lundi 8 mai 2023

Saintes/Alexandre Beridze, peintre : « La beauté sauvera le monde », mais qui sauvera la beauté ?

Installé à Saintes, l’artiste Alexandre Beridze rend hommage à la beauté dans un manifeste puissant : « Je proclame une nouvelle ère, un nouveau tournant dans la spirale du développement de l’art. Je proclame le retour à la beauté. Un retour à la vraie beauté que nous connaissons depuis l'ère antique. Un retour à la beauté, chanté par différentes générations d'artistes brillants. Un retour à la beauté d'un cadre artistique, d'un geste, d'une composition, d'une couleur, d'une forme. Tout ce que l'on voit dans les détails et dans la totalité d'une œuvre d'art ». Rencontre avec un peintre qui donne à ses œuvres les multiples visages de l’impressionnisme abstrait.

   Le monde bouge, Alexandre Beridze l'accompagne !

Né à Saint-Petersbourg, petit-fils du peintre Feodor Kholvenkov, Alexandre Beridze a posé ses valises en Charente-Maritime dans les années 2000. Il a toujours aimé dessiner et c’est naturellement qu’il a poursuivi des études artistiques. Difficile pour lui de travailler dans le monde de la restauration où évoluait sa famille, « ce n’était pas mon truc » avoue-t-il. En 1996, il est diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Tbilissi (Géorgie). Il décide de quitter son pays et recherche une terre anglophone (USA, Australie). A l’époque, il ne parle pas encore français, ce qui viendra rapidement puisqu’en 2013, c’est précisement la France qui l’accueille. Avec un petit pincement au cœur : sa grand-mère, Anna Barbara Richelieu, n’est-elle pas française ? 

A Paris, il entreprend une carrière de graphiste designer dans la publicité. Parallèlement, sa peinture est remarquée : il participe entre autres à l’Art Paris Art Fair ainsi qu’à la Biennale de Florence. On le retrouve à Paris, Monaco, Nice, Bruxelles et autres lieux. Il se souvient avec émotion de son exposition à la Galerie Adler à Paris en 2011. Cette même année, il est mentionné par le « Journal du Net »  parmi les dix artistes sur lesquels il faut miser en France. En 2014, il reçoit en Italie le prix Sandro Botticelli honorant des artistes contemporains. En 2019, il est nommé directeur artistique du prix de F1 de Monte Carlo. Cotés, ses tableaux sont vendus par la société Phillips à New York, spécialiste de l’art contemporain. 

Depuis 2016, Alexandre Beridze a engagé « Réflection », une série de tableaux sur le thème du mental de l’homme, vaste sujet. « Je pense que le monde est constitué de la géométrie et des couleurs qui génèrent l'image que nous voyons » souligne-t-il. Sa peinture est complexe car elle est guidée par une recherche intellectuelle constante. Les esprits vagabonds verront dans ses toiles une interprétation bien à eux, un détail, une forme leur rappelant une scène particulière, une étoile qui se met à briller dans le ciel de leur sensibilité. Les scientifiques, au contraire, apprécieront une composition précise qui s’inscrira dans le cadre de leurs recherches. Finalement, chacun y trouvera sa propre réponse, quelle que soit son approche ! 

Les tableaux d’Alexandre Beridze regorgent de couleurs : les uns filent à grande vitesse, les autres tendent leurs rets. L’important n’est-il pas de les saisir ? Gerbes scintillantes, azulejos cosmiques, mosaïques savantes, labyrinthes éternels… L’artiste, en pleine introspection, va à la découverte de notre vie mentale (d’où un ouvrage avec Jean-Louis Tripon), étude qu’il souhaite partager avec le public. « Je travaille la nuit, la journée n’est pas faite pour la création » dit-il. Conscient, subconscient, visions ? Certains peintres sont doués d'une double vue qui en fait des êtres particuliers, faisant sauter les verrous qui enferment la société. Nouveau Big Bang pour nous extraire du marigot de cacophonie où se confine la pensée actuelle ? Alexandre Beridze veut apporter sa pierre à l’édifice en démontrant qu’aucune frontière ne peut empêcher l’art de voyager et de s’exporter ! Ses nombreuses facettes font penser aux centaines de grottes qu’avait créées Tamar, reine de Géorgie, à Vardzia pour servir de lieu d’accueil à ceux qui souhaitaient trouver un havre de paix…

Alexandre Beridze : une recherche constante sur la vie mentale
Dan la région, Alexandre Beridze a exposé à Cognac, Saintes (Galerie Paul et ses frères)
Une sculpture de l'artiste

Manifeste «  Renaissance de la Beauté » (extraits) 

« Aujourd'hui plus que jamais, des questions se posent : quelle voie de développement suivra l’humanité ? Comment la culture et l'art vont-ils évoluer ? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de comprendre la signification de la peinture. Non seulement dans l'histoire de l'art, mais aussi dans l'histoire de l'humanité ! La peinture est le seul outil pour "écrire" chronologiquement l'histoire de notre séjour sur Terre. La manière la plus efficace d'afficher le développement de l’humanité. Commençant par des peintures rupestres, se terminant par des chefs-d'œuvre modernes. Et tout cela parce que la peinture n'a pas besoin de traduction. Elle est compréhensible dans toutes les langues.

La beauté est infinie, tout comme notre univers ! La beauté, notre vision de la beauté et sa compréhension constituent le bien le plus élevé. Seul l’art - l’art véritable - peut aider une personne à s'élever, à grandir et à devenir plus spirituelle, à se rapprocher de son créateur. La beauté n'a pas besoin de concept, d'abstrait ou d'explication. Pendant des siècles, les gens ont pu voir la vraie beauté et admirer des chefs-d'œuvre sans expliquer le concept de l'œuvre. Pas une seule personne ne s'est sentie idiote devant un chef-d'œuvre, car la vraie beauté elle-même parle clairement au spectateur.

Moi, Alexandre Beridze, je proclame le retour à la beauté. Un retour à la vraie beauté, chanté par différentes générations d'artistes brillants. Un retour à la beauté d'un cadre artistique, d'un geste, d'une composition, d'une couleur, d'une forme. Tout ce que l'on voit dans les détails et dans la totalité d'une œuvre d'art.

L'artiste est indissociable de son œuvre car il y met une partie de lui-même, son âme. C'est elle qui reste dans l'œuvre pendant des siècles, qui plaît aux générations. Le moment est venu de changer le paradigme existant et de proclamer la Renaissance, la Renaissance, comme elle l'a déjà été dans l'histoire de l'art. Rappelons que la peinture en anglais sonne comme « Fine Art », en français « Beaux Arts », en italien « Belle Arti ». Le mot beauté est partout. Que la vraie beauté soit toujours un guide pour les créateurs. Nous avons entendu maintes fois l'expression : « la beauté sauvera le monde ». Mais qui sauvera la beauté ? C'est notre tâche ».


Toiles d'Alexandre Beridze

Avec son ami Yvan Rotrou, investi dans les milieux artistiques. Photo prise à l'Antique Café, chez Patrick et Claire Espinosa

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