jeudi 5 août 2021

Festival de Saintes : « une quête de talents, de raretés, de renouveau d’interprétations »

David Théodoridès succède à Odile Pradem-Faure à la direction générale de l’Abbaye aux Dames

La 50e édition du Festival de Saintes s’est achevée samedi 24 juillet à l’issue du concert de la Messe en si, célébrant une quête sans relâche de talents, de raretés, de renouveau d’interprétations mais aussi une relation de grande convivialité entre le public et les artistes

Dans un contexte marqué par la crise sanitaire qui précarise nombre d’ensembles, le Festival de Saintes 2021 a réaffirmé son soutien indéfectible aux musiciens, soulignant la complicité avec des artistes qu’il a accompagnés depuis le début de leur carrière : Sébastien Daucé, Lionel Meunier, Damien Guillon, Carolyn Sampson et avec des jeunes ensembles (3e génération de musiciens accueillie à Saintes) : l’Ensemble Clématis, le Caravansérail, Quatuor Voce, Justin Taylor, Victor Julien-Laferrière, la Tempête.

Le public fidèle, fervent et exigeant était visiblement heureux de retrouver les ensembles réunis à l’occasion de cette grande fête musicale se prêtant avec une grande souplesse au contrôle du pass sanitaire mis en place à compter du 21 juillet.

La programmation généreuse et singulière concoctée par Stephan Maciejewski pour cette édition anniversaire embrassait un millénaire de musique depuis les chants de l’Église de Rome spatialisés par la Tempête jusqu’aux motets de la compositrice américaine Joanne Metcalf chantés par l’ensemble Voces Suaves en passant par l’inoxydable Bach interprété cette année par Gli Angeli Genève, Justin Taylor et le Caravansérail.

Abbaye aux Dames : l'abbatiale

Cette édition s’appuyait sur les ensembles qui ont fait sa renommée récente (Vox Luminis, l’Orchestre des Champs-Élysées, le Banquet Céleste, l’Ensemble Correspondances) ; l’occasion de se remémorer nombre de souvenirs partagés avec le public au cours des deux dernières décennies.

Ce fut aussi la découverte d’une merveille de l’opéra italien (Stradella/San Giovanni Battista), et l’opportunité de constater le niveau sans cesse croissant de l’Académie d’Ambronay et du Jeune Orchestre de l’Abbaye. Le public ne s’y est pas trompé en réservant un accueil particulièrement enthousiaste à l’orchestre de formation porté par l’Abbaye aux Dames, la cité musicale, et à Victor Julien Laferrière qui s’est illustré par son aisance et sa simplicité dans un programme germano-tchèque de haute volée.

Ce 50e festival aura par ailleurs mis à l’honneur les contre-ténors (Bündgen, Mena, Potter, Shelton et Damien Guillon même s’il était cette année, présent comme chef) vu la confirmation de Paul Figuier, Maïlys de Villoutreÿs, Lambert Colson, Nicolas Brooymans, Perrine Devillers, la maturité de Lucile Richardot, du Quatuor Voce, de Bertrand Cuiller et de sa bande de clavecinistes.

Le Festival de Saintes a tenu sa promesse d’ouverture au plus grand nombre en déployant un grand prélude constitué de 7 soirées de projections de concert sur grand écran, en plein air et en portant la musique sur le territoire aux alentours de Saintes entre le 21 juin et le 15 juillet.

6 concerts ont également été proposés dans le cadre du programme « Place aux Jeunes Musiciens ! » invitant le public a la découverte de magnifiques lieux de patrimoine (Haras national et temple de Saintes, église de Migron Musée Hèbre de Rochefort) et offrant un moment de joie intense à des publics éloignés des lieux de culture (EHPAD et établissements médico- sociaux).

Dans un esprit de partage et de convivialité, le public a aussi été convié à deux soirées festives en plein air, teintées de musiques traditionnelles (Duo Rhizottome et Bal O'Gadjo) très appréciées.

Cette édition a aussi fait la part belle à l’histoire du Festival de Saintes et aux questions d’organologie, fil conducteur de son esprit de recherche et d’interprétation, faisant mémoire de l'inventivité et du foisonnement de ses début et de la place et de l'influence qui furent les siennes dans le paysage musical, national et international lors de deux conférences proposées en entrée libre aux festivaliers (par Jean-François Reboux, Catherine Chenesseau et Jean-Philippe Echard).

Et alors que cette année 2021 confirmait l’ancrage territorial du festival et sa quête sans cesse renouvelée d’excellence, un parallèle naturel s’est fait avec le cognac, spiritueux unique et patrimoine régional. Huit producteurs indépendants, illustrant la diversité des crus de cognac et passionnés de musique, ont décidé de s’unir pour soutenir la célébration du 50e anniversaire. Chacun a puisé dans sa réserve familiale quelques litres de précieuses eaux-de vie. Ensemble, ces producteurs, selon un mode collaboratif inédit, ont partagé leur savoir-faire pour créer un cognac unique baptisé OCTUOR.

