mercredi 22 juin 2022

Peintures murales à Saint-Hilaire du Bois, Saint-Germain de Vibrac et Saint-Ciers Champagne : Parmi les trésors de Haute Saintonge

Dernièrement, l’association des Archives historiques de l’Aunis et de la Saintonge, que préside Pascal Even, avait organisé une après-midi découverte des peintures murales du XIVe siècle mises au jour dans trois églises de la région, Saint-Hilaire du Bois, Saint-Germain de Vibrac et Saint-Ciers Champagne. Vestiges émouvants des siècles passés, elles évoquent des scènes bibliques qui rappellent que les édifices religieux possédaient des ornementations recouvertes aux périodes ultérieures. A une époque où la majorité ne savait pas lire, ces scènes constituaient sur une sorte "d’écriture picturale" permettant aux paroissiens d’entrer dans la vie des saints ou des passages de la Genèse. On ne possède aucun document sur les artistes anonymes les ayant réalisées. Sans doute faisaient-ils partie des compagnons qui intervenaient d'église en église... 

A voir au fil de vos balades estivales dédiées au patrimoine… 

• Saint Hilaire du Bois

Ayant échappé aux destructions des guerres de religion, l’église de Saint-Hilaire du Bois (comme celle de Nieul-le-Virouil) est l’une des rares à avoir conservé son allure originelle, de style roman. Elle ne possède pas de construction ultérieure, comme de nombreux autres édifices dans la région. Dépendant du diocèse de Saintes, cette église est citée dès le XIe siècle. Le chœur a été reconstruit au XIVe siècle, les peintures murales datent de cette époque. 

Parmi les représentations (panneaux explicatifs situés dans l'église) 

• Marguerite d'Antioche :

Selon une légende très célèbre au Moyen-Age, le préfet romain Olybrius tomba amoureux de Marguerite lors de sa campagne à Antioche (en Anatolie, dans l'actuelle Turquie). Marguerite, chrétienne, rejeta ses avances et ne renonça pas à sa foi même sous la torture. Elle fut jetée en prison où elle rencontra le diable sous la forme d'un dragon qui l'avala, puis la recracha lorsque la croix de la sainte irrita ses entrailles. A la suite de nouveaux supplices, elle mourut décapitée. Elle est souvent représentée avec ses attributs : le dragon, la croix qui lui permit de vaincre le dragon et des perles qui se disent en latin margarita. Parce qu'elle était sortie du ventre du dragon, elle est devenue la sainte patronne des sages-femmes et des accouchées.

• Nicolas de Myre (ou de Bari) :

Né à Patare (vers 270/345) en Lycie (actuelle Turquie), il devint évêque de Myre. Il fut l'un des 318 évêques qui condamnèrent l'arianisme au premier concile de Nicée. Son tombeau fut vénéré dans tout l'Orient. Sept siècles plus tard, en 1087, devant l'avancée des Turcs, ses reliques furent transférées à Bari, en Italie, qui devint un haut lieu de pèlerinage.

On lui attribue de nombreux miracles. Le plus célèbre est celui des trois officiers de l'empereur Constantin qui avaient été envoyés en Phrygie pour combattre et qui, passant par Myre, avaient vu l'évêque Nicolas libérer des mains du bourreau trois hommes injustement condamnés. Rentrés à Constantinople, les trois officiers tombés en disgrâce furent condamnés à mort. Se souvenant de l'évêque de Myre, ils s'adressèrent à Dieu pour obtenir que Nicolas les sauve. Celui-ci apparut alors en songe à l'empereur Constantin qui, le lendemain, reconnut leur innocence et les libéra.

Au XIIe siècle, un trouvère fit un poème de l'histoire des « trois clercs allant à l'école », tués par un boucher, puis ressuscités par le saint évêque de Myre. Cette légende s'ancra dans la croyance populaire en Occident et contribua à l'extension du culte rendu à Saint-Nicolas.

