence de Jérôme Aymard, sous-préfet, d’Eric Hoarau, commandant de la compagnie de Jonzac, François Theves, commandant du SDIS et de nombreux participants.
Des thématiques constituent la trame des échanges : l’organisation territoriale des forces de sécurité, les partenariats et la mobilisation des technologies en matière de sécurité intérieure. Copie à remettre le 27 janvier.
Dans un monde dont les équilibres peuvent être bouleversés à tout moment, la sécurité des populations est une préoccupation majeure des gouvernements. Les attentats nous rappellent que des causes idéologiques sont à l’origine d’actes meurtriers (Charlie Hebdo, Bataclan) dont le souvenir restera indélébile. Face à ces menaces, à la cybercriminalité et plus généralement aux évènements qui entraînent des situations d’urgence (catastrophiques climatiques entre autres), l’Etat se mobilise par l’élaboration d’un livre blanc de la Sécurité Intérieure, fruit des observations recueillies sur le terrain tant auprès des élus que la population. « Elles alimenteront le travail législatif de la nouvelle loi-cadre présentée avant la fin 2020. Il s’agit d’adapter les dispositifs de protection aux nouveaux risques auxquels nous sommes exposés » souligne Jérôme Aymard, sous-préfet.
L’organisation territoriale des forces présentée par le commandant Hoarau :
Les effectifs de gendarmerie sont désormais de 105 dont six affectés à la police de sécurité (la Charente-Maritime fait partie des départements prioritaires comme les Deux-Sèvres). Une seconde vague de PSQ est prévue (5 en 2020 et 5 en 2021 sur la Charente-Maritime). Le territoire compte également la Brigade de recherches (6 personnes) et le Peloton de surveillance et d’intervention (15).
• Les communautés de brigades : En 2014, Montendre et Montlieu La Garde ont constitué une communauté de brigades. La création d’une brigade territoriale autonome de Montendre permettra d’intégrer tous les militaires sur un même site. La communauté de brigades de Jonzac inclut Archiac qui conserve une ouverture au public deux demi-journées par semaine ; celle de Mirambeau comprend les brigades de proximité de Saint-Genis et de Saint-Ciers du Taillon et celle de Montguyon est en relation avec Saint-Aigulin (dans la perspective d’une future brigade territoriale autonome implantée sur la commune de Montguyon).
• Réorganisation : Dépendant jusqu’à présent de Montendre, les communes situées le long de la Nationale 10, Bédenac, Montlieu La Garde, Chevanceaux, Orignolles, Pouillac, Saint-Palais de Négrignac relèvent de la compétence de Montguyon depuis le 1er janvier. Les communes du Sud de Jonzac, c’est-à-dire Agudelle, Chaunac, Vibrac, Villexavier, Fontaines d’Ozillac et Léoville dépendent, quant à elles, de Montendre tandis que Salignac et Courpignac sont du ressort de Mirambeau. Afin de créer un lien étroit avec les maires, chaque commune compte un référent gendarmerie identifié qui peut être joint facilement.
• Le rôle de la brigade numérique (implantée à Rennes, mais compétente pour recevoir les sollicitations de toute la France) est de favoriser, via le numérique, le contact avec la population.
• Un dispositif a été créé pour lutter contre les violences faites aux femmes. Il dépend du Parquet de Saintes.
Claude Belot : « je suis prêt à payer les nouvelles caméras »
Se plaignant d’incivilités, plusieurs maires souhaiteraient que les effectifs de gendarmerie soient revus à la hausse afin d’assurer une plus large présence sur le terrain. « Ils sont en augmentation depuis deux ans » remarque le sous-préfet. Jacky Quesson, maire de Saint-Genis, s’inquiète des réorganisations qui, dans certains cas, élargissent les périmètres d’intervention et pèsent sur l’organisation.
Les dispositifs évoluent et il est désormais possible de déposer plainte directement sur internet, quel que soit l’endroit où l’on se trouve. Encore faut-il savoir manier l’outil informatique !
Le premier magistrat de Coux s’interroge : Pourquoi les maires n’ont-ils pas accès aux fichiers d’immatriculation des véhicules ? Et pour cause, il a sur sa commune - mais sur un terrain privé - une voiture qui se languit depuis des mois sans qu’on puisse l’enlever. « L’accès à ces fichiers, consultables par les gendarmes, est réglementé. Il existe une traçabilité et toute consultation abusive peut être sanctionnée » explique le commandant Hoarau.
Le président des Commerçants de Jonzac, Christophe Guédon, émet une requête face à « la petite délinquance qui monte à Jonzac » assortie de trafics divers et variés : que les gendarmes opèrent des surveillance en civil. Réponse du commandant : elles existent déjà…
Jonzac compte actuellement 21 caméras |
« Message reçu » répond le sous-préfet.
Pour compléter son argumentation, Claude Belot déclare que les responsables des dégradations commises sur plus 50 véhicules en fin d’année dernière (30 à Jonzac, 12 à Montendre, Orignolles, etc) ont été appréhendés grâce… aux caméras de Jonzac et à l’analyse ADN d’un chewing-gum que l’un des auteurs a jeté… et qui a été récupéré. « Je suis donc pour de nouvelles caméras, dont les entrées et sorties de l’agglomération ».
