La traditionnelle cérémonie de remise des prix de l’Académie de Saintonge s'est tenue lieu dimanche 13 octobre au palais des congrès de Royan. En effet, cette année, l’académie quitte Saintes, son berceau d’origine, pour la Côte de Beauté. Sa façon à elle de démontrer qu’elle est l’ambassadrice du département. D’ailleurs, les membres qui la composent accueillent régulièrement ses réunions en divers lieux de Charente-Maritime, c’est pourquoi elle a l’habitude d’associer travaux et découverte du patrimoine.
L’an dernier, la cérémonie, organisée en septembre à Saintes, a revêtu un caractère d’une solennité exceptionnelle liée à la présence de Danièle Sallenave de l’Académie française. En habit vert, elle a rappelé l’importance de posséder un réseau d’académies de province. Jean Mesnard, en habit lui aussi (il appartient à l’Académie des Sciences morales et politiques) exprima le plaisir de l’Académie de Saintonge, jadis dirigée par l’académicien Pierre-Henri Simon, originaire de Saint-Fort-sur-Gironde, d’accueillir dans ses rangs cette personnalité. C’est Danièle Sallenave qui remit le grand prix 2012 au professeur Pierre-Marie Lledo, neurobiologiste, responsable de la découverte des néo-neurones à l’institut Pasteur de Paris. Cette année, le grand prix de l’Académie sera décerné à Jean-Daniel Verhaeghe, réalisateur et écrivain.
Un nouvel académicien a été reçu au 13e siège : il s’agit de Pierre Collenot, historien, présenté par Jacques Dassié.
Marie Dominique Montel, Alain Quella Villeger, Jacques Dassié et Pierre Collenot |
Un nombreux public réuni au palais des congrès de Royan |
• Grand prix de l'Académie décerné à Jean-Daniel Verhaeghe, réalisateur et écrivain, pour son livre Le jeu de l’absence, editions Arléa, et l’ensemble de son œuvre
Jean-Daniel Verhaeghe est créateur de films pour la télévision française. Réalisateur et aussi écrivain. "Le jeu de l’absence" est son second roman. C'est l’histoire de deux amoureux qui décident de se séparer pour mieux se retrouver. Elle s’installe à Rochefort afin d’effectuer des recherches sur Pierre Loti. Il est censé l’attendre à Paris. Tiendront-ils leur pari romantique de rester plusieurs mois sans se voir et d’accroître ainsi l’intensité de leurs retrouvailles ? Sur ce canevas, Jean-Daniel Verhaeghe construit un suspense qui vous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. C’est ce qu’on appelle la tension narrative et c’est sa spécialité dans ses livres comme dans ses films. A la télévision, Jean-Daniel Verhaeghe est célèbre pour ses adaptations des grandes œuvres de la littérature : Bouvard et Pécuchet, Le Rouge et le Noir, Sans famille, Les Thibault, Le clan des Pasquier, Le Père Goriot. Son plus grand succès est sans doute La Controverse de Valladolid, saluée unanimement par la critique.
Jean Daniel Verhaeghe aux côtés de Didier Quentin, député maire de Royan et Marie Dominique Montel |
• Prix René Coutant de l'innovation décerné à Alain Gaboriaud, coordinateur français du robot Curiosity sur la planète Mars
Alain Gaboriaud est d'originine charentaise. Elève du lycée Jean-Monnet de Cognac, il a poursuivi ses études de physique-chimie à Bordeaux avant de rejoindre l’Institut supérieur des Sciences Aéronautiques de Toulouse. Ses goûts et ses tendances lui font choisir le CNES où il est entré comme ingénieur. Sa mission : Chef de projet des contributions françaises au « Mars Science Laboratory». En 2012, presses et télévisions mondiales ont rapporté le voyage, puis l’atterrissage du « Rover Curiosity » : un engin de 900 kilogrammes posé sur Mars, la planète rouge. Pour le lancement, Alain Gaboriaud était en Californie, au Jet propulsion Laboratory, à Pasadena, comme coordinateur de la participation française.
Alain Gaboriaud, ingénieur, présenté par Jacques Dassié |
Largement visité par les scientifiques, le muséum de La Rochelle a ouvert ses portes au grand public grâce à Michèle Dunand. Qui pourrait reconnaître le vieux musée dans le centre scientifique animé qu’il est devenu ? Au prix d’une longue restauration, le Muséum a pris dans la vie culturelle de notre département une place essentielle. Le succès de cette rénovation et la réputation du muséum se sont traduits par la donation du collectionneur belge Jean-Pierre Fillieux qui constitue un ensemble ethnologique inégalé.
