mercredi 24 mars 2010

Patois poitevin saintongeais :
le point de vue de Maryse Guédeau


Directrice du magazine Xaintonge, Maryse Guédeau répond à Michel Valière :

" Que l’on nous autorise à signaler que le poitevin-saintongeais Michel Valière, comptant corriger des erreurs dans l’article de M. Poirier, fait de la désinformation.
Jacques Duguet n’est pas Saintongeais, mais Poitevin de Chauvigny dans la Vienne, dont il est l’historien.
Jacques Duguet n’a pas suivi la Sefco, il ne participe qu’au tome 1 de son Glossaire et si son nom figure sur les autres tomes, c’est uniquement qu’il a laissé faire par courtoisie. Son nom n’est pas sur le dernier tome (les rajouts), tome qu’en Charentes on préfère, car là ce sont des Saintongeais qui sont intervenus pour compléter le vocabulaire des autres tomes un peu trop deux-sévrien et vendéen.
Enfin, M. Valière oublie de signaler que Jacques Duguet était avec nous dans le premier Collectif pour la défense de l’identité saintongeaise visant à faire supprimer le poitevin-saintongeais et cela, non sans raison. Merci de se reporter au n°17 qui retrace l’histoire de la reconnaissance du saintongeais Langue de France.

Nous ne pouvons que nous étonner que M. Michel Valière, ancien ethnologue régional et fondateur de l’Upcp, charge ainsi M. Duguet, Académicien de Saintonge et rende la Sefco responsable du poitevin-saintongeais, et donc, les Saintongeais eux-mêmes ! Il omet de signaler l’appropriation malhonnête qui a été faite des travaux de Jacques Duguet pour justifier l’existence du poitevin-saintongeais, en sérieux déficit de contenu ; une appropriation de la même teneur que celle à laquelle on assiste aujourd’hui où la Société anonyme d”édition de l’Upcp, fait tomber un à un les auteurs saintongeais dans la soi disante Langue régionale ! Il oublie de rappeler la pression faite sur la Sefco, où à Saint Jean d’Angely, Mme Jagueneau et lui-même imposaient la propagande de l’écriture poitevine-saintongeaise dans le Subiochon, sinon, pas de subventions ; et il oublie de mentionner qu’ils sont venus jusqu’à la maison de Jeannette pour contraindre le patoisant Hubert Rouger à écrire un de ses textes en poitevin-saintongeais s’il voulait recevoir le prix régional de Langue auquel il avait individuellement concouru. Ce que l’intéressé a refusé. Lire aussi Xaintonge n°17.

Nous partageons totalement l’avis de James Poirier, “il ne s’agit plus d’influence intellectuelle mais d’acte de pouvoir...” et “M. Valière n'aborde pas la vraie question ici en débat, celle du pouvoir de faire radier de la liste des langues de France deux parlers distincts : le poitevin et le saintongeais”. Nous avons déjà demandé à M. Valière, pourquoi après avoir salué officiellement la reconnaissance du saintongeais Langue de France (cf. Xaintonge n°17), il est intervenu avec Mme Jagueneau à la DGLF pour le faire supprimer alors qu’il était protégé par l’article 75-1 de la Constitution ? Nous attendons toujours sa réponse".

Maryse Guedeau

Patois poitevin saintongeais : Réactions de Michel Valière et James Poirier


Michel Valière, ethnologue, répond à l'analyse faite par James Poirier au sujet du poitevin saintongeais :

« Si je peux partager certaines critiques, je me permets toutefois de souligner deux erreurs, l'une chronologique ; l'autre, si j'ose dire, de droits patrimoniaux quant au concept de poitevin-saintongeais.
James Poirier affirme tout de go que ce sont des poitevins qui ont créé dans les années 90 cette notion insatisfaisante de poitevin saintongeais. Il s'agit de rumeurs infondées. Il suffit de se reporter à la page 189 du bulletin de la Société d'études folkloriques du Centre Ouest, septembre Octobre 1971, à l'article "Graphie normalisée et Dictionnaire" (à cette date, l'UPCP avait deux ans, et les acteurs d'aujourd'hui, pour certains en culottes courtes ou non encore présents parfois dans la région et pas dans l'union d'associations qu'était à l'époque l'UPCP). C'est sous la plume d'un Saintongeais de Rochefort, grand érudit, Jacques Duguet, respecté de tous, qu'apparaît pour la première fois cette notion, sans référence à l'UPCP. Elle se jettera dans la politique des langues en 1981, dix années plus tard à partir du groupe de travail Henri Giordan (CNRS), mis en place par Jack Lang et par le Ministre de l'Education Nationale Savary, à la suite du discours de François Mitterrand de 1980, dit Discours de Lorient sur la promotion des langues régionales de France.
A l'époque, J. Duguet travaillait avec la SEFCO à la rédaction d'un dictionnaire concernant à la fois la Charente, la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres, la Vienne et la Vendée dont il avait préconstruit la lettre A jusqu'à ABR et souhaitait, naturellement, une cohérence graphique. Je cite l'article de Duguet en page 189 : « Il a fallu créer un système de graphie normalisée applicable à l'ensemble dialectal concerné par ces travaux. Aussi est-il nécessaire de définir d'abord ce système ». Il s'ensuit un intertitre en caractère gras : "Système de graphie normalisée du Poitevin Saintongeais." Quelques lignes plus loin : La Tribune du Parlange du numéro de mars-avril 1970 du bulletin de la SEFCO a ouvert un débat capital sur la graphie du dialecte poitevin-saintongeais et p. 192 " pour peu qu'aucun doctrinarisme ne s'élève intempestivement contre lui et que chacun veuille faire le travail minime d'assimiler ses principes très simples, il fera faire d'énormes progrès à l'expression écrite du Poitevin-Saintongeais."
Ce sont des faits vérifiables dans la première bibliothèque abonnée à la SEFCO, et en tout cas, au moins à la Maison de Jeannette à Saint-Jean-d'Y, siège de la SEFCO. Remarquez qu'à cette époque, E. Nowak avait déjà 5 ans ! L. Jagueneau venait de passer son bac deux ou trois ans avant et ne se souciait guère de querelles linguistiques, avant de se lancer beaucoup plus tard, après son agrégation de lettres et une première thèse de troisième cycle sur des phénomènes de sandhi, dans la rédaction d'une thèse d'état sur le thème du poitevin saintongeais...
Une question : Pourquoi donc charger l'UPCP de cette invention ? Le problème n'est pas là. Dans les faits, c'est essentiellement le système graphique de Duguet, bousculé au début des années 1980 qui va allumer la mèche de la discorde. Le système inventé alors par le groupe de travail autour de l'atelier UPCP va semer un trouble compréhensible, jusqu'au rejet pur et simple, dans les rangs des patoisants, qu'ils soient poitevins ou saintongeais. De fil en aiguille, de grief en grief, justifiés ou non, la zizanie s'est installée durablement jusqu'au point de rupture du trait d'union installé par Duguet, repris et cultivé par d'autres. Personnellement, je n'utilise pas le système de 1980, mais celui de la SEFCO initié par Duguet, lorsque j'ai besoin de transcrire un mot ou quelque phrase rapportés du terrain ».

Merci Michel Valière pour cette mise au point qui a, bien sûr, attiré l'attention et la réponse de James Poirier :
« De quoi parlons-nous, d'influence ou de pouvoir ? De recherches éthno-linguistiques ou d'autorité sur les langues régionales ? Que les initiatives culturelles ou scientifiques conduites par des chercheurs, des associations ou des amateurs éclairés aient une influence sur l'intérêt porté aux langues régionales ou sur les locuteurs eux-mêmes, tout le monde en conviendra et cela n'est pas critiquable, bien au contraire, car cela participe aujourd'hui de la vie de ces langues. En revanche, quand la référence à ces mêmes travaux conduit à une décision formelle de l'autorité publique conduisant à supprimer le saintongeais de la liste des « Langues de France », il ne s'agit plus d'influence intellectuelle mais d'acte de pouvoir. Ce que nous contestons formellement ce n'est pas le parcours scientifique ni l'histoire, fort estimable, d'une somme de recherches savantes sur les langues d'oïl méridionales atlantiques mais c'est le poids d'une décision nationale, en l'occurrence celle de la DGLF, vécue comme l'exercice autoritaire d'un pouvoir de fait. A ce titre, l'exposé fort sympathique de M. Valière n'aborde pas la vraie question ici en débat, celle du pouvoir de faire radier de la liste des langues de France deux parlers distincts : le poitevin et le saintongeais ».

Asteur, j'hallons en rester là !!!

lundi 22 mars 2010

Régionales en Poitou Charentes :
Une claque pour Dominique Bussereau
Une rampe pour Ségolène Royal


Il y a plusieurs façons de donner une claque. Dans le dos, elle peut être amicale, à la manière de Françoise Coutant qui a scellé une alliance verte avec Ségolène Royal. Elle devient sévère quand le chef de file UMP en Poitou-Charentes, Dominique Bussereau, n’obtient pas la majorité dans le département dont il est président du Conseil Général.

Ségolène Royal : une rampe vers la Présidentielle ?

