mardi 2 mai 2023

Inauguration du Centre départemental d’études archéologiques de Saint-Césaire/Sylvie Marcilly : « Au pied de ce bâtiment, 36000 ans nous contemplent ! »

Construit à proximité du Paléosite de Saint-Césaire, le Service d'archéologie départemental est un équipement flambant neuf. Il a été inauguré vendredi dernier par Sylvie Marcilly, présidente du Conseil départemental, son prédécesseur Dominique Bussereau, et de nombreuses personnalités dont Catherine Desprez, en charge de la politique culturelle et Christelle Basso-Fin, maire de Saint-Césaire. Ce site accueille le mobilier issu des fouilles effectuées en Charente-Maritime ainsi que l’important fonds entreposé à Saintes en différents sites. A noter, et ce détail a son importance, que les découvertes faites à Saintes - collections stockées à la Trocante et chantiers récents - ne quitteront pas la cité santone et seront exposées dans le futur musée, projet de la municipalité. Pour l’heure, à Saint-Césaire, les archéologues travaillent à la transmission de la connaissance et sur ce chapitre, ils évoluent dans un milieu renommé : cette commune, en effet, est une référence mondiale puisque c’est ici que des chercheurs ont démontré, grâce à une découverte d'ossements, que Néandertal et Sapiens avaient cohabité. Jusqu'alors, on pensait qu’ils s’étaient succédé dans la chronologie. L’histoire de nos ancêtres en a été bouleversée ! 

 Le ruban tricolore coupé par Sylvie Marcilly aux côtés de Dominique Bussereau, Catherine Desprez, Christelle Basso-Fin, Stéphane Villain, Corinne Imbert, etc

Dans son allocution, Sylvie Marcilly n’a pas caché son enthousiasme : «  Au pied de ce bâtiment, 36000 ans nous contemplent ! ». Et pour cause, c’est à Saint-Césaire qu’a été révélée la cohabitation entre l’homme de Néandertal et Sapiens, notre ancêtre direct. Une information dont les retombées dans les milieux scientifiques ont été retentissantes ! « Nos enfants viennent au Paléosite pour visiter et apprendre nos origines. Comprendre le passé, c’est toujours envisager l’avenir ». L’ouverture du Centre apporte un plus à l’archéologie dans son ensemble : « il s'affirme comme un lieu de préservation essentiel, où les collections contribueront à éclairer l'histoire du territoire ».  

Le passionnant travail des archéologues présenté à Sylvie Marcilly

Les fonds départementaux entreposés à Saintes sont désormais à Saint-Césaire
Corinne Imbert, sénatrice, et Stéphane Chedouteaud, maire d'Aulnay
Catherine Desprez, chargée de la culture, a suivi de près les travaux du Centre : « Ce bâtiment, Dominique Bussereau le souhaitait sur un sol déjà artificialisé. C’est le cas car il s’agit d’un ancien parking, nous n’avons pas ajouté de béton ! C'est une grande structure avec des capacités de stockage importantes. En ce qui concerne la grande pièce, tout ce qui est déjà présent à Saintes représente la moitié de ce volume. Avant de faire le déménagement de Saintes à Saint-Césaire, il a fallu trier. Placée dans des bacs, la totalité de l'ensemble sera transférée dans les semaines à venir. Ce lieu est une richesse pour le Département. L’équipe d’archéologues est complète et efficace ».

• Les archéologues travaillant au centre : Karine Robin (bien connue à Jonzac où elle a encadré la fouille de la villa gallo-romaine), Clarisse Parra-Prieto, Nadine Béague (arrivera en juin), Théo Aubry, Pierre Giraud
Les objets étudiés vont de la préhistoire à l'époque moderne
Le résultat des fouilles est inventorié et étudié
L'archéologie fait remonter le temps !

Christelle Basso-Fin, maire de Saint-Césaire, a salué l’implantation de cette nouvelle structure sur sa commune : « Valoriser, c’est transmettre et communiquer. Communiquer en archéologie, c’est inviter à regarder loin derrière nous pour comprendre qui nous sommes et d’où nous venons. La volonté de créer ce dépôt est liée à l’importance du site préhistorique de la Roche à Pierrot tout proche, une référence mondiale en préhistoire qui a livré depuis 1979 des informations capitales sur nos origines. Si ce pauvre Néandertalien avait pu se douter de toute la portée de sa présence, 35000 ans plus tard et au regard de ce que nous pouvons voir dans nos réserves archéologiques, il réaliserait le chemin parcouru ! La commune de Saint-Césaire porte une grande attention aux vestiges du passé. C’est avec beaucoup de plaisir que nous accueillons l’équipe d’archéologues et nous espérons qu’ils apprécieront ce nouvel aménagement ». 

Le nettoyage du mobilier (à la brosse à dents)
Vitrine d'exposition

Les représentants de la DRAC ont souligné « l’action remarquable du Département pour l’archéologie », avec ce lieu d’études et une équipe qui sait faire parler les pierres. « Les archéologues ont l’œil pour faire ressurgir notre histoire à travers des vestiges qui, parfois, ne paraissent pas être des trésors, mais auxquels ils savent rendre leur vraie dimension ». 