Michèle Dunand |
Christine de Ponchalon, c’est le visage et le sourire qui se cachent derrière les reportages qu’elle réalise pour France 3 Poitou Charentes. Il y a peu de gens qui connaissent notre région comme elle. A Poitiers, à La Rochelle, à Royan, elle est la grande dame de notre info régionale et son regard vif nous permet, entre autres, d’être l’une des régions de France 3 où la culture est traitée avec le plus de constance, de curiosité et de talent.
Christine de Ponchalon était représentée par Pierre Louis Boucher, responsable des éditions Bonne Anse |
Claude Margat n’est pas un écrivain local ou régional, il est ici un poète ailleurs, pas les ailleurs fugaces des nomades, mais ceux puissants de l’universel, hors temps, hors champ, sans pour autant être absent des lieux qu’il fréquente depuis l’enfance, à Rochefort où il vit toujours, au point d’être si attentif au marais qu’il le peint désormais à la manière asiatique : des calligraphies à l’encre de chine (présentées au palais des congrès de Royan, en 2009). Cet Orient extrême qui a ressourcé son inspiration, sa manière de penser (il se veut taoïste) et son rapport au monde, son dernier recueil Matin de silence, en témoigne.
Claude Margat et Alain Quella Villeger |
Née à Saintes, Sophie Labbé a toujours été sensible aux odeurs. Elle est un "nez" comme on dit ! C’est la seule femme à avoir remporté le prestigieux prix François Coty qui récompense les créateurs de parfum. Elle a signé des parfums de renom : Organza pour Givenchy, Emporio Lui pour Armani, Saint-Laurent ou Kenzo, Cologne 68 pour Guerlain, etc. Avec magie, Sophie Labbé nous transporte dans les meilleurs souvenirs de notre enfance charentaise.
Sophie Labbé (à droite) et Roselyne Coutant, responsable de l'Aquarium de la Rochelle et créatrice du prix de l'innovation René Coutant |
Georges Richard a vu le jour en Bretagne, où est née sa passion pour les coquillages qu’il collectionnait sur les plages. Sa passion s’affirma lorsqu’après avoir été instituteur en Bretagne, il fut envoyé en 1967 en Polynésie française pour y effectuer son service militaire. Déposé sur une île déserte pendant quelques mois pour y mesurer l’effet des essais nucléaires sur les mollusques, il mit à profit cet exercice forcé pour approfondir ses connaissances et ses collections. Cette « étude sur les mollusques récifaux de Polynésie française » lui a servi de support pour préparer son diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et une thèse d’état soutenue en 1982 à l’Université Paris 6. Professeur d’université à La Rochelle, en 1992, puis directeur du Laboratoire de Biologie marine, au gré de ses voyages, il a rassemblé l’une des plus importantes collections de cônes du monde, comprenant près de 20 000 spécimens et 900 espèces, dont il a fait don au Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle.
De droite à gauche, Georges Richard, Thomas Brosset, Sophie Labbé et Pierre Louis Boucher |
Tout est vrai dans le livre de Jean-Louis Berthet. Le Naufrage d’une frégate partie de l’Ile d’Aix en 1816 à destination du Sénégal, la création d’un des plus grands chefs-d’œuvre de la peinture, et une vie brisée entre rêves de gloire et préjugés de son temps. Le naufrage est celui de la Méduse avec à son bord des marins, des médecins, des civils et des officiers issus pour la plupart des côtes charentaises et dirigés par un incapable. Le livre raconte le bateau qui s’échoue, le radeau où 150 passagers dérivent pendant douze jours avant d’être retrouvé avec seulement 15 survivants. L’auteur est un Charentais de cœur, haut-fonctionnaire et homme politique, qui a déjà publié plusieurs ouvrages sur sa patrie d’adoption. Il a trouvé ici un triple mystère à élucider qui réjouira à la fois les historiens, les amateurs d’art et de suspense.
Jean Louis Berthet, Marie Dominique Montel et la représentante de la ville de Rochefort |
De gauche à droite, Nadu Marsaudon, Jean-Louis Berthet, Michèle Dunand, Jean Daniel Verhaeghe et Jean de Mathan |
Marsaudon est un artiste atypique. Savez-vous que la Sainte-Thérèse statufiée de l’église Notre Dame de Royan, près du tombeau de Guillaume Gillet, est de lui ? Comme les belles affiches, agréablement féminisées, dans les rues de Royan, à la gloire de parfums, de vêtements, de restaurants ou de boites de nuit célèbres ? C’est le côté « pop » du créateur, la façade publique qu’il s’est donnée pour vivre pleinement caché dans la nature de l’estuaire, au milieu des rêves surréalistes qu’il dessine, peint, sculpte, avec la modestie d’un grand maître toujours inquiet.
