samedi 1 juin 2013

Georges Pompidou
à travers ses correspondances :
L’homme et le président


Samedi 1er juin, se tiendra à Saintes une conférence exceptionnelle organisée par l’Abbaye aux Dames, les éditions du Croît Vif, chères à François Julien Labruyère, et l’Académie de Saintonge que dirige Marie-Dominique Montel. Les invités, Alain Pompidou et Eric Roussel, coauteurs d’un livre consacré à Georges Pompidou paru chez Robert Laffont, présenteront à travers des correspondances inédites celui qui fut le président des Français de 1969 à 1974. 

« Georges Pompidou est resté dans le cœur des Français » souligne Alain Pompidou avec enthousiasme. Depuis la parution du livre « Pompidou inconnu » qu’il a consacré à son père avec l’historien Eric Roussel, il s’est aperçu que les lecteurs n’ont pas oublié ce président de la République parti trop tôt de la scène publique. Quelle que soit leur génération.
« Sur les salons, des jeunes achètent cet ouvrage pour l’offrir à leurs grands-parents. L’intérêt que suscite mon père ne se cantonne pas aux personnes qui l’ont connu à la fin des Trente Glorieuses ».


Après le Général de Gaulle, Georges Pompidou, dont il fut le Premier ministre, a effectivement marqué son époque. Par ses actions de modernisation qui favorisèrent la croissance économique, son souci de doter le pays d’équipements modernes et performants, son goût de l’esthétique et de l’art contemporain.
Un homme perspicace et intelligent dont la femme, Claude, rencontrée dans un cinéma du boulevard Saint Michel, fut l’amour de sa vie. A leurs côtés, Alain, leur fils unique, ne pouvait que boire l’eau de cette claire fontaine. Elle l’a conduit vers la médecine, où il a fait une brillante carrière, et à la politique (il a été député européen).


Un jour, pensait-il rendre hommage à son père à travers une publication ? Il faut dire que le hasard a bien fait les choses. En révélant deux séries de correspondances inédites, lui-même et Eric Roussel ont réalisé un travail inédit sur Georges Pompidou. Il n’y a pas si longtemps, en effet, le meilleur moyen de communiquer était l’encre courant sur le papier : on s’écrivait avant que les mails, plus inodores et surtout plus brefs que les missives, n’enlèvent le parfum qu’apportent les émotions et les mots.


Le premier échange vient de Robert Pujol, camarade de Georges Pompidou depuis la classe de quatrième. Tous deux fréquentaient le lycée d’Albi. « Leur lien est resté intact durant plus de quarante ans, de 1928 à 1974. Une belle amitié ! » remarque Alain Pompidou. « A la mort de Robert Pujol, sa fille, qui est une grande pianiste, m’a remis quelque deux cents lettres qui présentent mon père sous une autre facette ». Jeunesse, interrogations, engagements, illusions et désillusions, responsabilités.
Les témoignages sont nombreux tout au long d’une carrière qui a conduit l’intéressé de l’enseignement (il était professeur de lettres) à l’Elysée de juin 1969 jusqu’à sa disparition brutale en avril 1974, emporté par la maladie de Waldenström.
En recueillant 58,21 % des suffrages exprimés face à Alain Poher, son élection à la présidentielle fut l’une des plus "brillantes".

 Tout à la fois dévoué et indépendant 

 La seconde correspondance concerne René Brouillet, directeur de cabinet, qui introduisit en 1944 Georges Pompidou dans l'entourage immédiat du Général de Gaulle. « De Gaulle avait été séduit par l’esprit de synthèse de mon père qui souhaitait participer au redressement de la France. Il savait rassembler autour de lui ». Malgré leur proximité et son dévouement, Georges Pompidou n’a jamais été assujetti au Général. « En 1962, il s’est opposé à lui dans l’affaire Jouhaud qui échappa de peu à la peine de mort. Finalement, il fut gracié par de Gaulle et amnistié en 1968 ».

