« Nous construisons des vies et moi,
j’en suis un exemple »...
C’est par ce témoignage ô combien émouvant d’un jeune habitant du Honduras que le Père Patricio, missionnaire dans ce pays d’Amérique Centrale, a montré combien il est important de tendre la main pour former une chaîne…
Entouré de bonnes volontés (un réseau pour utiliser un terme actuel), il a créé des écoles à Tegucigalpa qui accueillent 3 000 élèves. Le principe ? Que les aînés qui ont un jour reçu cette main tendue aident à leur tour les plus jeunes. Dans l’un des pays les plus pauvres au monde, où la drogue et la violence sont de véritables fléaux, le Père Patricio a osé relever le défi en comblant un vide. Les écoles publiques sont satisfaites quand les élèves connaissent l’hymne national. Les écoles privées, quant à elles, sont ouvertes aux classes aisées et se donnent bonne conscience en recevant 5 % « d’indigents ».
Lui a imaginé un monde ou règnerait l’égalité. S’ils ont un uniforme, les élèves qui fréquentent Sainte-Thérèse ou Sainte-Claire n’ont pas besoin de porter des chaussures noires et une ceinture (obligatoires pour entrer à l’école publique), ils doivent être animés de bonnes intentions et avoir l’envie de s’instruire. « En responsabilisant les enfants, nous créons une chaîne de solidarité au cœur de cette jeunesse défavorisée » explique-t-il. Car il y a un fossé entre l’école et le quotidien des familles.
Le nouveau groupe scolaire en cours d'aménagement |
Comment vivent les enfants du Honduras
Invité par le club Inner Wheel de Jonzac que préside Françoise Beaulieu, le Père Patricio était reçu mercredi après-midi aux Brissons de Laage, domaine de la famille Bertrand qui entretient d’étroites relations avec le monde hispanique. D’ailleurs, c’est toujours avec plaisir que Thérèse a assuré les traductions.
Le matin, l'arrivée des enfants et des professeurs par le bus |
L'association Inner Wheel réunie avec le Père Patricio chez Simone Bertrand |
Le Père Patricio et Françoise Beaulieu, présidente du club Inner Wheel de Haute Saintonge |
Construire la société de demain
« L’école publique dispense 82 jours d’enseignement dans l’année. Nous en proposons 220 » précise le Père Patricio qui annonce la construction d’un troisième bloc scolaire avec dortoir. En effet, les pensionnaires viennent de loin. Les plus assidus suivront des études supérieures, en Espagne le plus souvent. Les autres apprendront un métier selon un principe qui porte ses fruits : le matin, ils donnent de leur temps à la collectivité ; l’après-midi, ils étudient. « C’est ainsi qu’ils deviennent responsables et travailleurs ». Les projets ne manquent pas. L’un d’eux s’est concrétisé grâce à un entrepreneur espagnol, Antonio, qui possède une usine de jeux éducatifs. Travaillant avec l’association depuis 2004, il a réussi à persuader, avec le Père Patricio, une propriétaire de vendre ses terres. Convaincue par les arguments avancés par les deux hommes, elle a signé l’acte. Sur cette vaste étendue, ont été faites diverses plantations de haricots noirs, des légumes, des arbres fruitiers. On y élève des poules, des vaches. Bientôt, y sera développée une activité piscicole et on y récoltera du café. Son nom ? « Père Patricio, celui dont on ne peut plus se passer » ! Bref, la ferme, qui emploie de nombreux jeunes, démontre qu’elle peut s’auto-financer.
Dominique, quant à elle, a vécu une expérience forte au Honduras en assistant les personnes en phase terminale atteintes du sida. Le centre a ouvert ses portes en 1998. « Je suis d’accord avec le Père Patricio. Dans ce pays, on passe en quelques heures de l’enfer au paradis. Il a beaucoup à y faire, mais si l’on donne, on reçoit ». Sur ce chapitre, elle a adopté une petite fille qui a aujourd’hui 18 ans.
Le Père Patricio est heureux de présenter des jeunes qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu en suivant un cursus universitaire. « On construit des vies et moi, j’en suis un exemple » déclare l’un d’eux. La rencontre s’achève sur des remises de prix aux écoles. Les meilleurs lecteurs sont récompensés dont l’un est un fervent adepte des romans de Jules Verne. Un autre, aveugle de naissance, a appris à lire et à jouer du piano. Ce bel engagement est à souligner.
Qu’ajouter de plus sinon que vous pouvez, si le souhaitez, parrainer un enfant fréquentant l’une des écoles du Père Patricio. Les membres du club Inner Wheel ont chacune un ou un(e) petit(e) filleul(e). Mercredi, elles ont reçu un courrier de leur part assorti d’un dessin. Inutile de vous décrire leur joie…
• Le projet social du club du club Inner Wheel de Jonzac est d’apporter une aide à des enfants du Honduras, d’un faubourg de Tegucigalpa où œuvre depuis une vingtaine d’années le Père Patricio Larrosa qui est le relais sur place. Les dons collectés sont intégralement et directement utilisés pour l’éducation des enfants.
Reportage Nicole Bertin
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