La vente de ce cognac d’exception, en édition ultra limitée de 120 bouteilles, se fera au profit exclusif du Festival de Saintes tout au long de l’année 2021. Les bénéfices participeront au financement de l’édition 2022.

Huit producteurs indépendants, illustrant la diversité des crus de cognac et passionnés de musique, ont décidé de s’unir pour soutenir la célébration du 50e anniversaire.

• Audace, création et partage, étaient plus que jamais au cœur des actions proposées en direction des jeunes publics à l’occasion de cette édition anniversaire.

Avec son spectacle « Je suis plusieurs », Mathilde Lechat, chanteuse, danseuse, conteuse et exploratrice sonore s’est adressée au très jeune public (à partir de 6 mois), avec la complicité du contrebassiste Samuel Foucault. Dans un espace intime et immersif, doux et sobre à la fois, un univers de perceptions et d’images se dévoilait peu à peu pour inviter les spectateurs à écouter, imaginer, rire, rêver...

A l’issue de son récital d’improvisations dédiée à la figure de JS Bach, Jean- François Zygel a offert une masterclasse inoubliable aux très jeunes musiciens du conservatoire municipal de la ville de Saintes.

Autres temps-forts de ce cru 2021, les deux stages dédiés au chant choral. Le premier scellait la rencontre entre le chœur d’enfants et de jeunes de la ville Saintes, ICILABA dirigé par Céline Castaño et le chœur de chambre Mikrokosmos dirigé par Loïc Pierre. La résidence a abouti à la création d’un concert mis en espace composé d’œuvres chorales a capella, dont des arrangements de mélodies traditionnelles et des compositions contemporaines (Meredith Monk, Gjermund Larsen, Veljo Tormis et Pärt Uusberg) qui a suscité un vif enthousiasme du public.

Le deuxième proposait un programme musical éclectique et électrique (sans niveau préalable requis) à une vingtaine d’enfants porté par la direction musicale solaire de Igor Blouin.

Enfin, prolongement de cette édition festive, les siestes sonores s’exportent sur tout le territoire de la Saintonge jusqu’au 13 août prochain. Confortablement installés dans des transats, les touristes curieux, dotés d’un casque en son binaural (qui restitue l‘écoute naturelle) écoutent un concert du Festival de Saintes. Un temps suspendu au cœur de l’été.

On peut y écouter : La symphonie n°6 dite Pastorale de Beethoven, Le Caïn maudit ou la mort d’Abel de Onslow, Les Vêpres de Monteverdi, Dixit Dominus et Ode à Sainte-Cécile de Haendel, Echoes in time par Voces8, les polyphonies monumentales de Benevolo ou encore La Passion selon Saint- Jean de Bach par l’ensemble Vox Luminis.

Au bout du compte, ce qui restera de cette édition 2021, c'est l'adéquation parfaite d'un lieu avec l'activité qui l'anime, ce que bien des artistes, bien des festivaliers, bien des observateurs ont depuis longtemps baptisé « l'esprit de Saintes ». Difficile à définir, il est d'abord l'émanation des pierres, d'un monument où des femmes et des hommes ont vécu, chanté, aimé, prié, souffert. C'est ensuite le partage d'une passion commune, la musique, dans l'excellence de ses expressions multiples. C'est enfin la proximité entre le public et les artistes, les répétitions proposées à l’écoute au casque, les rencontres et les discussions cordiales sur le parvis ou « sous la voile » autour d'un pineau ou d'un café...

Avec ce 50ème festival, une page s’est tournée, un nouveau chapitre s’esquisse : David Théodoridès succèdera à Odile Pradem-Faure à la direction générale de l’Abbaye aux Dames à compter du 30 août et Stephan Maciejewski va bientôt transmettre la direction artistique qu’il assume depuis bientôt 20 ans. Il prépare dès à présent sa toute dernière grille de programmation du Festival de Saintes 2022, porté par l’intention de « réparer quelques oublis ».

• Mi juillet, début du festival avec réunion des bénévoles et passation des consignes pour l'organisation. Frédéric Saint-Pol, directeur adjoint, et Marjorie Jalladot, secrétaire générale, ont assuré l'intérim d'Odile Pradem-Faure qui a rejoint l’association des Centres culturels de rencontre. Jean-Yves Hocher est président de l’association Abbaye aux Dames (© Michel Bertrand). 

Lancement du festival, responsables et bénévoles mobilisés (© Michel Bertrand) 

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