mercredi 22 mai 2019

Vincent Lambert : « Ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort » (Antoine de Saint-Exupéry)

Toute la presse parle de Vincent Lambert, soulevant un sujet si grave que les Français, pris pour témoins, sont partagés. S’opposant sur la fin de vie, chacun campe sur ses positions.


Un funeste destin a frappé Vincent Lambert, le condamnant à rester prisonnier d’un corps qui ne lui obéit plus. Toutes les mères savent combien il est insupportable d’être confrontées à cette situation. Elles partagent ce sentiment d’impuissance et cette question sans réponse « pourquoi lui, elle, nous ? ». Il faut avoir vécu pareille tragédie pour comprendre l’intime difficulté à accepter une nouvelle "donne" qui semble forcément injuste. Pourquoi le destin prive-t-il un homme (ou une femme) dans la force de l’âge de sa famille, de son avenir tout simplement ?
Un accident a rompu cet équilibre et les parents de Vincent Lambert font tout pour qu’il soit encore avec eux. Comme avant, pour conjurer le sort. Quoi de plus normal que ce lien qui unit la mère à l’enfant, quel que soit son âge, ce cordon ombilical invisible qui reste si puissant ?
L’attitude des mères est étonnante, elles peuvent déployer une énergie incroyable en des circonstances dramatiques. Leur volonté n’est pas un acharnement, elle résulte d’un espoir : un miracle pourrait-il se produire qui change le quotidien et sortir Vincent de son état végétatif ? Ne dit pas que « c’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière » ?
Depuis longtemps, son sort dépend des décisions de justice. Et la dernière, celle de la Cour d’Appel de Paris, a été retentissante, les soins devant être arrêtés… puis repris. Plusieurs mois vont s’écouler et Vincent reviendra dans l’actualité. Personnage de la scène médiatique malgré lui qui suscitera, une fois encore, des échanges passionnés.

La question qui anime les débats va bien au delà de la fin de vie et des volontés que chacun d’entre nous devrait rédiger dans un testament. Un acte réfléchi qui éviterait à nos proches de s’entredéchirer.

A travers le combat acharné conduit par les parents de Vincent Lambert, apparaît la hantise qu’inspire la mort. Il arrive parfois qu’elle ne nous laisse pas le choix. Accidents, maladies. Certains d’entre nous ont vécu la perte d’un enfant qui n’a pu être réanimé malgré les efforts des pompiers, des équipe médicales. Ce jour-là, nous avons vu la mort en face. Tant il est vrai qu’on ne connaît ni le jour, ni l’heure de sa venue. Avec le recul, on se demande comment on peut la supporter, l’encaisser, la réaliser ?
Que la mère de Vincent Lambert repousse ce cauchemar en déplaçant des montagnes est compréhensible. Dans ces conditions, la machine qui permet à son fils de survivre revêt une grande importance. Celle de lui assurer que Vincent est toujours de ce monde. Avec cette formidable espérance : la vie n’est rien, mais rien ne vaut la vie…

Toutefois, notre société a perdu cette faculté qu'avaient les Anciens d’admettre le départ ultime. Non pas que les générations qui nous ont précédés aient été plus courageuses, mais elles possédaient cette notion de « passage terrestre » que nous cherchons à gommer de notre environnement. Sans doute à tort car il fait partie de la condition humaine.

« Ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort » écrivait Antoine de Saint-Exupéry.

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