Qualifié « d'orfèvre guitariste » par la critique, Oli Le Baron se produisait à Jonzac samedi dernier à l'occasion des rencontres de jazz que propose Maïté Auboin Hannoyer au cloître des carmes. À son retour des Etats-Unis, elle l'a contacté et l'idée d'un concert estival s'est alors concrétisée.
Oli Le Baron conjugue de nombreuses cordes à son arc : c'est là que réside sa force. Créer l'étonnement, la fantaisie, l'émotion. Il quitte sa casquette gavroche et ses lunettes pour arborer une chemise noire sur les traces des bluesmen qui l'ont précédé. Sur scène, il se pose et s'expose, de préférence en bonne compagnie. Le son est là, rond, puissant. Une belle définition métallique dans l'attaque saupoudrée d'un soupçon de saturation et d'un écho vif, comme une correspondance avec l'immensité.
Oli n'aime pas les contraintes sauf celles qui lui permettent d'explorer le vaste répertoire musical. L'évasion a un prix. Il est libre, rocker et séducteur, chanteur et guitariste. Libre d'inventer, d'arranger des morceaux, de composer avec ce côté Peter Pan qui le conduit d'Amérique en Europe avec une étonnante facilité. Et comme ses journées sont plus longues que 24 heures, il part à l'abordage des capitaines Crochet qui sclérosent l'éclosion des talents et phagocytent l'expression.
Oli et Dick Rivers se connaissent bien. Et pour cause, il a écrit les chansons de son dernier CD. |
• Oli le Baron répond à nos questions :
Samedi dernier à Jonzac, votre quintet, Oli's Funerals, a donné un bel aperçu de ses multiples facettes. Une soirée pas triste pour des funérailles…
Comme vous l'avez vu, ce ne sont pas des funérailles musicales. Je ne suis pas gothique ; au contraire, je suis plutôt éclectique ! J'ai donné ce nom au groupe en clin d'œil aux années que j'ai passées à la Nouvelle Orleans. La spectacle est un tour d'horizon qui va de la Louisiane aux bars enfumés de New York en passant par les guinguettes des bords de Marne et les cabarets berlinois. Sans oublier la touche glam rock.
Comment est née cette passion pour la musique ?
Enfant, je vivais dans le centre de Bordeaux avec mes parents. Mon père a toujours eu une très bonne oreille, je pense que je tiens de lui ! Il était amoureux de la musique. Je l'entendais jouer de divers instruments. Il était doué, c'est une évidence. Il m'a appris des accords de guitare. J'ai fait du piano de 6 ans à 12 ans, en école ou avec des professeurs qui venaient à la maison. Les choses ne passaient pas très bien car j'étais déjà très libre dans mes interprétations ! Ils disaient que je n'en faisais qu'à ma tête ! Adolescent, j'ai monté un groupe à Gradignan avec des copains. Nous changions de nom toutes les semaines. Un soir, on a fait une boum quelque part dans Bordeaux et le timide que j'étais s'est métamorphosé. Je suis devenu un grand admirateur d'Alice Cooper, des Rolling Stones, de David Bowie. Et de beaucoup d'autres ! J'ai aimé ce décollage. La première scène que j'ai faite est l'Olympia en 1979 avec les Fanatics. Il s'agissait d'un gros festival où se produisaient plusieurs groupes.
Parlez-nous de Dick Rivers…
Je ne suis pas né avec le tee-shirt des Chats Sauvages. J'avais 15 ans quand il a signé avec ce groupe. Au départ, je n'avais ni a priori, ni extase. Le parrain de mon fils m'a mis en contact avec lui. J'ai composé une première chanson pour son album. C'est parti comme ça. Puis est venu l'album de ses 50 ans de carrière où Dick chante mes chansons. J'ai monté toute l'équipe ; les musiciens viennent d'univers différents et se complètent bien. Nous sommes toujours contents de nous revoir ! Dick est un ami fidèle et j'apprécie la fidélité. Il a une véritable ouverture d'esprit.
Quels sont vos projets ?
J'ai toujours un studio d'enregistrement que j'emmène avec moi. C'est comme s'il était en kit ! Après Los Angeles, il se trouvait dans une gare marchande de la région parisienne. Cette semaine, il sera déménagé près de Toulouse pour l'enregistrement du nouvel album de Dick Rivers. Nous allons nous poser dans la salle des gardes d'un château, y mettre nos guitares, les amplis. Le CD devrait sortir en 2014. Le spectacle Oli's funerals va se poursuivre mais avec une mise en scène plus importante, des filles qui dansent en particulier. J'ai deux groupes, Suicide pool et Oli's funerals. Je suis un touche à tout, j'ai toujours été comme ça. J'aime chanter, composer, danser, jouer de la musique. Je m'ennuie assez vite, ceci explique cela. Tout est question d'ambiances. Pour moi, il est assez naturel de passer de Clignancourt au Cotton club ! Par ailleurs, je me suis rapproché du chorégraphe Philippe Découflé que j'ai rencontré l'an dernier à la Villette. C'est pourquoi je participe au nouveau final du Crazy Horse où l'une des mes chansons fait partie du spectacle.
Reportage/photos Nicole Bertin
Maïté Auboin Hannoyer, responsable des rencontres de jazz de Jonzac |
Un nombreux public réuni au cloître des carmes |
• Touche à tout : « On m'a mis une étiquette de guitariste un peu flamboyant en raison des années Aubert. En fait, j'aime bien jouer de la guitare, mais aussi de la batterie, bass et saxophone. Je n'en joue pas aussi bien que Mathias Luszpinsky qui est vraiment doué au sax. Sa femme Ayet est costumière, compositrice et chanteuse. Ensemble, nous avons des projets ».
• Etat civil : De son vrai nom Olivier Vincent de la Celle. « C'est Corto, un ami, et Korin Ternovtzeff (Enzo Enzo) qui m'ont baptisé Oli Le Baron» .
• Dans les années 90, Oli le Baron a créé aux USA le groupe Baron Jive (Album Weird Luck en 1994 chez Nite and Day) et fait une tournée avec Sylvain des New York Dolls en 92 et 93. En France, il a participé aux albums et aux tournées de Syl Sylvain, de 1992 à 2001, et de Jean-Louis Aubert. On le retrouve ensuite aux côtés du groupe Alice Texas, puis de Geoffrey Oryema. Jusqu'en 2009, il a travaillé avec le chanteur Raphaël et, plus récemment, avec Dick Rivers avec qui il prépare un nouvel album.
• Oli's Funerals : au chant et à la guitare Oli Le Baron, au piano Olivier Riquet, au saxophone Mathias Luszpinsky, à la guitare basse Jérôme Goldet et à la batterie Florian Bellecourt.
• Mickey Blow : joueur de blues harp, c'est un sacré personnage. Né en Centre Afrique, ce baroudeur a côtoyé les plus grands groupes. « Il a son monde à lui, c'est une belle personnalité» souligne Oli le Baron.
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