Une église romane intéressante à découvrir

Saint-Pierre, Apôtre

De son vrai nom Siméon Bar-Yonah (Simon, fils de Jonas) était pécheur en Galilée. A l'appel de Jésus, il quitte sa famille et devient son disciple. Après la mort de celui-ci, il guidera la communauté chrétienne. Apôtre, bon orateur il prêche à Antioche et d'autres villes de la Syrie romaine avant de se rendre à Rome. Il y est martyrisé, sous le règne de Néron, premier empereur à persécuter les chrétiens.

« Je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon assemblée », c'est par l'interprétation de ces paroles de Jésus que l'Eglise catholique affirme la primauté pontificale. Rome devient le siège où le Pape règne et représente les chrétiens du monde entier.

• Litre funéraire avec blason, probablement des seigneurs de Nieul le Virouil Les Arnould et Poute

Sous l’ancien Régime, la litre funéraire (du latin médiéval lista, « bordure ») est une bande noire peinte à l'intérieur d'une église pour honorer la mémoire d'un notable défunt

Ancienne sépulture se trouvant dans l'église

• L'église de Saint-Germain de Vibrac

Edifice d'origine romane, placé sous le patronage de saint Germain, il a fait l'objet d'une reconstruction et d'un agrandissement à l'époque gothique (aux XIII-XIVe siècles, puis au XVe siècle). « Les transformations de l'époque gothique se sont faites en plusieurs étapes. Le choeur, le carré sous clocher et le bras sud ont un voûtement à ogives, des supports en forme de colonnes fasciculées avec sculpture des chapiteaux. Le dessin des remplages est rayonnant alors que celui de la baie sud du bras sud est flamboyant. Les voûtes de tout le bas-côté nord sont à nervures prismatiques et leur retombée se fait en pénétration dans les supports » expliquent les historiens.
 

Les peintures murales découvertes dans l’un des transepts représentent des scènes bibliques. Elles sont datées du XIVe siècle. Initialement, cette église appartenait à la famille des Saint-Maure dont on remarque les armes à la croisée d’ogives. 

Chapelle des Sainte-Maure
A voir la statue de Philomène,
une sainte qui n’en est pas une  

« Cette sainte n’a jamais existé » explique Alain Floriant, ancien maire de Saint-Germain de Vibrac. Comment la légende s’est-elle construite ? Son culte provient des ossements trouvés en 1802 dans la catacombe de Priscille à Rome. Une inscription "Filumena" (transcrite en Philomène) fut prise pour le nom de la personne enterrée. Quelque temps plus tard, le doute envahit les esprits :  une autre plaque donnait filomena theou, « aimée de Dieu ». Philomène n'apparaissait plus dès lors comme un nom propre, mais seulement un qualificatif. En conséquence, en 1961, l'Église supprima la fête de Philomène, célébrée depuis 1805, des calendriers liturgiques. Fort heureusement, il nous reste quelques statues !

Philomène a disparu des calendriers liturgiques en 1961
Le baptistère

• A Saint-Germain de Vibrac, de nombreux garçons avaient pour prénom Ixile. Saint Ixile est un enfant martyr de 13 ans, vivant au IVe siècle, dont les restes ont été découverts en 1834 dans le cimetière Saint-Calixte de Rome (catacombes de St-Sébastien). Ses reliques ont été attribuées au Petit Séminaire de Montlieu la Garde et déposées dans la chapelle le 24 juin 1855. Elles se trouvent actuellement dans l'église de cette commune.

Visage sculpté
Peintures plus récentes, du XIXe siècle

• Eglise de Saint-Ciers Champagne : des peintres murales en hommage au jardin de la création ?

Des peintures murales du XIVe siècle ont été mises au jour dans cette vaste église qui possède un Jésus en gisant, sculpture du XIXe siècle peu commune. Malheureusement, les vestiges révélés sur les murs ne sont pas très lisibles…

Jésus en gisant

Photos Nicole Bertin

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