Dans le cadre de l’exposition photographique présentée au donjon de Pons, une conférence était organisée par Christian Violeau, directeur de l’Office de Tourisme. Le thème était une réflexion sur la Chine à partir du regard croisé de Saintongeais. « Quand la Chine se réveillera, le monde tremblera » écrivait Alain Peyrefitte, homme politique et écrivain, dans les années 1970.
Avait-il raison ?...
La Chine, le sujet est d’actualité ! Avec les Jeux olympiques où il a décroché une moisson de médailles, l’Empire du Milieu défraie la chronique et son développement économique commence à affoler le monde. En contact avec ce pays où ils ont rencontré une autre culture, des Saintongeais y ont vécu des expériences intéressantes. « Dans bien des domaines, le choc fut réel » disent-ils.
Vendredi, ils ont apporté leurs témoignages. Parmi eux, on notait la présence de Christian Furet, responsable d’une société française à Shanghai durant plusieurs années, Jean-Michel Naud, patron de la Distillerie de la Tour, spécialisée dans les vins et spiritueux et Xavier de Roux, avocat international qui créa, alors qu’il dirigeait le cabinet Gide, des bureaux à Pékin, Shanghai et Hong Kong pour conseiller les investisseurs étrangers. Ingénieur général du Génie Rural, Georges Morin a effectué, quant à lui, plusieurs missions en Chine. Séduit, il y est retourné comme touriste.
La volonté de réussir
De ces échanges, on retiendra la spécificité de la Chine - ses habitants se voient au centre du monde - et la difficulté pour les "nobles étrangers" de s’installer dans ce pays qui garde de mauvais souvenirs des époques néocoloniales, illustrées notamment par les guerres de l’opium menées à la fin du XIXe siècle par l’Angleterre et les puissances occidentales et, plus récemment, par la longue et cruelle occupation japonaise.
Ceci étant, tous les intervenants soulignèrent la réactivité, la haute technologie, le goût du travail et la volonté de s’enrichir du peuple chinois dont la croissance - avec un 1.3000.000 habitants - est de nature à tirer l’économie mondiale et aussi, probablement, à la dominer dans un avenir proche. « Je me souviens avoir interdit à mes salariés de travailler plus » : cette remarque de
Christian Furet dénote le courage des Chinois à améliorer leur quotidien. Comme les Occidentaux, ils veulent acquérir une voiture (le cinquième périphérique de Pékin est en construction) et s’offrir des plaisirs bien mérités. Ils sont vaillants, créatifs et possèdent un sens inné du commerce. « En affaires, ils attendent nos capitaux. Pour établir un marché, le seul problème est de les convaincre. Il faut parfois plusieurs années avant d’obtenir une réponse positive » constate Jean Michel Naud qui s’est heurté à des lenteurs administratives.
En voulant transformer la Chine en usine du monde et en y délocalisant ses outils de production pour obtenir une main d’œuvre bon marché, les entreprises occidentales ont probablement commis une grande erreur puisque cette situation s’est traduite par des transferts massifs de technologie. Les Chinois, qui ont le sens de l’observation, n’y ont pas perdu au change ! Par ailleurs, l’augmentation des salaires et du niveau de vie chinois rend de plus en plus illusoire une production à bas prix. Les sociétés capitalistes au-raient-elles acheté la corde pour se pendre ?...
Occidentaux - Chinois : d’évidentes différences
Parmi les autres sujets évoqués, celui des particularismes musulmans en Chine suscita un débat animé. Théoriquement, les minorités sont protégées. D’ailleurs, Georges Morin rappela qu’elles figurent sur le drapeau chinois et même sur les billets de banque. En France, on n’a jamais vu les couleurs de la Bretagne ou du Languedoc troubler l’habituel trio bleu blanc rouge ! Si les minorités sont une composante de la Chine, elles posent néanmoins des problèmes. Ainsi, les Houïgours dont le mouvement de contestation a été sévèrement réprimé voici quelques années.
Anne Darling parla surtout de l’autre minorité musulmane, les Hui, où naissent plus d’enfants que ne le tolère la loi (un seul enfant par famille est autorisé par le gouvernement). Les parents les font sortir du système social en évitant de les déclarer. Ainsi, ils ne paient pas d’impôt supplémentaire C’est pourquoi des femmes imams, c’est-à-dire des clercs musulmans, enseignent de façon privée tous ces jeunes dépourvus d’identité.
Enfin, Jean Guillame Kerrinckx présenta une comparaison très intéressante faite par un artiste chinois. La façon dont les Chinois se représentent les Occidentaux est intéressante. Amusantes, ces visions croisées entre Europe et Extrême-Orient démontrent nos évidentes différences, de l’heure où nous prenons notre douche à la façon d’élever les enfants ou de faire la tête quand il pleut ! Il poursuivit par des anecdotes avec la bonne humeur qui le caractérise.
Ce fut donc une soirée riche et réussie avec, jasmin sur la tasse de thé, une bonne participation du public qui posa de nombreuses questions.
Infos en plus
• Que veulent dire les étoiles sur le drapeau chinois ?
La version officielle : Le drapeau national de la République populaire de Chine est un drapeau rouge qui porte en haut à gauche cinq étoiles jaunes : une grande et quatre petites. Les cinq étoiles symbolisent la grande union du peuple entier (les petites étoiles), autour du Parti communiste chinois, la grande étoile. Le rouge est le symbole de la révolution et le jaune, celui de la lumière inondant le territoire chinois.
D’autres sources moins officielles présentent aussi leur version : La couleur rouge du drapeau est la couleur traditionnelle de la révolution. La grosse étoile dorée représente "le Programme commun du Parti communiste" et les petites étoiles dorées les quatre classes unies par le programme commun : les travailleurs, les paysans, la petite bourgeoisie ou plus classiquement les capitalistes patriotes
On trouve une autre interprétation qui se rapporte à la période de la fondation de la République de Chine par Sun Yat-sen (1911) : la grande étoile représenterait la population majoritaire, les Hans (l’ethnie chinoise à proprement parler), les quatre petites, les quatre principales minorités à l’époque : Mandchous, Tibétains, Mongols et aujourd’hui les minorités ethniques en général.
• Au sujet de l’environnement : Christian Furet n’est pas pessimiste à ce sujet : "quand les Chinois décident quelque chose, ils le font » souligne-t-il. Autrement dit, s’ils se mettent au vert, ils respecteront leurs engagements. Ainsi, pour les JO, ils ont délocalisé en peu de temps une grosse aciérie proche de Pékin. Par ailleurs, connaissez-vous un autre pays où l’on place les arbres malades sous perfusion ?..."
• Au Tibet : Voilà un sujet qui mériterait d’être largement débattu. Georges Morin maîtrise bien la question et son point de vue ne va pas forcément dans le courant de la pensée unique française actuelle...
Photo 1 : Anne Darling, photographe, a réalisé plusieurs reportages sur les minorités musulmanes du Ningxia dont l’un consacré aux femmes imams. Étudiant, le jonzacais Jean Guillaume Kerrynx a passé, quant à lui, plusieurs mois dans des universités chinoises. Il en a rapporté moult souvenirs, des drôles (ses observations sur les coutumes locales) et des moins drôles (les écoutes téléphoniques en particulier).Photo 4 : Jean-Michel Naud, directeur de la distillerie de la Tour.
Photo 2 : Un public peu nombreux, mais de qualité !
Photo 3 : Christian Furet a travaillé à Shanghai.
Photo 4 : Jean-Michel Naud, directeur de la distillerie de la Tour.
Photo 5 : À gauche Christian Violeau, président de l’Office de Tourime.
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