Quelles sont les leçons à tirer de cette élection régionale ? Tout d’abord, le désintérêt des électeurs : bien que meilleur au second tour, le taux de participation n’a été que de 53,49%. Les urnes n’ont pas fait recette !
La défaite de l’UMP est assez simple à comprendre : les citoyens ont montré qu’ils ne cautionnaient pas les grandes lignes de la politique de Nicolas Sarkozy. En tant que membre de son gouvernement, le secrétaire d’Etat aux Transports était aux premières lignes, comme nombre de ministres en position semblable. Ce scrutin régional a donc pris une teinte nationale. Par ailleurs, Dominique Bussereau, atteint par le cumul des mandats, n’a pas caché qu’il démissionnerait au lendemain des élections. Dans ces conditions, on comprend le scepticisme de certains militants qui auraient préféré que la liste de droite soit conduite par Henri de Richemont, conseiller régional sortant, ou Sylvie Marcilly, maire de Fouras.
Cependant, la déception de Dominique Bussereau est logique en ce sens où les territoires qui lui sont habituellement favorables ont plébiscité Ségolène Royal. La Haute Saintonge, par exemple, lui a donné un score insuffisant alors qu’il avait en 9ème position Nicolas Belot, fils de l’ancien président UMP du Conseil Général et patron de la Communauté de Communes. Le poids des conseillers généraux en place, tous UMP à l’exception de la région de Montendre, n’a pas influencé les votes puisque la liste de gauche est arrivée en tête dans la majorité des communes « sudistes » de Charente Maritime.

Dominique Bussereau : Une élection difficile...

Ségolène Royal, quant à elle, a suivi la ligne "plurielle" qu’elle s’était tracée. Dès le premier tour, elle a ouvert sa liste à des militants verts et elle a sauvé un membre du Modem, Alexis Blanc, des difficultés que rencontre le parti de François Bayrou. Cette ouverture a payé, si l’on peut dire, puisqu’elle a permis un ralliement des Verts « en douceur » au second tour. Françoise Coutant est claire : « les accords sont signés ». Désormais, la région Poitou-Charentes sera dirigée majoritairement par une formation socialo-écologiste.

Maxime Bono, maire de la Rochelle, annonce les résultats

L’Elysée ?

La page des Régionales se tourne et la grande question concerne désormais les Présidentielles. Comment se dérouleront les primaires au Parti socialiste et surtout comment vont évoluer les relations entre Ségolène Royal (qui prône son indépendance) et Martine Aubry ? François Hollande et Dominique Strauss Kahn sont-ils toujours intéressés et quand entreront-ils en scène ? La bataille sera rude car les Verts, qui devraient confirmer leur position, pourraient être de sérieux rivaux pour les Socialistes. Par ailleurs, comment le Gouvernement de Nicolas Sarkozy compte-t-il rétablir le cap pour être bien placé en avril 2012 ? Continuer les réformes ou faire un arrêt sur image : voilà bien le casse-tête…

Françoise Coutant : son alliance avec Ségolène Royal lui permet de siéger à la Région

En Charente-Maritime, les Cantonales de 2011 permettront-elles à l’UMP de se maintenir ou, au contraire, vont-elles être favorables à la Gauche qui attend ce moment depuis de nombreuses années ?
Enfin, il convient de s’interroger sur le score réalisé par le Front National qui renaît de ses cendres à chaque crise. Mésestimer ces voix, nées de l’incompréhension et de la contestation, serait une grave erreur.
Les partis classiques devront donc tirer les enseignements de l’histoire. L’introspection sera forcément douloureuse car l’humilité n’est pas encore inscrite dans la Constitution ! Aujourd’hui, la première des priorités est de sortir de la crise. Prise en pleine figure, cette claque a laissé sur la joue des Français les traces de pratiques bancaires si éloignées de leur quotidien qu’ils ont tenu à le faire savoir dimanche dernier...

• Les résultats :
Ségolène Royal a été réélue à la tête de la Région Poitou-Charentes avec 60,61% des voix, deuxième meilleur score de la Gauche. En face, l’UMP Dominique Bussereau a obtenu 39,39% des suffrages. Les résultats dans les départements : en Charente-Maritime Ségolène Royal 56,90 % ; Dominique Bussereau 43,10 %. En Charente : Ségolène Royal 64,61 % ; Dominique Bussereau : 35,39 %. Dans la Vienne : Ségolène Royal : 61,49 % ; Dominique Bussereau : 38,51 %. Dans les Deux-Sèvres : Ségolène Royal : 62,09 % - Dominique Bussereau : 37,91 %.

dimanche 21 mars 2010

Régionales Poitou-Charentes : Les Verts font alliance avec Ségolène Royal
Dominique Bussereau veut relever le défi


Le premier tour des élections régionales a redonné le moral à gauche, la liste de Ségolène Royal devançant, comme l‘avaient annoncé les sondages, celle de Dominique Bussereau, chef de file de l’UMP. Mais que représente un scrutin quand la moitié des électeurs inscrits n’a pas pris la peine d’aller voter ? Sur ce chapitre, c’est un échec pour la démocratie…

Que feraient les Français si subitement, le droit de vote leur était retiré ? Hystériques, ils défileraient aussitôt dans la rue, outrés qu’une telle perspective vienne entacher la terre des droits de l’homme. Dimanche dernier, à l’occasion des Régionales, de nombreux électeurs ont fait comme si… en boudant les isoloirs. Plus de la moitié dans le pays, 49,89% en Poitou-Charentes.
Des contrariés, des mécontents, des « j’ai en marre, je n’y comprends plus rien » ou bien encore des jeunes qui ne savent même pas ce qu’est la Région. « Mais à quoi sert-elle ? » lançait l’autre jour une jeune fille qui, manifestement, confondait les nombreuses strates que compte le pays. Les adultes ne sont guère plus réjouissants « si l’on prenait en compte les bulletins blancs, on s’apercevrait que la France traverse une crise grave. Les leaders politiques sont ambitieux, ils ne pensent qu’au pouvoir et aux indemnités substantielles qui vont avec. Autrefois, ils avaient un vrai métier. Aujourd’hui, ils s’accrochent à leurs mandats qui les font vivre. A la proclamation des résultats, aucun d’eux n’a remercié ses électeurs. Ils se sont empressés de spéculer sur l’avenir et de s’écharper sur les plateaux de télé. Ces gens-là ne sont que des égoïstes. A quand un homme ou une femme politique de grande dimension ? Les électeurs iront alors voter en grand nombre ». La remarque est dure car de nombreux élus œuvrent pour leurs territoires et y font des aménagements. En fait, cette remarque est significative d’une période de crise : quand la situation est bonne, les gens prônent la tolérance ; quand ils vont mal, ils s’attaquent aux faiblesses de leurs dirigeants…

Le fossé se creuse

Dire que la communication sur les Régionales a été mal faite serait injuste. Les Français ont plutôt la tête ailleurs, dans leurs problèmes, la crise, les charges sur les entreprises, le chômage, la tempête, la vraie fausse grippe H1N1, les faible salaires, les promesses non tenues. L’écart entre les classes se creuse et les franges les plus modestes sont frappées de plein fouet. Elles rament pour boucler leurs fins de mois et le « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy a fait un flop. Tout comme Martine Aubry qui voulait créer des emplois en partageant le travail. Les 35 h ont certes apporté des RTT, mais elles n’ont pas amélioré l’ordinaire des ménages. Que faire de congés supplémentaires quand on n’a pas les moyens d’une escapade ?
Si vous ajoutez au malaise actuel la volonté de certaines entreprises de se délocaliser à l’étranger pour raisons économiques, vous comprenez pourquoi les citoyens sont désorientés.

Dimanche a été donc été un vote sanction, autant par l’abstentionnisme que par les scores enregistrés par les candidats. Car si l’on tient compte de la réalité, il convient de diviser par deux les pourcentages obtenus puisque la moitié des inscrits n’a pas voté. Et si les Régionales étaient une association, le quorum n’étant pas atteint en certains endroits, cette consultation serait tout simplement invalidée. L’échec est cuisant pour la démocratie, d‘où cet appel : « déplacez-vous pour le second tour ! Pour nous, les femmes, le droit de vote n’a été acquis qu’après la Seconde Guerre Mondiale. Pensez-y car la route vers les urnes a été jonchée d’embûches ! ».



36,57% pour la liste de Ségolène Royal, 33,20% pour celle de Dominique Bussereau en Charente-Maritime

Qu’indiquent les résultats du premier tour ? Confirmée, la percée des Verts permettra à la Gauche de conserver une majorité de régions grâce aux alliances. A cette nuance près, comme l’a rappelé Daniel Cohn Bendit. Désormais, elles seront dirigées par la ligue socialo écologiste. Autrement dit, la Gauche n’aura plus les coudées franches et composera avec les élus de l’environnement. Les deux courants auront-ils les mêmes points de vue sur certains dossiers, la LGV, le nucléaire par exemple ? L’avenir le dira.

En Charente Maritime, Ségolène Royal, qui a déjà pratiqué l’ouverture en prenant deux Verts sur sa liste, va donc l’allonger. Elle espère également que les voix des « fronts de gauche » la rejoindront.
Dominique Bussereau, quant à lui, n’a pas su mobiliser son électorat et durant la semaine, il s’est activé à le rassembler. Prendre des jeunes, c’est-à-dire des inconnus, était-ce la bonne idée ? Il faut bien une relève, pourtant ! Le bel élan des dernières Cantonales est-il terni ? Il est encore trop pour le dire et puis, dans un avenir proche, nous devrions avoir des conseillers territoriaux qui siégeront à la fois à la Région et au Département. La donne s’en trouvera changée avec l’amincissement du mille-feuille qui s’est transformé en mille pattes au fil des années par le nombre important de fonctionnaires et d’élus siégeant dans les collectivités. La réforme des collectivités territoriales dégraissera le mammouth. La démarche est douloureuse et délicate, mais elle entraînera des économies.

