vendredi 6 août 2010

Royan : La saga des bains de mer


Ce livre de Guy Binot, paru aux éditions Bonne Anse, est présenté par Didier Catineau :

Au Palais des Congrès, Pierre Louis Bouchet, responsable des éditions Bonne Anse aux côtés de Didier Quentin, député maire, et Guy Binot, auteur du livre consacré aux bains de mer.


De Meschers-sur-Gironde à La Tremblade en passant par Saint-Georges-de-Didonne, Vaux-sur-Mer, Saint-Palais-sur-Mer, Les Mathes, Royan Atlantique focalise une histoire formidable dont l’origine est à rechercher dès 1842 : les Bains de mer ont leur historien qui patiemment restitue cette aventure atlantique surprenante. Guy Binot, depuis plus de vingt ans s’illustre remarquablement par la parution de ses nombreuses recherches, notamment sur Royan. Les Editions Bonne Anse publient, en cet été 2010, un ouvrage incontournable, fruit de ces recherches, richement illustré de documents souvent rares et d’archives touchantes et émouvantes.


La cure des bains de mer

Tout commence par les baigneurs qui sont des « curistes » venus se soigner en étant plongés brutalement la tête la première dans une eau froide sinon glacée. Royan, avec ses magnifiques plages de sable fin, est l’un des premiers bourgs à s’ouvrir à cette nouvelle mode. Au début, les Royannais n’y croient guère, mais ils en réalisent vite l’intérêt financier et vont transformer le petit bourg protestant pour recevoir correctement ces « étrangers », quelques centaines par saison, issus des environs charentais et limousin avec quelques Bordelais. En dehors du bain, ils n’ont d’autres distractions que les promenades dans la nature. Les bains se prennent surtout sur la Grande Conche près du port et à Foncillon réservée aux dames qui portent des robes de laine sombre sur des pantalons alors que les hommes portent des caleçons. Les Français privilégient rapidement la recherche du plaisir à la simple thérapie médicale avec une entrée graduelle dans la mer durant la saison la plus chaude.

Un autre mode de vie à Royan-les-Bains

Les baigneurs, membres d’une petite élite aristocratique et bourgeoise, deviennent des "villégiateurs" qui résident un certain temps au bord de la mer et veulent y conserver leur mode de vie. Pour cela les Royannais ouvrent un casino où tout n’est que fêtes, jeux, bals et spectacles, mais qui offre également des bains chauds dans son hydrothérapie. Grâce au développement des transports maritimes avec Bordeaux, à partir de 1856 avec la création de Pontaillac, les Bordelais riches investissent à Royan et prennent une place importante dans le succès de Royan. Grâce au boom économique du Second Empire, elle devient une grande station mondaine qui reçoit de 30 à 40.000 baigneurs par saison, autour de laquelle se développent d’autres stations, notamment les Nonnes à Meschers, Saint-Georges de Didonne, Saint-Palais et la nouvelle Ronce-les-Bains, tandis que les dunes désertiques de la presqu’île d’Arvert se transforment peu à peu en une splendide forêt de pins.

Royan-sur-l’Océan : station mondaine

Grâce aux chemins de fer Royan devient l’une des grandes stations balnéaires en vogue, fréquentée également par les Parisiens et devenue cosmopolite. L’hédonisme triomphe à la Belle Epoque avec les grands casinos dont l’histoire nous est contée, largement embellie, par la célèbre Gazette des Bains de Mer de Victor Billaud.

Les baigneurs dénudés bronzent au soleil.

Les Années Folles après la Grande Guerre révolutionnent les bains de mer. Le soleil et le bronzage sont à la mode, les costumes de bain deviennent des maillots qui découvrent jambes, bras et dos. Jusque là le soleil était un ennemi car il ne fallait pas ressembler aux travailleurs manuels, les seuls à être bronzés, dont il fallait se protéger par des ombrelles et chapeaux. Subitement il est mis à la mode par Coco Channel sur la Côte d’Azur. Les baigneuses en arrivent même à porter des maillots deux pièces, qui créent un scandale au début, afin d’exposer un peu plus de peau au soleil.

La sinistre parenthèse de la Seconde Guerre Mondiale

L’occupation durant la Seconde Guerre Mondiale se termine pour Royan, l’un des points forts du Mur de l’Atlantique toujours occupée par des troupes importantes, par une totale destruction lors du sinistre bombardement du 5 janvier 1945. Libérée en avril, totalement rasée, anéantie, la ville est à reconstruire entièrement.

Station la plus « années 1950 »

La reconstruction prend quinze longues années. Pendant se temps le tourisme reprend peu à peu au milieu des chantiers. La vie balnéaire se démocratise complètement avec le succès des congés payés, qui avaient peu marqués la région avant-guerre, pour la première fois la clientèle n’est plus élitiste. Le scandaleux bikini apparait sur nos plages. La nouvelle ville a alors le privilège de devenir la station balnéaire la plus moderne de France avec une architecture d’avant-garde des années 1950.

Le tourisme de masse des vacanciers en bikinis

La clientèle s’est entièrement démocratisée, les congés payés sont maintenant un droit acquis pour tous, les baigneurs sont des « vacanciers » qui vont à la plage pour y oublier leurs soucis quotidiens dans une atmosphère ludique de liberté. Grâce à l’automobile, les touristes envahissent toutes les plages de la côte, devenue la Côte de Beauté, de Meschers jusqu’à Ronce-les-Bains sans oublier la nouvelle station de La Palmyre avec son zoo si réputé. Toute la côte est gagnée par une urbanisation galopante, pas toujours de la meilleure qualité. Le bain et tous les sports nautiques notamment le nouveau surf, s’y pratiquent, ainsi que la navigation de plaisance qui explose.

Défilé de l'école de danse Odile Buchner



Didier Quentin, député-maire de Royan, précise dans sa préface que « la ville doit sans cesse intégrer de nouveaux paramètres, aujourd’hui le développement durable, les nouvelles technologies, les formes innovantes de découvertes culturelles et patrimoniales. Dans cette nouvelle donne, Royan a de formidables atouts à faire valoir. Encore faut-il qu’elle les joue. Plutôt que de soupirer après la belle époque mondaine, il convient plutôt d’en retrouver l’état d’esprit volontaire et moderniste ».

Voici en quelques lignes ce qui fait l’intérêt de cette saga des Bains de mer : une précision d’érudit, un humour dans l’écriture et une multitude de documents qui permettent au lecteur de se souvenir, de partager aussi et de se projeter dans un futur toujours attaché à sa relation avec le soleil et l’océan, prolongeant cette fascination toujours actuelle et débutée il y a un siècle et demi.

Devant le palais des congrès, défilé de maillots de bain !






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