C'est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de Michel Doublet, maire de Trizay depuis 1977, à l'âge de 82 ans. Figure emblématique de la politique du département, il a occupé de nombreuses fonctions dont celle de sénateur de 1989 à 2014, aux côtés de Claude Belot en particulier. Arrivant des rangs du RPR à ses débuts, il s'est rapidement fondu dans la grande mouvance charentaise-maritime, soucieux de développer le territoire (il a présidé l'association des maires) et de contribuer à la valorisation de sa commune. On lui doit en particulier la restauration de l'abbaye de Trizay qui constitue l'un des hauts lieux du patrimoine régional. Proche de la population, il possédait les qualités des gens du terroir, la stabilité, la solidité et un bon sens inaltérable. Sympathique, de bonne rencontre, nous garderons un excellent souvenir de "Michel".
Michel Doublet (au centre de la photo) aux côtés d'Alexandre Grenot en 2015 au Conseil départemental : c'était l'heure de la parité ! (© N. Bertin) |
En 2008, Michel Doublet avec des maires de son territoire, Daniel Laurent, Xavier de Roux, J.C Grenon, G. Boireaud (© N. Bertin) |
• Mickaël Vallet, sénateur et conseiller départemental de Charente-Maritime lui rend hommage :
« Michel Doublet, la République à très haut débit »
« Avec Michel Doublet disparaît un peu plus encore une certaine façon de faire de la politique et de servir son pays. Michel était un homme de réseaux, un homme fidèle et un esprit fin que nous sommes nombreux à pleurer aujourd’hui.
C’était un homme de réseaux au sens positif du terme. C’était un humaniste attaché à cet idéal de la diffusion des réseaux de services et commodités à des tarifs accessibles à tous les citoyens et cette idée est consubstantielle à la République. C’est même une idée très « troisième République » et Michel portait cela jusque dans cette barbe d’époque. Ce fil rouge de son action politique l’a amené à défendre les services publics offerts par les communes comme président des maires de Charente-Maritime, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme président du syndicat des eaux ou des réseaux routiers de qualité comme président de la direction des infrastructures du département. Il avait la passion de relier les gens entre eux et sa réputation toujours vivace dans les couloirs du Sénat en est aujourd’hui encore l’écho.
Michel était aussi un homme de débit. De très haut débit même. Pas seulement celui des sources du syndicat des eaux qu’il a présidé si longtemps, mais aussi dans sa façon d’échanger, de parler, de faire débattre, et d’avoir toujours un bon mot pour chacun. Michel avait une répartie fulgurante qui ne pouvait laisser personne indifférent, soit par la justesse du propos, soit par sa drôlerie soit par son excès, toujours contrôlé. J’ai ri avec Michel comme avec peu de collègues élus. Beaucoup et souvent. Le sérieux de son investissement politique lui permettait cette mise à distance par l’humour et cette qualité n’est pas offerte à beaucoup dans une vie politique où tout le monde a un avis sur tout en 240 signes.
Michel, c’était aussi une façon de faire de la politique. Il savait où était son camp, celui de la droite républicaine, lointainement issue de la tradition gaulliste qu’il avait gardée chevillée au corps bien plus profondément que beaucoup de compagnons proclamés. Et c’est parce qu’il savait de quel bord il était, c’est parce qu’il restait en toute circonstance fidèle à sa famille politique qu’il pouvait d’autant plus aisément discuter et tendre la main aux autres. Lorsque la gauche est revenue au pouvoir en 2012 Michel n’avait aucun problème à décrocher le téléphone pour demander une intervention auprès de tel ou tel ministère en faveur du syndicat des eaux de la Charente-Maritime et surtout des abonnés. Et lorsque tel ou tel, à gauche ou à droite, n’était pas loyal Michel savait le dire et il appréciait d’autant plus ceux qui avait des convictions.
Les habitants de Trizay peuvent s’enorgueillir d’avoir accordé leur confiance autant de fois à leur maire qui les aura servis de toutes ses forces. Rien n’était trop beau pour Trizay et si nous en avons beaucoup plaisanté ensemble nous savions aussi tous les deux que c’est ce lien particulier entre un maire et sa commune qui offre une des plus belles incarnations quotidiennes de la République pour chaque concitoyen.
En ce moment si difficile, j’adresse ma profonde sympathie à sa famille et à ses proches, à tous ceux qui avaient le bonheur de le côtoyer au quotidien et aux habitants de Trizay. Nous pleurons avec eux ».
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