La correspondance entre Georges Pompidou et René Brouillet, qui fut ambassadeur de France à Vienne et auprès du Vatican, s’étend de 1944 à 1974. Remise à Eric Roussel par le fils de René Brouillet, elle montre l’aspect humain de Georges Pompidou, son goût pour les arts et les lettres, sa capacité d’écoute et sa quête d’un bonheur partagé. Ces confidences sont un reflet précieux, non seulement sur celui qu’il appelle « Charles », mais aussi sur les hommes politiques du moment, Chaban, Poher, Debré…

C’est donc à la fois un homme connu et inconnu que présenteront Alain Pompidou et Eric Roussel samedi 1er juin à l’abbaye aux dames. Un président attachant, humaniste, rigoureux et indépendant qui pouvait s’écarter des sentiers battus sans jamais perdre de vue l’intérêt général.

• Rendez-vous à 15 h 45, entrée libre, séance de dédicaces et verre de l’amitié après la conférence. Renseignements au 05 46 97 46 52. Pompidou inconnu, lettres, notes et portraits, éditions Laffont. 

• Alain Pompidou est le fils adoptif de Georges et Claude Pompidou. « Le secret a été bien gardé et je ne l’ai appris que vers 20 ans, à un âge où j’avais une capacité de raisonnement. Je n’ai pas jugé bon d’aller consulter les registres des naissances me concernant. Je n’ai jamais éprouvé le besoin de savoir. Mes parents étaient chaleureux, fusionnels, ils s‘aimaient. Qu’attendre de plus ? ».

Qu’Alain Pompidou ait consacré sa vie à la médecine n’a rien d’étonnant : « Durant les vacances, j’étais souvent auprès de mon grand père qui était médecin dans la Mayenne. Le matin, je l’accompagnais à l’hôpital et l’après-midi, nous allions faire les visites des malades dans les fermes ». Ces contacts, simples et authentiques, ont laissé d’excellents souvenirs à Alain Pompidou.

• Au sujet de l’affaire Markovic : Il s’agissait d’un complot fait pour que Georges Pompidou ne brigue pas la Présidentielle. La manipulation visait à salir son épouse Claude en l’impliquant dans une affaire de mœurs. Rappelons les faits : En 68, le corps décomposé de l’ancien garde du corps d’Alain et Nathalie Delon, Stevan Markovic, est retrouvé dans une décharge. Alors que l’instruction se dirige vers Alain Delon et un dénommé François Marcantoni, une lettre anonyme publiée dans le journal le Figaro implique des personnalités parisiennes dans des soirées douteuses, des « partouzes », organisées par le fameux Marcantoni. Sur l’une des photos, on croit reconnaître Claude Pompidou. C’est un grossier montage, bien entendu. « Le complot a fini par faire pschitt . Qui était derrière ? Des gaullistes de gauche, une partie d’anciens résistants ? On le saura quand les archives seront enfin accessibles… On a cherché à blesser mes parents, qui étaient très liés, dans ce qu’ils avaient de plus intime. Ma mère avait du caractère, elle a surmonté cette épreuve en se tenant au-dessus de la mêlée. Mon père a été très choqué par cette sordide machination ». Quand il a été élu à la présidence de la République, le Général de Gaulle, qui ne l’avait pas soutenu dans l’affaire Markovic, contrairement à Marie-France Garaud, Michel Jobert ou Jacques Chirac, lui a écrit : « il était archinaturel et tout à fait indiqué que vous vous présentiez ». Les urnes avaient parlé...

• Alain Pompidou travaille actuellement sur la biologie de synthèse dont les applications peuvent être nombreuses. Elle pourrait apporter, entre autres, des thérapies plus efficaces, des médicaments moins chers, de nouveaux matériaux facilement recyclables, des biocarburants, des bactéries capables de dégrader les substances toxiques de l'environnement.

Georges Pompidou est l'auteur d'une anthologie de poésie qui fait toujours référence longtemps après sa première publication.

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