Les résultats du premier tour

En Haute Saintonge, les cantons de Saint-Genis (grâce aux communes rurales), Cozes, Archiac, Gémozac , Jonzac (sur la ville même, un faible pourcentage sépare Dominique Bussereau 38,22% de Ségolène Royal 37,90%) offrent une avance à la liste UMP. Saintes est traditionnellement favorable à la Gauche tandis que Royan donne l’avantage à Dominique Bussereau. Si le Front National se refait une santé (87 voix à Montendre !), le MoDem a bien du mal à trouver une place centriste. Il frôle les 4% tandis que les partis d’extrême gauche dépassent les 6%.



Le second tour réservera-t-il des surprises en attirant un nombre conséquent d’électeurs ? Les Verts et les Socialistes sont bien placés pour l’emporter. Toutefois, les électeurs « verts » sont-ils tous favorables au ralliement avec le PS ? Il reste également une inconnue : vers qui se tourneront les voix du FN et du MoDem ?
Dominique Bussereau, quant à lui, se veut optimiste : « nous avons fait un score supérieur à la moyenne des autres régions » Un score qu’il souhaite améliorer, ne serait-ce que pour montrer qu’il est encore le patron de ce département de Charente-Maritime. Ses alliés habituels entendront-ils son appel ?



Photos : Le dépouillement à Jonzac en présence de Claude Belot, sénateur maire et du député Jean Claude Beaulieu

• Ne pas traiter le droit de vote à la légère…

Quand il se déroule dans des conditions démocratiques, le droit de vote est un luxe qu’ignorent de nombreux pays de par le monde. En France, les citoyens le traitent bien mal, s’imaginant sans doute que les choses sont acquises définitivement. Ils ont tort en ce sens où ne pas voter est une offense envers tous ceux qui se sont battus pour l’obtenir. Dans le sang parfois…

Et pendant ce temps-là, la voiture d'un conseiller a été totalement rayée devant la mairie...

Xynthia :
« Pas question de reconstruire dans « les cuvettes de la mort »


Mardi matin, Nicolas Sarkozy est venu pour la seconde fois dans les « départements martyrs » que sont la Charente-Maritime et la Vendée, victimes de la tempête Xynthia. Dans leurs maisons submergées, des dizaines de personnes ont trouvé la mort. Des mesures importantes ont été annoncées par le Chef de l’Etat afin que de tels drames ne se reproduisent plus…

Nicolas Sarkozy à Charron où il est reçu par le maire, J.F. Faget

Charron, à quinze kilomètres de la Rochelle. Habituellement, cette commune attire les touristes qui voient en « ce village de jardiniers de la mer, un endroit exceptionnel où se mêle eau douce et eau salée ». Depuis le raz-de-marée du 28 février, tout a changé et si l’eau douce s’est effectivement conjuguée à l’eau salée, cette alliance a été catastrophique ...



En ce mardi 16 mars, la visite du Président de la République y est annoncée. Trois semaines après le passage de Xynthia, les maisons qui longent la route portent les stigmates de la désolation. A proximité des habitations, mobilier et objets divers sont entassés pêle-mêle, en l’attente d’être jetés à la décharge. Tout a été inondé : « nous n’avons rien pu récupérer » constate une habitante qui n’avait jamais vu ça. Si, peut-être en 1940, mais l’eau s’était arrêtée en bordure du pré. Cette fois, la vague, poussée par un fort coefficient de marée et des vents violents, a parcouru près de deux kilomètres avant de s’enfoncer dans le village qui s’est alors transformé en île. « Pendant deux jours, la commune était inaccessible » remarque un médecin de la cellule psychologique, mise en place pour soutenir les victimes.

Traumatisées, elles sont encore sous le choc : « ma mère et ma petite sœur sont montées sur la cabine d’un tracteur pour échapper à la noyade » raconte une jeune fille qui a du mal à trouver ses mots. Cette épreuve est trop lourde à porter. Les anciens du village n’en reviennent pas : comment Charron, célèbre pour son activité conchylicole, a-t-elle pu connaître ce cataclysme ? « Heureusement que mon fils n’avait pas emménagé dans sa maison. Elle n’est pas terminée, il a eu de la chance » lance une grand-mère.

Quand Nicolas Sarkozy arrive sur les lieux, il est reçu par le maire, Jean-François Faget, et des habitants venus témoigner de leurs difficultés. Dans le pavillon de plain pied de M. Duprat, il ne peut que constater l’importance des dégâts occasionnés. L’intérieur est à refaire, et aux alentours, les grillages des jardins retiennent encore prisonniers les détritus vomis par les flots. Les prés, que l’eau salée a submergés, ont triste mine et les terres agricoles devront recevoir du gypse pour être cultivées à nouveau.

Parmi les décisions prises par le Gouvernement, Nicolas Sarkozy veut avant tout que soient évitées de nouvelles catastrophes, c’est pourquoi il sera vigilant quant aux travaux effectués près du littoral. Il ne sera plus question, en particulier, d’édifier « des digues immobilières » dont le seul but est de favoriser l’éclosion de lotissements spéculatifs. L’annonce principale concerne les constructions situées dans ce que l’on appelle désormais « les cuvettes de la mort ». Ces zones ne seront plus habitables. Les personnes seront relogées sur des parcelles où elles ne risqueront rien. Bien sûr, elles recevront des indemnisations : abandonner son logement engendre un réel préjudice en effet... Les classements se feront en fonction de la hauteur des eaux enregistrée durant la tempête.


Cette décision n’est pas prise de gaîté de cœur, mais elle s’impose : « Je pense aux hommes, aux femmes, aux jeunes enfants qui ont été piégés en pleine nuit dans leurs maisons, par la montée soudaine des eaux. Le cauchemar de cette nuit du 28 février 2010 restera gravé dans la mémoire des Français » souligne le Président. En conséquence, dans les secteurs les plus frappés, aucune reconstruction ne sera autorisée. Il est évident que certains propriétaires réagiront mal à cette annonce, mais le message est clair. Nicolas Sarkozy ne veut plus jamais ça : « Là où la mer est venue, la mer reviendra »…


« Une cascade de décisions litigieuses ou contraires au bon sens »…

Après une réunion à La Rochelle, Nicolas Sarkozy termine son déplacement à la Roche-sur-Yon, dans le département de la Vendée cher à Philippe de Villiers. Il y prononce une longue allocution où il aborde les réalités, sans langue de bois. Par cette question directe : « Comment, dans la France du XXIème siècle, l’une des premières puissances mondiales, un pays à la pointe de la modernité et du progrès technologique, plusieurs dizaines de personnes peuvent-elles périr noyées dans leurs maisons ? », le Président veut comprendre, d’où la création d’une mission interministérielle. Le constat est accablant : « La catastrophe du 28 février n’est pas seulement le produit d’évènements climatiques. Elle est aussi le résultat d’une cascade de décisions litigieuses ou contraires au bon sens, de négligences, de prescriptions non respectées ».

La priorité actuelle est l’indemnisation rapide des victimes par les assurances. Les sinistres de moins de 2 000 euros ne nécessiteront pas d’expertise : « Je souhaite des compagnies une célérité et une efficacité optimales » déclare le Président. Il demande aux banques « de s’assurer que les personnes ayant tout perdu puissent bénéficier de facilités d’étalement de leurs échéances de prêts immobiliers » et aux délégués départementaux de la médiation du crédit de se mobiliser « pour accompagner les entreprises touchées par la tempête dans leurs démarches avec leurs banques ». Le ministre des Finances, Eric Woerth, a donné instruction aux services fiscaux et aux Ursaff d’examiner avec bienveillance les demandes de délai de paiement et de remise gracieuse de majorations et de pénalités de retard, sollicitées par les ménages, les entreprises, les commerçants, les artisans et les professions libérales. Pour les particuliers, les cotisations de taxe d’habitation et de taxe foncière sur les propriétés bâties seront remises en totalité, « sur demande du contribuable, lorsque les locaux ont été détruits ou ont subi des dégâts tels qu’après expertise, ils sont voués à la démolition ».

En ce qui concerne l’agriculture, l’Etat indemnisera les dégâts provoqués sur les prairies et les travaux de remise en état des terres cultivables : « Avec Bruno Le Maire, nous avons dégagé une enveloppe de 100 millions d’euros pour soutenir la souscription de contrats d’assurance par les agriculteurs. Début mars, a été mis en place un plan d’urgence d’aide aux ostréiculteurs, accompagné d’une enveloppe de 20 millions d’euros pour permettre la reconstruction de bâtiments et l’achat de matériels ostréicoles et conchylicoles ».


L’Etat soutiendra également les entreprises commerciales et artisanales touchées par la tempête. Les entreprises concernées pourront ainsi bénéficier d’aides pouvant aller jusqu’à 8 000 euros pour des dépenses d’investissement liées à la restauration de locaux et l’outil de travail. De plus, une indemnisation des pertes d’exploitation sera débloque à hauteur de 2 000 euros.

