samedi 13 mars 2010

Charente-Maritime :
6 millions d'euros pour aider
victimes et zones sinistrées


• L'entretien des digues
au centre des débats


• Coup dur pour le tourisme ?


Le raz-de-marée provoqué par la tempête Xynthia a provoqué des dégâts si importants que plusieurs mois seront nécessaires à la reconstruction. Des pans entiers de l'économie régionale, dont l'ostréiculture, ont été frappés de plein fouet. Réuni en session extraordinaire à Saintes vendredi dernier, le Conseil général va parer au plus pressé, sans ignorer la proximité de la saison touristique.
Or, les zones les plus touchées sont précisément celles qui sont les plus fréquentées. Fouras, Port les Barques, Aytré, le port des Minimes à la Rochelle, l'île d'Aix, l'île d'Oléron et bien sûr l'île de Ré : ces lieux attirent la foule chaque été. Il y a donc urgence à réparer les digues...



Vendredi dernier, l'émotion se lisait sur tous les visages. Onze ans après l'ouragan de 1999, Xynthia s'est déchaînée sur les côtes, submergeant terrains et maisons. Dénombrant plus de 50 victimes, la Vendée et la Charente-Maritime sont en deuil. Si la mobilisation a été rapide et les secours efficaces, la situation reste dramatique et les victimes, qui ont du être relogées, sont accablées par les conséquences de cette tempête gravissime.
A cette session extraordinaire, Dominique Bussereau, président du Conseil Général, avait convié les maires des communes sinistrées. Tous sont terriblement marqués apr le événements. Parmi eux, le maire de Loix, dans l'île de Ré, a sauvé de la noyade sa femme et ses enfants. Une nuit cauchemardesque.


Après avoir salué le travail du préfet Henri Masse, Dominique Bussereau dressa un état des lieux. Xynthia été plus meurtrière que 1999 où seul l'estuaire de la Gironde avait été touché par un raz-de-marée. Cette fois-ci, la tempête a frappé l'Aunis, balayant tout sur son passage. La vague, que nul n'avait pressentie, est arrivée dans la foulée.
Vus d'avion, certains paysages sont devenus méconnaissables, l'eau ayant recouvert les terres. L'Ile de Ré a renoué avec la géographie médiévale, époque où elle se composait d'au moins trois îles, Ars, Loix, et Saint Martin. A Boyardville, dans l'île d'Oléron, « le chantier est épouvantable » et l'île d'Aix a été coupée du reste du monde. Aux Boucholeurs, la situation est dramatique. La liste est malheureusement longue. Les maires ont aussitôt réagi, aidés par les sapeurs-pompiers, la sécurité civile et les militaires. « Les technocrates parisiens ne pourront plus dire que les 36000 communes ne servent à rien » remarqua Dominique Bussereau qui rendit hommage aux personnes qui se sont mobilisées pour porter secours aux sinistrés.


L'activité économique n'a pas été épargnée et 40.000 hectares de terres ont été submergés par l'eau salée (l'épandage de gypse sera nécessaire pour les assainir). La voie ferrée entre la Rochelle et Rochefort a été coupée et plusieurs semaines seront nécessaires au rétablissement du trafic. Les digues ont été sévèrement exposées et certaines ont cédé. Une première estimation des travaux s'élève à 200 millions d'euros. 30 millions seront affectés aux réparations urgentes. En effet, les prochaines marées auront lieu dans trois semaines et si rien n'est fait, l'eau entrera à nouveau par les brèches...
Grâce à une forte réactivité, des logements ont été proposés aux habitants dont les maisons ont été inondées : 800 en dur, 582 en centre de vacances, 50 appartements d'Habitat 17, 26 en collèges, auxquels s'ajoutent des mobil homes.

L'heure est donc à la reconstruction et des aides vont être attribuées, dont 6 millions du Conseil Général, afin de répondre aux besoins des sinistrés, rétablir la fonctionnalité des équipements, restaurer l'outil de production, réparer le réseau hydraulique (4 millions de m3 d'eau à évacuer) . Pour sa part, l'association des maires de France débloquera 20.000 euros pour la Charente-Maritime.
Face à l'ampleur de la tâche, Dominique Bussereau demande aux CDC ou CDA de rassembler les dossiers : « Nous avons adopté le dispositif mis en place par Claude Belot et Jean-Pierre Raffarin en 1999 ». L'état des lieux nécessite du temps, la tempête ayant touché aussi bien les stations d'épuration que les portes d'écluse, les maisons des particuliers que les établissements publics (dont le Conseil Général à la Rochelle), les terres agricoles que les activités maritimes (pêche, huîtres, moules), les voies de communication que la réserve naturelle d'Yves. Des cellules psychologiques ont été mises en place afin de soutenir les victimes de Xynthia. Des sorties et animations leur seront proposées afin de les sortir de cet environnement douloureux.
En ce qui concerne le tourisme, une campagne exceptionnelle sera lancée (750.000 euros), nécessaire à la promotion de la prochaine saison. Des efforts seront déployés pour que les campings soient rapidement opérationnels.