Nadu Marsaudon, la représentante de la CDA et Bernard Mounier |
Si Judith Rapet enseigne la musique, elle est aussi historienne, romancière, ethnologue. Le désir d’étudier le passé lui est venu quand elle suivait les conférences de l’Université d’été organisées par Jean Glénisson. Son domaine de prédilection ? La Saintonge méridionale et le Petit Angoumois, autour de Baignes et de Chevanceaux avec, au point de départ, le merveilleux fonds de Crussol d’Uzès conservé aux Archives départementales. Tous les romans de Judith Rapet ont un point commun : l’héroïne est une femme, souvent accablée par les soucis de la vie : le mari, les maternités incessantes, les soins aux enfants, le travail qui ne connaît aucun répit, les décès, la vieillesse qui vient trop vite. Mais chez Judith Rapet, ces épouses ne sont ni soumises, ni résignées, ce sont déjà des femmes libres (trouvées dans les archives du XVIIIe siècle) qui choisissent leur sort et osent vivre en dehors des interdits. Voyez la dernière, Jeanne, héroïne de "Mariés par testament" qui déroule une partie de son existence dans les champs de Courcouteaux. Elle a également participé à "L'histoire de la bujhée dans les deux Charentes", un ouvrage illustré par les belles photos de Jean-Marie Grasset.
Judith Rapet aux côtés de Marc Seguin et de Francis Savin, représentant la Communauté de Communes de Haute Saintonge |
Héritiers des seigneurs d’Echillais, Jean de Mathan et son épouse ont entrepris de rendre au petit château de la Bristière son charme mais aussi sa vitalité. Ils y organisent régulièrement animations et lectures vivantes. En dix ans, La Bristière est devenue l’un des principaux laboratoires du Livre Vivant, une action crée en 1946 par le saintongeais Jean Nazet et poursuivie Michel Philippe.
Jean de Mathan et Jean Mesnard |
Les dames d’Échillais « font dans la dentelle au fuseau » se retrouvent chaque mercredi et samedi. Il y a plusieurs sortes de dentelle : à la fourche, à la navette et à l’aiguille, appelées « frivolités » et la dentelle au crochet. L'association des dentellières de Saintonge, une bonne vingtaine de bénévoles, a été créée en 2001 par Brigitte Derouard. Ces passionnées réalisent des dentelles aux longueurs variées et des sujets créés de toutes pièces comme des tableaux.
Le prix Louis Joanne décerné aux Dentellières de Saintonge |
• Prix Champlain à Thomas Brosset pour son livre "Les filles de La Rochelle"
Parties de La Rochelle pour peupler la Nouvelle France, les héroïnes de Thomas Brosset s’inspirent de vies et de personnages ayant réellement existé. Ozanne Achon de Chambon, embarque sur le Taureau en 1657, en passagère clandestine. Reçue par Marie de l’Incarnation, première supérieure des Ursulines de la Nouvelle France, elle se marie à un docker Pierre Tremblay originaire d’un petit village du Perche. Elle aura douze enfants et sera à l’origine de la plus grande famille d’Amérique du Nord. Son fils aîné aura 15 enfants, et le fils de ce dernier, 19… Né dans les Deux-Sèvres, Thomas Brosset est journaliste à Sud-Ouest depuis 1976. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages.
Thomas Brosset et Marc Fardet |
Ancien élève de l’école des métiers d’Art, des Art-Déco et de l’école Estienne, André Arvis a dirigé pendant de nombreuses années le département « Publicité » d’un grand groupe international à Paris. Saintongeais depuis un quart de siècle, il a su impulser un réel dynamisme à la création artistique en présidant l’association « La palette angérienne » de 1995 à 2009. Il a, sans relâche, organisé rencontres, salons et expositions ; démontrant qu’un artiste peut toujours attende une aide réelle de ses pairs, contrairement à ce qu’a écrit Jean Cocteau dans « La difficulté d’être ». Au cours de sa vie, André Arvis n’a jamais cessé de peindre.
Jean Combes et André Arvis |
Le Fi a Feurnand Le fi à Feurnand naissu en 1966 à Saint Jhean d’Anjhélique est le fi de Feurnand et d’Hélène, paisans veugnerons à Haimps, canton de Matha à la limite dau pays bas et dau pays haut. I l’a t’appris le patoué anvec son père qu’a su zi douner l’envie de causer. En 2011, ol est dans sa coumune qui d’vint metteur en scène peur in spectaclle Bonjhour Saintonjhe jhoué à Haimps et à Matha anvec la troupe « Au Fil du Briou» menée peur son frère. Thieu compositeur a asteur ine boune quinzaine d’émolés chantés qu’i voudrait bin vouer dans in nouvia spectaclle. Le 9 mars à Saintes au jhardin publlic i chante La valse dau cougnat devant la statue de Goulebenéze qu’a cor chanjhé de pllace. Ses émolés allant ête mis dans le Subiet, jhornau de 112 printemps.
Dominique Porcheron avec Jacqueline Fortin |
Reportage/Photos Nicole Bertin
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