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy se montre très ferme quant aux plans de prévention des risques (PPR). L’état des lieux se passe de commentaires : « Sur 864 communes exposées au risque de submersion marine en France, seules 46 disposent d’un plan de prévention approuvé. La situation n'est pas meilleure pour les autres risques, incendies de forêts, risque sismique. On ne peut pas continuer ainsi et laisser quelques individus bloquer des procédures vitales pour nos concitoyens. Le bon sens a depuis trop longtemps déserté cette question, pourtant cruciale, de la gestion des risques naturels. Je souhaite donc une véritable accélération dans le déploiement sur le territoire des plans de prévention des risques. D’ici trois ans, je veux que toutes les communes situées dans des zones à risques soient couvertes » dit-il.
Voilà qui a le mérite de la clarté. Et de conclure : « La prévention des risques naturels doit s’imposer comme une priorité absolue de tous les responsables publics, nationaux et territoriaux. Mais nous devons, avec la même énergie, nous appliquer à réduire les impacts sur l’environnement des activités humaines. Car au bout du compte, c’est toujours l’homme qui est menacé par la pollution, par la perte de biodiversité et par le dérèglement climatique »...

Le dérèglement, nous le subissons depuis ces derniers mois avec de violentes tempêtes de neige aux Etats Unis, de séismes à Haïti et au Chili, des inondations, des ouragans en Europe accompagnés de raz de marée. « C’est d’âme qu’il faut changer, non de climat » écrivait Sénèque au 1er siècle de notre ère. Il n’est jamais trop tard pour s’adapter ou plutôt pour tendre l’oreille aux doléances de la Terre…

• M. Duprat témoigne : Il a toujours vécu à Charron dont sa famille est originaire. La fameuse nuit, il n’a rien entendu venir. L’eau, d’une hauteur d’un mètre environ, a tout envahi. L’intérieur de son pavillon est entièrement détruit, comme l’a constaté Nicolas Sarkozy : « mon assureur est venu aussitôt. Nous continuons à nettoyer » dit-il. Avec son épouse, il veut tourner la page et restaurer sa maison. Bien sûr, le couple n’envisage pas de la quitter…

La maison de M. Duprat. On reconnaît Brice Hortefeux et Philippe de Villiers

• La tempête a tué à Charron : Un enfant de dix ans ainsi que sa petite sœur de six ans et sa grand-mère ont été victimes de Xynthia.

• Etaient présents aux côtés du Président, Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux Transports, Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur, Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, Chantal Joanno, secrétaire d‘Etat à l’Environnement, Philippe de Villiers, président du Conseil général de la Vendée, les députés Jean Louis Léonard et Didier Quentin.

mercredi 17 mars 2010

Non à l'espéranto du Poitou !


Depuis quelques semaines, une véritable guerre oppose Saintongeais et Poitevins quant au patois. En effet, certains responsables habitant la région de Poitiers veulent associer les parlers poitevin et saintongeais tandis que les Saintongeais, par la voie de Maryse Guédeau entre autres, crient leur indépendance. Dans le commentaire qui suit, James Poirier apporte un témoignage fort intéressant :

• Jh'avons nout' parlouère, jh'zou disons coum' ol est.

Le mal court depuis quelques décennies, par épisodes, façon grippe aviaire.

Déjà, dans les mêmes colonnes du journal la Haute Saintonge, en 1997 et en 2004, je stigmatisais l'inconsistance des tentatives de quelques prétendus spécialistes pour amalgamer deux parlers (le saintongeais, d'une part, et le poitevin d'autre part) en une sorte d'esperanto du Poitou artificiellement baptisé « poitevin-saintongeais ».

Parmi ces esprits besogneux, ardents édificateurs d'un volapük du bocage, on trouvait une association (l'UPCP) et les auteurs d'une Grammaire du poitevin-saintongeais (Michel Gautier - Geste Editions, 1993), d'un Dictionnaire de poitevin-saintongeais (Vianney Piveteau, Geste Editions 1996) et d'un Parlanjhe de Poitou-Charentes-Vendée en 30 questions (Liliane Jagueneau, Geste Editions 1999).

Ce que je conteste dans ces ouvrages c'est moins le contenu que l'étiquette mensongère. En effet, ces documents rassemblent des connaissances propres à leurs auteurs, et donc décrivent une réalité linguistique qui est surtout poitevine, le vocable « saintongeais » n'étant qu'artificiellement rajouté sur le titre pour faire vendre du papier.

Comme le « poitevin-saintongeais » n'a jamais existé en tant que langue parlée, les auteurs -apparemment avides d'une diffusion plus large que leur canton de naissance - ont essayé, sur le modèle de l'espéranto, de rassembler une sorte de pot-pourri linguistique, selon la recette du pâté d'alouette et de cheval : 95% de poitevin et 5% de saintongeais. Cette proportion n'étonnera personne car chacun ne peut parler que de ce qu'il connaît. Peu glorieuse, l'affaire aurait pu en rester là, cantonnée dans le microcosme d'un éditeur plus attentif à ses ventes qu'à la promotion du parler saintongeais. Mais, en devenant nationale, l'affaire nous porte directement atteinte.

La négation concertée d'une identité linguistique

En effet, non contents de propager une idée fausse sous un vocable racoleur, les tenants du « poitevin-saintongeais » n'ont rien trouvé de mieux que de jouer des coudes jusqu'à faire radier le saintongeais de la liste des « langues de France » périodiquement publiée par la Délégation Générale de Langue Française (la DGLF) pour lui substituer, en janvier 2010, une langue qui n'a jamais existé : le poitevin-saintongeais.

On s'éloigne ici du bidouillage ordinaire d'un éditeur du Gâtinais ; nous sommes maintenant dans l'usurpation et dans la négation d'une identité linguistique.
La langue saintongeaise vient de si loin, et elle nous est si proche, que nul ne peut, du jour au lendemain, l'affubler de sobriquets sans que nous ne réagissions.

Et l'un des sobriquets les plus ridicules qu'on ait pu lui trouver est bien celui de « poitevin-saintongeais » ! A en croire les auteurs de ce pâle néologisme prétendument universitaire, notre parler aurait donc un frère siamois, un double indissociable, une sorte de cousin pot-de-colle qui l'empêcherait d'exister par lui-même.

A son insu, le parler saintongeais aurait reçu une picto-transfusion sans laquelle il n'aurait pas survécu aux yeux de la DGLF. Tout cela est à la fois dérisoire et consternant.

Déjà, l'invention du mot-valise « Poitou-Charentes » en 1969 n'allait pas de soi, d'autant que cette nouvelle entité politique excluait la Vendée, au moins aussi proche parente de la Saintonge que le Poitou. En quarante ans, nous nous sommes quelque peu habitués à cet assemblage lexical un peu boiteux. De là à vouloir distordre la réalité linguistique de chaque territoire en la calquant - j'allais dire bêtement - sur le nouveau vocable régional, il y avait un pas que seuls de petits jacobins de province, guidés par d'obscurs intérêts, ont osé franchir, aveuglément suivis dans cette erreur par la DGLF.

Quelqu'un en France parle-t-il le midi-pyrénéen ? ou le roussillo-languedocien ? A-t-on vu discourir en basco-béarnais ou en corso-ligure ? Et, plus près de nous, qui peut se vanter d'avoir un jour parlé ou entendu du « poitevin-saintongeais » ? Peursoune.
Cela fait penser au Piémont-Sardaigne, à la Tchéquo-Slovaquie, ou à l'Autriche-Hongrie dont l'existence éphémère, mais bien réelle, n'a jamais conduit un souverain ou un dictateur de ces contrées à décréter l'existence une langue sardo-piémontaise, tchéquo-slovaque ou austro-magyar. L'histoire nous montre que l'on peut à l'infini amalgamer des territoires, unifier des empires, débaptiser des provinces ou des villes : cela dure ce que durent les régimes politiques, c'est à dire un temps. En revanche, les langues réellement parlées par les gens ont toujours traversé à longueur de siècles ces péripéties, ignorant les étiquettes provisoires car, sur les langues elles-mêmes, la politique n'a guère de prise. Ce n'est donc pas une petite décision de fonctionnaires parisiens mal informés qui va changer, en Saintonge, le cours des choses.
Une atteinte à la dignité du parler poitevin autant que du saintongeais
La langue que chacun choisit pour s'exprimer ne se décrète pas, elle se constate.

(Cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas des politiques linguistiques sur le long terme, mais nous parlons d'autre chose.) Nous parlons de ceux qui s'amusent dans leur coin à débaptiser une langue du jour au lendemain, en lui collant artificiellement un surnom de récréation. Débaptiser est le premier des outrages. Ce serait comique si ce n'était une atteinte à la dignité de deux groupes linguistiques : le saintongeais et le poitevin.

Car, bien évidemment, les locuteurs poitevins n'y sont pour rien. Eux-mêmes doivent trouver singulier d'avoir à traîner l'appendice « saintongeais » chaque fois qu'ils voudraient désigner leur propre parler. Par la vertu d'une manipulation de couloir, voilà que, eux aussi, perdraient le droit de parler poitevin tout court ? Laissez nous rire !