Digues : Faire beau... et solide

« Météo France a donné l'alerte et tous les maires ont été avertis. Malheureusement, on ne pouvait pas prévoir l'intensité du phénomène » enchaîna le préfet, Henri Masse. Dans la nuit, 2000 appels ont été recensés et 950 sauveteurs sont intervenus (11800 interventions). 700 personnes ont été mises en sécurité, 48 hospitalisées. Quelques jours après le drame, le président de la République, Nicolas Sarkozy, est venu à La Rochelle où il a annoncé un plan d'actions prioritaires. Un traitement rapide des dossiers par les assureurs est souhaité (il leur a été demandé de renoncer à la vétusté). Fallait-il procéder à l'évacuation des populations en bordure de mer ? La question se pose aujourd'hui...


Le témoignage du maire de Loix, Lionel Quillet, fit froid dans le dos. En effet, il a sauvé sa famille de la noyade. Comment aurait-il pu imaginer une telle épreuve ? Ses constatations sont sans appel. Si l'entretien des digues est un sujet récurrent, les matériaux utilisés, le calcaire blanc en particulier, ne sont pas assez solides. « Seule la diorite résiste. il est grand temps que nous nous adressions à de vrais professionnels, des ingénieurs venant des Pays Bas par exemple, pour nous conseiller. On ne peut pas se contenter de ne faire que du beau...» dit-il. Les regards se tournèrent vers les fonctionnaires de la DIREN et « certains membres de la Commission des Sites qui ne représentent pas grand monde » ajouta Daniel Laurent.
Jacky Quesson abonda dans son sens : « J'ai dû refaire un bout de digue au sud de Meschers. On nous a fait travailler l'hiver car l'été, ça gêne les touristes. Or, l'hiver, les travaux coûtent trois fois plus cher ». Pour Michel Doublet, il faudra entre trois et cinq mois pour réparer les digues. A Vitrezay, le pôle nature l'a échappé belle, selon Bernard Louis Joseph.

Présent à cette réunion, Claude Belot, prédécesseur de Dominique Bussereau au Département, salua le travail accompli, rappelant que « le soufflet ne doit pas retomber ». Ayant vécu la tempête de 1999, il donna des conseils utiles : aider les entreprises avec le concours de la CCI, être ferme avec les assureurs, s'appuyer sur l'Association des Maires pour diriger les opérations, etc.

La Charente-Maritime est ébranlée. Toutefois, elle doit faire face rapidement car la saison touristique, qui génère des devises, est un rendez-vous important pour sa santé fiancière. Elle ne baisse pas les bras et se bat sur tous les fronts, d'autant que dimanche, auront lieu les élections régionales. On les avait presque oubliées...

• L'info en plus


• Ile de Ré : Restera-t-elle le havre des Parisiens ?
Depuis la construction du pont, l'île de Ré est devenue le point de chute « chic » des Parisiens. Ils y ont acheté de nombreuses maisons et fait grimper le prix de l'immobilier dans des proportions importantes. Les autochtones admettent que leur « arrivée » a modifié leur rythme de vie. Ce raz-de-marée va-t-il changer quelque chose à la fréquentation estivale ? On le saura bientôt.

• A Talmont, la falaise du Caillaud a reculé de deux mètres. Les promenades y sont interdites.

• Déchets : La mer a ramené sur les berges et le littoral de nombreux déchets que ramassera, entre autres, la CDA de Royan. Dans ce cas particulier, Jean-Pierre Taillieu demanda à ce que la taxe sur les collectes ne soit pas appliquée.

• Carrelets : A peine reconstruits, aussitôt détruits. Une enveloppe de 50.000 euros sera débloquée pour restaurer ces constructions, « images de la Charente-Maritime ».

• Dégâts à la Maison du Département : Cette session avait lieu à Saintes car la Maison du département, aux Minimes, a été subi des dégâts. Le parking souterrain a été envahi par les eaux qui ont endommagé une soixantaine de voitures. La vague est arrivée au niveau de la salle de réunion qui, fort heureusement, a été épargnée. Privé d'électricité, le personnel s'est retrouvé sans téléphone, internet et chauffage.

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