samedi 12 octobre 2013

Saintes : Jean Rouger boycotte
les primaires socialistes


Isabelle Pichard Chauché en tête des primaires socialistes

La vie de Jean Rouger connaît des rebondissements. Alors qu'il est candidat à sa succession à la mairie de Saintes, il a boudé les primaires socialistes organisées jeudi dernier. Pour lui, cette consultation cachait des "bizarreries. Résultat des courses, Isabelle Pichard Chauché est arrivée en tête de cette consultation...

 Jean Rouger, élu premier magistrat en 2008, serait-il confronté à ce que l'on pourrait appeler un "complot" ? Chez les Socialistes, les primaires départagent les candidats en lice lors du vote des militants. Jusqu'à une époque récente, leur nombre à Saintes était de 87. Or, pour une raison qu'il ne s'explique pas, les adhérents de la section ont augmenté de 163% en quelques semaines ! Et Jean Rouger de s'inquiéter de cet engouement soudain.
Quelqu'un chercherait-il à influencer la section du PS ou plus exactement à en tirer les ficelles ? D'autres personnes que lui briguent la mairie : Isabelle Pichard Chauché, conseillère générale, Julien Papineau, attaché parlementaire de la députée Catherine Quéré et Franck Muscat. Tous PS , tous candidats à la primaire et n'ayant manifestement pas envie de pactiser avec Jean Rouger !

Jean Rouger, maire sortant de Saintes
Lors d'une conférence de presse organisée mercredi, Jean Rouger a joué franc jeu : il a décidé qu'il ne vivrait pas un "remake" des municipales de 2001 où il avait cédé sa place à Jean Moulineau, le poulain du maire sortant Michel Baron. Cette fois-ci, il est aguerri à ce genre d'exercice et n'entend pas rester les bras croisés. Estimant que les résultats de la primaire risquait d'être "faussés" en raison d'adhésions "orchestrées" en sous-main, il a alerté différents responsables du PS à l'échelon départemental et national « des conditions douteuses dans lesquelles se préparait la consultation du jeudi 10 octobre ». Il est à noter que pour participer à ce scrutin interne, il est nécessaire d'être préalablement inscrit sur les listes électorales. C'est la démarche faite par Catherine Quéré, députée, et son époux Jean-Yves Quéré, conseiller général qui demeurent à Chaniers. « Personne ne peut cautionner de telles pratiques qui détournent de leur sens profond les valeurs et la volonté de transparence du PS. Tous les ingrédients sont réunis pour que le résultat de cette primaire soit contesté. Ces manœuvres sont plus déloyales les unes que les autres » souligne Jean Rouger qui se propose de « rassembler les forces vives locales en ouvrant son équipe à de nouvelles personnalités volontaires ». Autrement dit, il ne serait pas contre une entente avec les autres prétendants.
Or, elle n'arrive pas. De ce fait, jeudi dernier, il s'est retiré purement et simplement de la primaire de même que l'équipe municipale qui le soutient dans son action. Inutile de dire que cette attitude a jeté un froid chez les "adversaires" mais néanmoins membres de la famille socialiste. Isabelle Pichard Chauché n'est pas surprise outre mesure : « Jean Rouger m'avait dit voici un certain temps qu'il était légitime et n'avait donc pas à être soumis à une primaire».

 « Je reste candidat » 

« Je ne comprends pas le pourquoi de toutes ces adhésions vu la considération que le PS rencontre actuellement auprès du public » s'interroge Jean Rouger. Voudrait-on le débarquer gentiment ? Voilà qui ravive chez lui de vieilles blessures. Les mauvaises langues prétendent que Catherine Quéré, proche de Ségolène Royal, pousserait son collaborateur Julien Papineau à la mairie de Saintes afin d'asseoir elle-même ses positions dans la cité santone (qui sait si elle ne rêve pas de devenir maire de Saintes et présidente de la CDA !). Par ailleurs, le fils de Michel Baron serait candidat sur la liste d'Isabelle Pichard Chauché. Faut-il y voir, à travers la nouvelle génération, une revanche de l'ex-maire de Saintes envers son meilleur ennemi Jean Rouger ? Toutes les hypothèses sont permises car l'affaire est assez opaque, il faut bien l'admettre.