Le débat n'est même pas scientifique

La qualification de tel ou tel linguiste, par ailleurs spécialiste de langues orientales, n'est même pas en cause, car le débat n'est pas scientifique. On peut parfaitement mettre au service du saintongeais, du poitevin, et d'une série d'autres langues ou dialectes, une méthodologie rigoureuse, saussurienne ou chomskyenne, sans empiéter sur le domaine politique. Or, parler de « poitevin-saintongeais » c'est définir un objet d'étude sur la base d'une frontière politique (la région Poitou-Charentes) et non sur la base d'une unité linguistique objectivement constatée. Il y a donc ici, pour le moins, une faille déontologique suivie d'une sotte erreur administrative.

Rien n'interdit, en effet, de constituer de proche en proche des groupes de langues voisines partageant un certain nombre de traits communs (phonologiques, morphologiques, syntaxiques ou lexicaux). L'un de ces groupes pourrait effectivement englober les langues d'oïl atlantiques (vendéen, saintongeais, gâtinais, poitevin, québécois) en dégageant de manière synthétique leurs seuls traits communs. C'est un travail classique, bien que réducteur. Ce faisant, un linguiste honnête et rigoureux n'enlève rien au génie propre de chaque langue ou de chaque dialecte, et ne prétend pas davantage assimiler une langue à sa voisine. Il en retire le plaisir intellectuel d'une classification ordonnée qui ne peut qu'enrichir, par comparaison, la description de chaque système particulier.

Il est facile d'influencer des décideurs qui n'y connaissent rien

Telle n'a pas été l'option de cette poignée de soi disant linguistes introduits (ou égarés) dans les antichambres du Conseil Régional, de la DGLF, et de telle ou telle maison d'édition. Etudier est une chose, manipuler la connaissance en est une autre. Car il est facile d'apporter aux décideurs qui n'y connaissent rien une caution d'expert. Or, le propre de l'expert c'est d'être insoupçonnable, c'est à dire désintéressé. Et ce n'est pas à la DGLF de fixer par avance un nombre limité de « langues de France » à retenir. Ou bien, cette institution s'acquitte d'un recensement honnête et exhaustif, ou bien elle renonce purement et simplement à inventorier le patrimoine linguistique français. Dans ce patrimoine dont nous sommes à la fois les dépositaires et les témoins, il n'y a pas, il n'y a jamais eu, de « saintongeais-poitevin », ni de « poitevin-saintongeais ».

Nous sommes des locuteurs saintongeais et, pour certains d'entre nous, des linguistes avertis. Les errements de la DGLF inspirés par de faux experts ne nous intimident pas.

Nous les rejetons avec indignation et, en même temps, nous les considérons comme nuls et non avenus. Nous ne sommes pas et nous ne serons jamais des malgré-nous du poitevin-saintongeais. Ol est reun de zou dire.
On pardonnerait à l'ignorance, s'il ne s'agissait que de méconnaissance de notre parler de Saintonge. Après tout, il n'est pas si loin le temps où l'on considérait le charentais comme du français mal parlé, voire comme une langue mal décrottée. Et les mêmes ignorants mettaient bien le poitevin dans le même sac de leur mépris.
Mais que, parée de l'autorité d'une institution républicaine, la DGLF vienne nous octroyer du haut de la nation, et en des termes erronés, l'onction d'un classement au patrimoine culturel de la France sous le nom de « poitevin-saintongeais » , est pour nous la marque de l'impéritie drapée dans la pourpre de la sottise.

A ce niveau-là, on s'informe ; ou alors on court se cacher.
Dans un creux de gueurlet, de préférence.

James Poirier

Heuliez sauvé par le Bill Gates turc ?


Dans un communiqué, Christian Estrosi, ministre chargé de l’Industrie, se réjouit de la décision prise par l’entrepreneur turc Alphan Manas qui vient de signer le protocole d’accord pour le rachat d’Heuliez.

Le ministre chargé de l’Industrie accueille très positivement les termes de ce protocole de rachat qui prévoit une augmentation de capital au total de 30 millions d’euros indispensables au développement d’Heuliez. Cette augmentation de capital sera finalisée à travers l’investissement de Brightwell, le fonds d’investissement de M. Manas, avec, à ses côtés, comme coactionnaires minoritaires mais disposant d’un droit de blocage sur toutes les décisions essentielles, l’Etat, via le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI), et la région Poitou-Charentes.

Avec la signature de ce protocole de rachat, aux termes duquel Alphan Manas, sur la foi d’une lettre de banque, a d’ores et déjà provisionné la somme de 3 millions, s’ouvre la phase de finalisation du rachat (closing) avec, pour échéance fixée au plus tard, la date du 31 mars prochain.

Christian Estrosi a déclaré : « La décision prise ce matin par l’entrepreneur Alphan Manas est une très belle nouvelle pour Heuliez et ses 600 salariés. Le rachat d’Heuliez prévu par le protocole d’accord signé par M. Manas doit désormais se traduire très rapidement et, au plus tard, le 31 mars prochain, par l’augmentation de capital de 30 millions d’euros indispensables à son développement. D’ici à cette échéance, il importe malgré tout, compte tenu de l’historique du dossier, de rester prudent tant que l’opération n’est pas finalisée en totalité sur le plan juridique».

mardi 16 mars 2010

Xynthia : Nicolas Sarkozy en Charente Maritime et en Vendée


Mardi matin, le président de la République s'est d'abord rendu à la Rochelle, puis à Charron avant de rejoindre la Roche sur Yon en Vendée. Des mesures importantes ont été annoncées.

Plusieurs semaines après la tempête, les maisons sont toujours dans un triste état

Les explications du maire de Charron
Nicolas Sarkozy s'est arrêté dans ce village, terriblement éprouvé par la tempête



• Le discours de Nicolas Sarkozy, publié ci-dessous, met en évidence la volonté de ne plus connaître une telle tragédie. Des décisions fermes seront prises en matière d'urbanisme et de reconstruction des habitations :

« Le 28 février dernier, la Charente-Maritime et la Vendée ont été frappées de plein fouet par une catastrophe nationale.

Lors de ma venue sur place dès le lendemain des évènements, l’ampleur du désastre n’était pas encore connue. Aujourd’hui, nous savons ce qu’il en est : 29 morts en Vendée, 12 en Charente-Maritime. Sur l’ensemble du territoire français, la tempête Xynthia a causé la mort de 53 personnes.

C’est d’abord aux victimes que vont toutes mes pensées, aux hommes, aux femmes, aux jeunes enfants qui se sont trouvés piégés en pleine nuit dans leurs maisons, par la montée soudaine des eaux.

Face à ce drame épouvantable, je tiens à exprimer à leurs familles et à leurs amis la douleur et la solidarité de toute la Nation. Le cauchemar de cette nuit du 28 février 2010 restera gravé dans la mémoire des Français.

Les dégâts matériels sont considérables. La Charente-Maritime et la Vendée sont deux départements martyrs.

1000 maisons ont été sinistrées en Vendée, 5000 en Charente-Maritime. 767 personnes ont dû être évacuées en Vendée, 2 000 en Charente-Maritime.

192 exploitations agricoles ont été inondées en Vendée, 350 en Charente-Maritime réduisant à néant le travail harassant de nos agriculteurs. La profession ostréicole a également payé un très lourd tribut.

Dans les deux départements, des centaines d’entreprises du commerce et de l’artisanat présentes à proximité du littoral ont été frappées de plein fouet par cette tempête d’une violence tout à fait exceptionnelle.

Les digues elles-mêmes ont été submergées et, en certains endroits, découpées comme des feuilles de papier alors qu’elles avaient été édifiées un mètre au-dessus du niveau le plus haut jamais connu par l’homme.

Aujourd’hui, 120 kilomètres de digues en Charente maritime, 75 km en Vendée sont à reconstruire. Des infrastructures routières, portuaires et ferroviaires ont été détruites ou fortement endommagées sur tout le littoral.

Je le redis aux victimes de la tempête Xynthia, en Charente-Maritime, en Vendée et dans tous les départements touchés : la solidarité nationale a commencé à se manifester. Elle continuera à s’exprimer.

L’Etat ne laissera pas tomber les sinistrés de la tempête.

C’est souvent dans la détresse et le malheur que se produisent les élans les plus spectaculaires d’unité nationale et de fraternité.

L’histoire de notre pays en porte témoignage.

Par leur courage, par leur ténacité face aux coups du destin, les Vendéens et les Charentais ont offert un formidable exemple à tous les Français.

Au cours de ces derniers jours, se sont côtoyés ici la plus grande détresse humaine et les actes de courage les plus exceptionnels.

Je songe à ces deux sapeurs-pompiers volontaires partis pour sauver des familles piégées dans leur grenier alors qu’ils venaient eux-mêmes de perdre leur maison !

Je songe à ce jeune homme, Samuel Veillard, dont on m’a rapporté l’histoire et qui, en tenue de plongée, exténué devant le centre opérationnel, demandait des nouvelles des ses deux enfants. Il n’avait pas pu s’occuper d’eux, car il avait été appelé en urgence pour sauver un enfant de 7 ans avec son grand-père et sa grand-mère.

Le drame du 28 février a suscité un élan de solidarité, d’autant plus bouleversant qu’il était naturel et spontané.