S’il comprend les préoccupations de l’élu, le sous-préfet rappelle que l’attribution des caméras, encadrée par un magistrat, est le fruit d’un arbitrage afin de veiller au juste équilibre.
Patrick Giraudeau, maire de Montendre, serait également favorable à l’installation de caméras dans sa ville où sévit une petite délinquance (vols, incivilités). « A Montendre , nous travaillons avec la police municipale et une patrouille de nuit a été constituée l’été lors des marchés nocturnes. Ça se passe bien ».
Michel Amblard exprime les doléances du monde agricole : « il y a des vols dans les fermes et on a l’impression que les plaintes ne sont pas suffisamment prises en compte. C’est le ressenti de certains agriculteurs en tout cas ». S’y ajoutent les tensions entre les défenseurs de l’environnement et le monde rural : « on nous agresse régulièrement en ce qui concerne nos modes de culture et les produits que nous utilisons. Ces relations tendues créent un malaise ».
Face à la multiplication des arrêtés anti-pesticides et des intrusions dans les élevages, les agriculteurs s’estiment en effet dénigrés et déconsidérés, aussi bien par les pouvoirs publics que les consommateurs. D’où une mobilisation à l’automne dernier. Créée en octobre 2019, la cellule Demeter assure le suivi de ces atteintes.
Les partenariats : La mobilisation des citoyens
Jean-Marc Paillé, maire de Saint-Martin d’Ary, présente le dispositif de participation citoyenne mis en place dans sa commune. Il compte 24 personnes (12 délégués, 12 suppléants) chargées de la surveillance dans les hameaux, de signaler les allées et venues suspectes par exemple. Ainsi, un cambriolage a pu être déjoué. L’expérience est à élargir sur le territoire.
A Jonzac, Philippe Loriot, responsable du casino, souligne les bonnes relations entre la mairie, la gendarmerie, les pompiers et son établissement ouvert de 10 h jusqu’à 3 heures du matin : « cette proximité est importante et le délai d’intervention est rapide ». Grâce au service vidéo du casino (48 caméras au total) qui est très performant, le travail de la gendarmerie peut être facilité.
• Nouvelles technologies
• Permis de sauver : Vous êtes secouriste diplômé ou simple citoyen ? “Permis de sauver” est une application à télécharger qui permet à tout détenteur d’un smartphone de participer à la chaîne des secours. Elle propose une possibilité d’intervention rapprochée assurant une prise en charge plus rapide de la victime, augmentant ainsi les chances de survie.
• Neo (terminal mobile pour la police et la gendarmerie)
NeoGend vise à fournir aux policiers et aux gendarmes des terminaux mobiles dotés d'une connexion sécurisée haut débit. Les applications sont multiples : Accès aux fichiers facilités, protection des maisons quand les occupants s’absentent ou partent en vacances, etc…
• Espace France Services : L’enjeu de ces structures est de faciliter l’accès aux principales démarches administratives en proposant aux citoyens un bouquet de services du quotidien (démarches administratives liées à la santé, la famille, la retraite ou l’emploi, aide au renouvellement des papiers d’identité, du permis de conduire et de la carte grise, des déclarations de revenus, appropriation du prélèvement à la source, accompagnement de l’usager dans l’accès au droit, de l’assurance maladie, de l’assurance retraite, des allocations familiales). Une structure de ce type a été inaugurée récemment à la MSA de Jonzac.
Inauguration de l'Espace France Services de Jonzac (© Kevin Baudy) |
Le maire d’Archiac juge compliquée la verbalisation des camions étrangers, les contraventions ayant peu de chances d’aboutir. « Nous sommes connectés aux fichiers européens » précise le commandant Hoarau.
Dépôts sauvages : Comment les éviter… éternelle question. Rendre les déchetteries gratuites ? Pourquoi pas ? « C’est un grand classique, donner des ordres aux collectivités. On enverra la facture à Mme Wargon. La collecte coûte 7 millions d’euros à la Haute-Saintonge » riposte Claude Belot.
Rave-parties : Des arrêtés ont été pris par les communes après les graves problèmes liés à ces rassemblements dans le Sud Saintonge. En décembre dernier, la gendarmerie a opéré 65 verbalisations de véhicules à 135 euros et relevé deux alcoolémies. De par leur ampleur, l’encadrement de ces rave-parties reste important et épuisant pour les forces de l’ordre.
• Points d’eau dans les hameaux pour lutter contre les incendies : Encadrés par la CDCHS en relation avec le SDIS, les aménagements se réalisent peu à peu. Quand un point d’eau naturel n’existe pas, des bâches sont installées.
• Epaves de véhicules : Autrefois, le ramassage des épaves était effectué par un organisme agréé. Ce service a malheureusement disparu.
Le fruit des observations recueillies sur le terrain alimentera le travail législatif de la nouvelle loi-cadre |
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