« Une archéologue aime bien regarder le temps qui passe. Quelques dates : 2003/2023 les 20 ans de l’archéologie préventive, la création du Service départemental d’archéologie qui fut l’un des premiers en France sous ce format-là, 2009 les premières discussions pour la création de ce centre et 2023 son inauguration. J’éprouve une certaine émotion à découvrir ce bâtiment et le travail des élus qui sont arrivés à ce résultat. La loi sur la protection du patrimoine territorial permet aux collectivités de s’investir en lien avec la DRAC » a rappelé Gwénaëlle Marchet-Legendre, conservatrice régionale adjointe de l'Archéologie.

Les allocutions

En réunissant sur un même site des équipements, dans une logique d’échanges scientifiques et culturels, le Centre d’études archéologiques sera « un équipement tête de réseau qui stimulera le maillage et l'irrigation du territoire, en développant la connaissance et en favorisant l'accessibilité culturelle avec des prêts aux musées pour des expositions » conclut Sylvie Marcilly.

L'info en plus

• AU DEPART : 

Claude Belot, Dominique Bussereau, présidents du Conseil Général, Xavier de Roux, maire de Chaniers et conseiller général et René Boucher, ancien maire de Saint-Césaire sont à l’origine du Paléosite dédié à l’homme de Néandertal, qui compte désormais comme voisin le Centre départemental d’études archéologiques.  

• LES RÉSERVES DU CENTRE

Elles vont permettre la conservation d'environ 25000 caisses, correspondant à l'estimation du besoin de stockage pour 11 ans. Aujourd'hui, environ 9000 caisses de mobilier sont conservées au dépôt de fouilles à Saintes. Le récolement a permis d'en traiter 30 % (environ 3000). Le reconditionnement adapté et le tri ont permis de réduire le nombre de caisses, soit 2531 caisses (réparties sur 40 palettes filmées et 10 palettes de lapidaire). Il permet d'optimiser le volume de stockage et de procéder à la destruction de mobiliers trop altérés ou de prélèvements non utilisés. Ainsi, plus de 3 tonnes de matériaux ont été évacués et déposés dans une décharge départementale spécifique (environ 200 caisses). 

L'ORGANISATION DU CENTRE

Le Centre d'Études Archéologiques est organisé autour des entités fonctionnelles suivantes :

- L’unité de traitement (250 m2) permet l'enregistrement de l'objet dès son arrivée et la prise en charge des mobiliers selon leur nature. 

- L’unité de conservation (1010 m2) comprend les réserves provisoires spécifiquement dédiées à l'activité d'archéologie préventive. Elles permettent de stocker les collections le temps de l'étude (2 ans) ; les réserves permanentes au sein desquelles est conservé le mobilier après étude, appartenant ou géré par le Département ; les réserves lourdes permettant de conserver dans des conditions appropriées le mobilier lapidaire

- L’unité de recherche (100 m2) composée d’espaces permettant d'accueillir les personnels, responsables d'opération, chercheurs et étudiants dans des zones adaptées (études et laboratoire photo à proximité des réserves provisoires, zones d'études intégrées aux réserves permanentes, centre de documentation).

- L’unité administrative (185 m2) permet d'accueillir le personnel du Service d'archéologie départementale

- L’unité logistique (225 m2) 

• A PROPOS DU SERVICE ARCHÉOLOGIQUE DÉPARTEMENTAL

Le Service d'Archéologie Départementale a été créé en 2001. Il réalise des opérations de diagnostics et des fouilles préventives pour les périodes allant du Néolithique à l'époque moderne. Ces opérations, préalables aux aménagements, sont obligatoires après prescription des services de l'Etat, concernent des travaux initiés par le Département (tracés routiers, constructions, etc), des aménagements publics ainsi que des projets privés.

Composé de 8 agents permanents, le Service d'archéologie départementale remplit deux types de missions : 

• l’archéologie préventive : Saint-Pierre d'Oléron (occupation de l'âge du Fer et carolingienne), Saint-Sulpice de Royan (village médiéval), l'amphithéâtre à Saintes, Aytré (habitat de l'âge du Fer). Depuis 2001, près de 40 fouilles préventives ont été effectuées. 

• l’archéologie programmée : le Département s'est engagé pour l'exploration et la mise en valeur de sites archéologiques d'importance : site néolithique d'Ors (Château d'Oléron), sites médiévaux et modernes de Hiers Brouage et du Château-d'Oléron, villas antiques de Saint Saturnin-du-Bois et Jonzac, prospections thématiques sur l'occupation aux âges des métaux, vestiges de la seconde Guerre Mondiale. Le site du Fâ, à Barzan, a fait l’objet d'investigations par le Département, des partenaires scientifiques (Universités, CNRS), l'INRAP et des entreprises privées. 

 

1 commentaire:

Noëlle Gérôme a dit…

Une remarque à propos du programme de ce Centre Départemental d'Archéologie: ile serait tout à fait dommageable aujourd'hui, dans l'état actuel des connaissances et des moyens matériels et intellectuels mis à la disposition des chercheurs, de procèder à l'élimination d'artéfacts "trop altérés" ou résultant de "prélèvements inutilisés".
L'histoire des sciences sociales et humaines montre que l'on a tout à attendre d'études ultérieures.