Je songe aux centaines de personnes qui ont ouvert leurs maisons aux sinistrés, abandonné leur travail pour venir en aide aux secours, fourni des vêtements et des couvertures.

Ici beaucoup de gens ont tout perdu. D’autres leur ont tout donné. Je tiens à le dire aux Charentais et aux Vendéens : je suis fier, comme tous les Français, de leur comportement exemplaire. Fier d’être le Chef de l’Etat d’un pays capable aujourd’hui comme hier, de susciter de tels élans de sacrifice et d’héroïsme, où les mots de communauté, d’entraide et de solidarité nationale ont gardé un sens.

Nous le savons aujourd’hui : le bilan aurait pu être encore beaucoup plus lourd si les pouvoirs publics n’avaient pas été réactifs et organisés face à la catastrophe.

Pour faire face à la tempête, des moyens considérables ont été mobilisés à l’échelle nationale les 27 et 28 février.

En Vendée : près de 1000 sapeurs-pompiers du SDIS ont participé aux secours d’urgence, appuyés par 220 sapeurs-pompiers venus de 23 autres départements et 111 militaires de la sécurité civile.

Même mobilisation en Charente-Maritime : 500 sapeurs-pompiers départementaux, 200 venus de l’extérieur, 156 militaires de la sécurité civile sont immédiatement intervenus.

Sans l’abnégation et le professionnalisme de ces hommes et de ces femmes engagés sur le terrain, le nombre de victimes aurait pu être dramatiquement plus élevé. 765 personnes en Vendée et 700 en Charente-Maritime ont été sauvées de la noyade et de l’épuisement, dont 90 par hélitreuillage.

Je m’adresse à tous ceux qui ont pris part aux opérations de secours: sapeurs-pompiers, professionnels et volontaires, fonctionnaires et militaires de la sécurité civile, militaires de la gendarmerie et des forces armées.

Grâce à votre savoir faire, votre courage, et parfois votre héroïsme, des centaines de vies ont été sauvées.

Je tiens à vous le dire et à vous remercier au nom de la Nation toute entière.

J’associe aux mêmes remerciements les personnalités qui ont assuré la coordination et la direction des opérations de secours, en particulier les deux préfets, M. Henri Masse et M. Jean-Jacques Brot ainsi que leurs équipes des préfectures et des services de l’Etat.

Je tiens également à saluer l’action remarquable des présidents des conseils généraux, cher Dominique Bussereau, cher Philippe de Villiers pour leur contribution décisive au bon déroulement des opérations de secours avec l’ensemble des élus des deux départements.

Mesdames, Messieurs, je l’ai dit clairement dès le 1er mars à la Rochelle : je n’accepte aucun fatalisme dans l’analyse des causes de ce drame.

29 morts en Vendée, 12 en Charente-Maritime, le bilan de ce drame est absolument incompréhensible et inacceptable.

Certes, cette catastrophe est la conséquence de la conjonction de deux phénomènes naturels : une tempête d’une exceptionnelle puissance et un fort coefficient de marée.

Mais ce constat ne justifie rien, n’excuse rien. Comment, dans la France du XXIème siècle, l’une des premières puissances mondiales, un pays à la pointe de la modernité et du progrès technologique, plusieurs dizaines de personnes ont-elles pu périr noyées dans leur maison ?

J’ai voulu que toute la lumière soit faite et j’ai demandé qu’une mission interministérielle me présente un rapport sur ces évènements et qu’un premier pré-rapport me soit remis dans les 10 jours. Je dispose donc de ce document qui a un caractère provisoire mais n’en est pas moins éclairant.

Le pré-rapport confirme mes propos du 1er mars.

La catastrophe du 28 février n’est pas seulement le produit d’évènements climatiques. Elle est aussi le résultat d’une cascade de décisions litigieuses ou contraires au bon sens, de négligences, de prescriptions non respectées, d’expertises négligées.

Il ne m’appartient évidemment pas de pointer du doigt ou de déterminer les responsabilités dans ces dysfonctionnements.

Mon rôle est d’abord de tirer toutes les leçons des évènements du 28 février pour que jamais un tel drame ne puisse se reproduire. Jamais.

Après le temps des secours d’extrême urgence, la priorité absolue doit être la solidarité nationale envers les personnes sinistrées. L’heure est à l’indemnisation des victimes et à la réparation des dégâts.

L’objectif est bien sûr de permettre une indemnisation des personnes sinistrées aussi rapide et complète que possible.

La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle en Charente-Maritime et en Vendée, qui permet d’engager les procédures d’indemnisation, est intervenue dans des délais exceptionnellement brefs, comme je m’y étais engagé, dès le lendemain de ma venue le 1er mars.

D’ores et déjà, les sinistres de moins de 2 000 euros seront indemnisés sans expertise, dans les délais les plus rapides, inférieurs à un mois.

Par ailleurs, des moyens exceptionnels seront déployés par les compagnies d’assurances afin que les sinistres d’un montant supérieur, les plus graves, fassent l’objet d’une expertise la plus rapide possible. Je demande aux compagnies d’assurance de mobiliser tous les experts disponibles pour que les évaluations des sinistres puissent se faire le plus vite possible.

Je tiens à vous assurer de ma détermination absolue à obtenir des compagnies d’assurances une célérité et une efficacité optimales.

Je demande aussi aux banques de s’assurer que les personnes qui ont perdu leur maison bénéficient effectivement de facilités d’étalement de leurs échéances de prêts immobiliers pour qu’elles ne soient pas confrontées à des difficultés supplémentaires de trésorerie.

Je demande aux délégués départementaux de la médiation du crédit de se mobiliser sous l’autorité de M. Gérard Rameix, médiateur national du crédit, pour accompagner les entreprises touchées par la tempête dans leurs démarchés avec leurs banques.

Je demande qu’à titre exceptionnel, les personnes qui habitent dans les zones les plus touchées et qui ont perdu leur maison puissent faire appel au représentant local du médiateur du crédit en lien avec M. Yann BOARETTO, le « Monsieur Assurances » que j’ai nommé, pour les aider aussi en cas de difficultés éventuelles avec leurs banques concernant leurs emprunts immobiliers.

Dès le 28 février, le Ministre des comptes publics, Eric Woerth a donné instruction aux services fiscaux et aux URSAFF d’examiner avec une bienveillance particulière les demandes de délai de paiement et de remise gracieuse de majorations et de pénalités de retard, sollicités par les ménages, les entreprises, les commerçants, les artisans et les professions libérales.

Pour les particuliers, Les cotisations de l’année 2010 de taxe d’habitation et de taxe foncière sur les propriétés bâties seront remises en totalité, sur demande du contribuable, lorsque les locaux ont été détruits ou ont subi des dégâts tels, qu’après expertise, ils sont voués à la démolition.

Mais l’enjeu n’est pas seulement financier. Ce qui est en question, c’est la possibilité pour des personnes qui ont perdu leur maison, qui ont échappé de peu à la mort et qui ont profondément souffert, de pouvoir retrouver un toit et des murs et de recommencer à vivre !

Le groupement des entreprises mutuelles d’assurances (GEMA) a accepté de financer le relogement provisoire pendant six mois des personnes évacuées. Ce point est définitivement acquis. Je tiens à remercier le GEMA pour ce geste important et je demande à l’ensemble des compagnies d’assurances de faire de même.

Si nécessaire, l’Etat mobilisera le fonds d’aide au relogement d’urgence (FARU). Ce fonds, je le rappelle, est destiné à financer le relogement temporaire de personnes sinistrées. Il doit être sollicité par l’intermédiaire des mairies.

Mais au-delà de l’urgence, il faut que nous nous interrogions sur la question de l’urbanisation des zones à risques.

Qu’attendent les Français à la suite de ce drame qui vient d’endeuiller la Vendée et la Charente-Maritime ?

Ils attendent des choix clairs de la part des responsables publics.

Je tiens à leur dire avec la plus grande clarté : ce qui s’est produit le 28 février peut se reproduire à tout moment. Il y a eu trop de victimes, trop de larmes, trop de malheur. J’ai entendu aussi l’angoisse des sinistrés pour qui, comme le dit aussi Philippe de Villiers, « Là où la mer est venue, la mer reviendra ».

Dans les zones exposées aux plus forts risques, nous n’avons pas le droit de laisser nos concitoyens se réinstaller comme si de rien n’était. D’ailleurs, l’idée même de revenir habiter sur les lieux de la catastrophe est impensable pour beaucoup de personnes sinistrées. Comment imaginer reconstruire là où il y a eu des morts, là ou la mort peut frapper de nouveau ?

Une cartographie précise est en cours d’élaboration destinée à identifier les sites à fort aléa. Je veux être clair sur ce point : on ne peut pas négocier l'aléa, qui s'impose à tous, l'aléa n'est pas à géométrie variable la tempête Xynthia vient de nous le rappeler

Je demande aux préfets et aux maires concernés de prendre sans délai les mesures destinées à éviter la réoccupation à des fins d’habitation des sites qui ont été dévastées par la mer le 28 février. Il en va de la sécurité des personnes. Chacun doit le comprendre.

Dans ces zones, il est indispensable que toutes les reconstructions et aménagements soumis à permis de construire soient désormais interdites.

Dans le même temps, les personnes qui ne pourront retrouver leur domicile ravagé par Xynthia, doivent être indemnisées de la perte de leur maison.