Ces menaces, Jean Rouger les sent planer au dessus de sa tête. « Si je ne fais rien, ce sera pire. Il est temps d'arrêter la mascarade. Les procédés actuels vont au-delà des règles » avoue-t-il. Il préfère briser l'omerta. Pour lui, Catherine Quéré dépasse les bornes : « son mandat législatif ne lui donne aucune autorité pour traiter des candidatures des collectivités territoriales. Son rôle est à l'Assemblée nationale où se font les lois. Dans une ville de notre taille, un maire sortant qui veut se représenter ne rencontre en général aucun problème de la part des instances de son parti ». Lui si et il ne serait pas un cas isolé en France.

Pour sa part, le Parti socialiste de Charente-Maritime n'a pas suivi la position de Jean Rouger. Par la voix de son secrétaire fédéral Mickaël Vallet, « il a pris acte de ses déclarations et appelé les candidats déclarés à la désignation comme premier des socialistes et les responsables politiques saintais à la modération ». Le vote prévu jeudi 10 octobre en fin de journée a été maintenu et « organisé comme il se doit ». Il a placé en tête Isabelle Pichard Chauché devant Julien Papineau.

Plus déterminé que jamais face à l'adversité, le maire sortant maintient sa candidature aux municipales de 2014 et attend la décision finale de Solférino qui interviendra début décembre. S'il n'obtient pas gain de cause, il se présentera tout de même, mais sans investiture officielle du PS. Voici qui promet un printemps de Saintes agité…

Jean Rouger et  l'équipe municipale
• L'effet Quéré retombé comme un soufflé ?

Les résultats de la primaire ont placé Isabelle Pichard en tête avec 67 voix, devant Julien Papineau 56 voix et Franck Muscat 1 voix, soit 124 votants sur les 180 inscrits de la section saintaise. Un constat s'impose : s'il s'était présenté, Jean Rouger aura enregistré moins de suffrages qu'Isabelle Pichard Chauché. Par contre, et malgré les bruits qui circulaient, Julien Papineau ne s'est pas imposé dans cette élection. Faut-il en conclure que l'influence de Catherine Quéré, députée dont il est l'attaché parlementaire, n'a pas été aussi importante qu'on le laissait prévoir ? Y aurait-il eu "traîtrise dans la traîtrise" ou tout simplement un rappel à l'ordre des instantes départementales afin que cette primaire ne se termine pas dans les arènes de Saintes ?...

• « Catherine Quéré veut-elle faciliter le retour de la droite à Saintes » ?

C'est la question que se pose Isabelle Pichard Chauché face à l'attitude de la députée dont l'attachée parlementaire était candidat à la primaire. « En devenant électrice à Saintes avec son mari, il est évident qu'il y a anguille sous roche » constate la conseillère générale. Elle aussi admet que l'augmentation conséquente du nombre de militants à la section PS est étrange. Et de craindre que cette cacophonie à gauche n'entraîne la victoire de la droite comme ce fut le cas pour Bernadette Schmitt élue en 2001.

 • Rouger fait comme un gardon ?

Il le serait si le Parti socialiste le poussait à retirer sa candidature comme ce fut le cas en 2001. Pour l'instant, Isabelle Pichard Chauché appelle au rassemblement tandis que le maire sortant continue à clamer sa légitimité. Pour cette raison, il entend bien repartir en mars 2014.
En s'isolant de ses bases socialistes, Jean Rouger prendrait un risque : celui de se trouver privé de ses alliés traditionnels. Toutefois, il est de gauche et la mouvance est grande, à commencer par les Radicaux de gauche. Il devra donc manœuvrer habilement pour composer une nouvelle équipe…

• Les élections saintaises ne sont pas un long fleuve tranquille

 Les nombreuses listes passent en général des accords au second tour. Ainsi voit-on des alliances au sein de la gauche plurielle et des Verts. En 2014, les Radicaux de gauche, conduits par Philippe Callaud, présenteront une formation indépendante du PS ainsi que les Verts. Voilà qui va compliquer les choses pour les Socialistes même si, en 2008, Jean Rouger était parvenu à fédérer les différents courants, battant ainsi la centriste Bernadette Schmitt. A droite, la liste conduite par M. Machon semble bien tranquille face à cette effervescence.

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