Là encore, la solidarité nationale trouvera à s’appliquer, le cas échéant, dans le cadre de procédures d’acquisition amiable ou au travers de mesures d’expropriation pour utilité publique. Mais les assureurs devront aussi prendre leur part de cette charge, en acceptant d’indemniser les sinistrés même lorsqu’ils reconstruiront hors du site où se trouvait leur maison.

Parallèlement, je demande aux préfets de coordonner les actions des élus locaux, des assureurs et de l’Etat pour faire en sorte que les personnes qui ne pourront plus habiter dans les zones à risques puissent retrouver un logement ou en reconstruire un autre dans une zone sans risque. Tous les efforts devront être mobilisés rapidement pour identifier de nouveaux terrains constructibles, notamment par l’intermédiaire des établissements publics fonciers.

Il est du devoir absolu de l’Etat et des autorités locales de faciliter la réinstallation de nos concitoyens sinistrés dans des lieux sûrs et dans des conditions équivalentes.

Le « fonds de prévention des risques naturels majeurs », prévu pour ce type de circonstances ne couvre aujourd’hui que les crues torrentielles. Je demande à Jean-Louis BORLOO de mettre dès aujourd’hui en chantier une réforme législative pour étendre le champ d’intervention de ce fonds – connu sous le nom de fonds Barnier – afin de prendre en compte tous les types d’inondations, notamment par submersion marine. Des amendements seront apportés en ce sens au projet de loi Grenelle 2, examiné en urgence et qui doit être adopté d’ici à l’été prochain.

Les agriculteurs, ostréiculteurs et conchyliculteurs ont été une fois de plus durement touchés.

Une partie des dommages va être indemnisée par les compagnies d’assurance en particulier les pertes de récolte immédiates pour les grandes cultures ou les dégâts sur les bâtiments et matériels agricoles, d’ostréiculture ou de conchyliculture.

Quant aux pertes non assurables, elles feront l’objet d’une indemnisation par l’Etat. C’est le cas des dégâts occasionnés sur les prairies. C’est le cas aussi des travaux de remise en état des terres en culture, pour réduire la quantité de sel présent dans le sol, par l’utilisation du gypse. L’Etat procédera à l’indemnisation de ces pertes et des travaux de remise en état des sols par le Fond National de Garantie des Calamités Agricoles sur la base des règles d’utilisation de ce fonds.

Avec Bruno LE MAIRE, nous avons dégagé une enveloppe de 100 millions d’euros pour soutenir la souscription de contrats d’assurance par les agriculteurs. Je souhaite que la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche renforce ce soutien au développement de l’assurance contre les aléas climatiques en agriculture. Il faut que les agriculteurs tirent profit de ces dispositifs pour s’assurer.

Les enquêtes de recensement des « calamités agricoles » sont en cours depuis le 8 mars et s’achèveront avant la fin mars.

L’ostréiculture et la conchyliculture ont subi de lourds dégâts. On ne peut pas laisser détruire l’ostréiculture française, victime de calamités à répétition.

J’ai demandé le 1er mars la mise en place d’un plan d’urgence d’aide aux ostréiculteurs. Une enveloppe de 20 millions d’euros est disponible pour permettre la reconstruction de bâtiments et l’achat de matériels ostréicoles et conchylicoles. Le dispositif est en cours de notification à la Commission européenne. Il viendra naturellement en complément des indemnisations réalisées par les assureurs.

Face à l’urgence de la situation financière de chaque exploitant agricole, 2,5 millions d’euros de prise en charge de cotisations dues à la Mutualité Sociale Agricole viennent d’être débloqués. Par ailleurs, 3 millions d’euros de prise en charge d’intérêts d’emprunts viennent d’être délégués aux préfets de Charente Maritime et de Vendée.

Je vous annonce aujourd’hui que des apports en trésorerie immédiats seront réalisés par les banques, pour les ostréiculteurs, les conchyliculteurs et pour les agriculteurs les plus en difficulté, au travers d’avances sur les montants d’indemnisation par le Fonds National de Garantie des Calamité Agricoles. L’Etat financera les intérêts de ces prêts.

Par ailleurs, les aides directes européennes de la PAC seront préservées pour les exploitations agricoles affectées par la tempête, afin de garantir le revenu nécessaire aux familles vivant sur ces exploitations.

J’ai bien conscience que face aux dégâts causés par la mer sur les terres cultivées, le système de culture de certaines exploitations devra être adapté pour limiter les conséquences économiques de la présence du sel dans le sol et réduire les impacts des risques d’inondations futures. L’Etat accompagnera chaque agriculteur dans ce diagnostic, dans les travaux de réparation des terres, et dans l’indemnisation des pertes de récolte à venir en raison de cette tempête Xynthia.

L’Etat soutiendra également les entreprises commerciales et artisanales touchées par la tempête. Le Gouvernement a ainsi décidé de mobiliser le FISAC, le fonds d’intervention pour les services l’artisanat et le commerce dans l’objectif de les aider à surmonter les conséquences de la catastrophe. Les entreprises concernées pourront ainsi bénéficier d’aide d’un montant pouvant aller jusqu’à 8 000 euros pour des dépenses d’investissement liées à la restauration des locaux et de l’outil de travail. De plus les entreprises pourront bénéficier d’une indemnisation des pertes d’exploitation à hauteur de 2 000 euros.

La mobilisation du FISAC sera particulièrement nécessaire pour le secteur du tourisme, qui est si important pour l’économie de vos départements. Tout sera mis en œuvre pour que la Vendée et la Charente-Maritime soient en mesure d’accueillir les touristes dès l’ouverture de la saison.

En outre, des instructions de grande bienveillance à l’égard des entreprises sinistrées ont été données aux services fiscaux et sociaux. Les banques ont été invitées à apporter leur contribution active au rétablissement des acteurs économiques victimes de la catastrophe.

L’Etat prendra enfin toutes ses responsabilités en vue de la reconstruction des biens non assurables des collectivités locales. Il mettra à contribution les dispositifs prévus pour la remise en état les voiries et les réseaux endommagés. Il participe bien entendu aux travaux en cours pour les réparations en urgence des digues endommagées.

Nous mettrons à contribution toutes les sources de financement disponibles. Ainsi, j’ai demandé à M. Pierre Lellouche, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes de solliciter le fonds de solidarité de l’Union européenne prévu pour faire face à ce type de situation.

Après le 28 février 2010, rien ne peut plus être comme avant en matière de prévention des catastrophes naturelles.

Nous devons améliorer les systèmes d’alerte, les rendre plus précis plus performants. Je demande à Météo France d’intégrer sans délai un dispositif de vigilance « vague submersion » dans ses procédures de vigilance météorologique.

Je veux que toutes les communes situées dans des zones à risque disposent d’un plan communal de sauvegarde destiné à anticiper les situations de crise.

La tempête Xynthia soulève la question de la façon dont nous sommes collectivement préparés à faire face aux catastrophes naturelles.

Le plan de prévention des risques (PPR), arrêté par le préfet après délibération du conseil municipal, est l’outil fondamental de protection des populations. Il s’impose aux règlements d’urbanisme. Lui seul permet de fixer les règles et les limites nécessaires en matière de construction dans les zones à risque.

Il faut dire la vérité : en Charente Maritime comme en Vendée, nous étions dramatiquement en retard. Et ce constat vaut hélas pour l’ensemble du territoire national.

Sur 864 communes exposées au risque de submersion marine en France, seules 46 disposent d’un plan de prévention approuvé. La situation n'est pas meilleure pour les autres risques, incendies de forêts, risque sismique. Ce n’est plus tolérable.

Nous devons généraliser le plus rapidement possible les plans de prévention des risques. Pour cela il faut en finir avec les approches bureaucratiques et avec les manœuvres dilatoires. On a trop perdu de temps.

On ne peut pas continuer ainsi et laisser quelques individus bloquer des procédures vitales pour nos concitoyens. Le bon sens a depuis trop longtemps déserté cette question, pourtant cruciale, de la gestion des risques naturels. Et on a, au bout du compte, perdu de vue l’intérêt général. Car ce qui est en jeu ce sont des risques mortels, ce qui est en jeu c'est la vie humaine. Seule l'efficacité et le bon sens dans la protection des hommes et des femmes doit compter. J’entends remettre de l’ordre dans notre politique de prévention et de gestion des risques.

Je souhaite une véritable accélération dans le déploiement sur le territoire des plans de prévention des risques. Nous ne pouvons plus attendre des années et des années pour que ceux-ci soient mis en place. Souvenons nous que les plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPR) ont été créés par la loi du 2 février 1995. Qu’on ne vienne pas me dire que ce n’est pas possible, que les procédures sont compliquées, qu’il faut allonger la concertation… Cela fait 15 ans que cela dure. Notre objectif est simple : d’ici trois ans, je veux que toutes les communes situées dans des zones à risques soient couvertes par un plan de prévention.

Des instructions vont être données aux préfets dans ce but. L’Etat va prendre ses responsabilités. La décentralisation est un formidable acquis, mais elle ne s’effectuera pas au détriment de la sécurité de nos compatriotes. Mieux protéger nos compatriotes en renforçant les pouvoirs du représentant de l’Etat, c’est aussi mieux protéger nos élus.

Je demande aux ministres en charge de ce dossier, M. Jean-Louis Borloo et M. Brice Hortefeux, de veiller personnellement à ce que les évolutions législatives nécessaires soient prises pour simplifier et accélérer les procédures d’élaboration des PPR. Le préfet doit être en mesure de faire prévaloir les impératifs de sécurité des populations sur toute autre considération.

Dans le même ordre d’idée, il est également indispensable de réformer notre système d’assurance des catastrophes naturelles.

Ce système est incompréhensible. Il est évidemment inefficace, puisqu’il n’incite absolument pas à la prévention, et il est injuste. Je demande aux ministres concernés d’engager une réforme du régime de catastrophes naturelles. Je veux que tout en restant fondé sur la solidarité nationale, ce régime prenne en compte la nécessité de renforcer la prévention et d’encourager les comportements responsables.

Le plan « digues » dont j’ai demandé la mise en place à Jean-Louis Borloo s’inscrit dans le même esprit, la même démarche. Il vient en complément de la réforme et la généralisation des PPR. Son objectif est de renforcer les digues pour améliorer la protection des populations. Je veux dire tout de suite qu’il n’est bien évidemment plus question de créer des digues nouvelles, ces digues spéculatives, immobilières, dont le seul objet est d’ouvrir à l’urbanisation des zones exposées à un risque important de submersion.

La tempête Xynthia a fortement endommagé les digues littorales. Au moins 150 kilomètres doivent être rénovés de toute urgence. Pour y parvenir dans les délais les plus brefs, je souhaite que l’Etat prenne à sa charge, de manière tout à fait exceptionnelle, 50 % du coût de ces travaux. Mais la tempête a mis en lumière l’état déplorable de l’ensemble du réseau national des digues, des 1 000 kilomètres de digues littorales et des 7 000 kilomètres de digues fluviales que compte notre pays, car il ne servirait à rien d’ignorer une partie de la réalité. Et la réalité, c’est qu’au moins la moitié de ces ouvrages aurait aujourd’hui besoin d’être consolidée. Sur la base d’un coût moyen d’un million d’euro par kilomètre, notre retard d’investissement se situerait entre 3 et 4 milliards d’euros.

Il faut dire que nous payons, dans ce domaine, les conséquences d’un système totalement confus et obsolète. Les maîtres d’ouvrage sont innombrables. Le principe d’un financement exclusif par les propriétaires et les personnes directement protégées – principe posé par une loi de 1807 – n’est manifestement plus opérant. Et, dans ce domaine aussi, les investissements publics ont été notoirement sous-dimensionnés depuis des décennies.

Je souhaite donc que me soient présentées rapidement des propositions pour un plan national pluriannuel en faveur des digues. L’Etat prendra toutes ses responsabilités en mobilisant durablement le fonds Barnier, sur la base d’un taux d’intervention de 40%.

Enfin, compte tenu de l’effet des digues sur le reflux des eaux, une précaution élémentaire aurait dû être prise depuis longtemps : dans les zones à risque élevé de submersion, il ne doit plus être possible de construire des logements derrière les digues. Car tôt ou tard, quelle que soit leur hauteur, quelle que soit leur solidité, celles-ci sont un jour submergées. Un peu de bon sens ne nuit jamais, surtout en matière d’urbanisme.

*

Mesdames et Messieurs, dans les années récentes, la France a été durement frappées à trois reprises par des catastrophes naturelles : en décembre 1999, en janvier 2009, en février 2010.

Le drame que nous venons de connaître en Vendée et en Charente-Maritime n’a pas de précédent de mémoire d’homme, même en 1940 qui a connu de graves inondations. C’est un simple constat, je n’en tire pas de conclusion quant à un lien de causalité avec des phénomènes plus globaux comme le dérèglement climatique. Cependant, ces évènements dramatiques nous rappellent que nous ne pouvons pas tricher avec la nature, que c’est elle qui continue de dicter sa loi aux hommes et non l’inverse. Demain, à tout moment, de tels phénomènes peuvent se reproduire. Il faut changer nos manières de voir et d’agir face aux risques naturels. Mais plus largement, il faut changer notre manière de voir et d’agir face à l’environnement.

La prévention des risques naturels doit s’imposer comme une priorité absolue de tous les responsables publics, nationaux et territoriaux. Mais nous devons avec la même énergie nous appliquer à réduire les impacts sur l’environnement des activités humaines. Car au bout du compte, c’est toujours l’Homme qui est menacé par la pollution, par la perte de biodiversité et par le dérèglement climatique. Cette prise de conscience est au fondement du Grenelle de l'Environnement. Nous continuerons de le mettre en œuvre demain comme aujourd’hui, pour nous-mêmes et pour les générations à venir ».

Photos Nicole Bertin

samedi 13 mars 2010

Xynthia : Vues sur l'amer


A toute catastrophe, on cherche une explication. Ces temps derniers, la planète a des états d'humeur, comme si elle manifestait sa colère. Certains croyants y voient le signe d'un Dieu vengeur qui s'en prendrait aux populations, incapables de respecter leur berceau originel. Aux puces qui grattent l'échine de la Terre, il enverrait des plaies, pour ne pas dire des fléaux. Notre fin serait programmée pour 2012, avec ou sans calendrier aztèque.


Présente dans tous les foyers, la télévision est l'un des vecteurs qui propagent la peur et le malaise qui en découle. Prenons un exemple simple. En annonçant depuis deux ans l'arrivée d'une grippe meurtrière, elle ne fait qu'accroître le stress d'un pays qui détient le record mondial de la consommation de médicaments psychotropes, antidépresseurs, hypnotiques et anxiolytiques réunis. Enfin un record, direz-vous, c'est mieux qu'aux Jeux Olympiques de Vancouver !

Pour l'instant, la Sécu rembourse les états d'âme, les tristesses, les harcèlements, les conflits familiaux et sentimentaux. Tout devient compliqué et les ministres eux-mêmes ne résistent guère au principe de précaution. Après le scandale du sang contaminé, dans les années 1990, Roselyne Bachelot, notre bienheureuse ministre de la Santé, l'a constaté avec la grippe H1N1. Nous devions tous succomber, mais fort heureusement, l'Etat providence veillait. Sainte Emérentienne, rentre au ciel, ton ticket n'est plus valable !

Pour nous sauver d'une hécatombe annoncée, le Gouvernement a commandé 94 millions de doses, dont seulement 5 millions ont été utilisées. S'y sont ajoutés 33 millions de doses de Tamiflu et de 1,5 milliard de masques qui devraient servir pour le Mardi Gras. Selon les observateurs, « le montant initial des achats de 2,2 milliards d'euros et les pertes sèches à la charge du contribuable se situeraient entre 800 millions et un milliard d'euros selon les sources, ce qui représente la quasi-totalité des déficits des hôpitaux publics ». Si les laboratoires se frottent les mains (le chiffre d'affaires des antidépresseurs est en constante augmentation), la réalité des faits se passe de commentaires... Ou plutôt, elle devrait susciter un débat national sur ces effets d'annonce qui s'avèrent être des manipulations. Mais qui osera poser les pieds dans le plat ?

Toutes les fins de siècles regorgent de prophéties apocalyptiques. Il serait dommage que les organisations de santé se mettent, elles aussi, à jouer les funestes devins. A moins qu'elles ne se prennent pour des pythies.

« La terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la Terre »

Pour les scientifiques, la Terre n'a guère besoin d'un commandant suprême pour s'agiter. Elle est assez vieille pour ce type d'exercice dans lequel elle excelle, malgré son grand âge.
Face à ses caprices, les habitants sont désarmés et se lamentent, pointant l'index vers ceux qu'ils peuvent interpeller de vive voix.

Dans la douleur, Xynthia et la violence de son raz-de-marée le rappellent une fois encore. Les jeunes générations oublient trop souvent les recommandations des anciens qui évitaient de construire en zones humides. Simple question de bon sens. Ils recherchaient les points hauts qui les protégeaient des débordements des rivières et des frasques de l'océan. Pour avoir occulté cette menace, la ville d'Ys, construite dans la baie bretonne de Douarnenez, fut engloutie par les flots, prétend la légende.

A l'heure des bilans, Xynthia est certes un phénomène naturel contre lequel on ne peut rien, mais ses conséquences soulèvent deux points importants quant aux habitations inondées. On peut naturellement s'interroger sur la complaisance de certains maires face aux promoteurs immobiliers et l'incompétence des lotisseurs qui ont aménagé les pavillons submergés.


En effet, sur les terrains gagnés sur la mer, il est suicidaire d'édifier des maisons de plain-pied. On l'a malheureusement constaté : elles se transforment en tombeau quand l'eau atteint deux mètres. A Saintes, toutes les immeubles situés en bordure de Charente sont surélevés et pour cause...

Aujourd'hui, les vues sur la mer se sont transformées en vues sur l'amer. Les victimes pleurent, et sur les morts de cette nuit tragique, et sur cette vague qui a balayé les souvenirs de leurs vies meurtries. Chacun s'arme de courage, conscient de sa fragilité. L'entraide et la générosité s'organisent.

« L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale » écrivait Blaise Pascal.

Travaillons donc à bien penser la reconstruction et la protection des zones littorales, nous aurons alors accompli un grand pas...

N.B

Photos 1 et 2 : L'ile d'Aix où les digues sont en cours de restauration à l'approche des nouvelles marées.