Pascal Amoyel rend hommage à Georges Cziffra (© Nicole Bertin) |
Confidences de Pascal Amoyel : « à treize ans, je lui ai interprété quelques-unes de mes improvisations. Plus tard, il a accepté de me faire travailler en privé. Je réalise aujourd'hui le grand privilège qu'il m'a accordé. Cet homme, qui avait connu les pires souffrances, paraissait jouer sa vie à travers la musique. Il ne parlait pas beaucoup, mais son regard était parfois bien plus évocateur que tous les mots. Un regard d'écorché vif, profondément humain. Pour lui, la musique était comme le prolongement de l’amour et de la fraternité humaine ».
Georges Cziffra fut l’un des plus grands pianistes du XXème siècle. Ses concerts faisaient délirer les foules, dit-on. En 1956, son interprétation légendaire du 2ème Concerto de Bartók fit l'effet d'un électrochoc : des milliers de personnes investirent les rues de Budapest pour scander l’hymne national avant le soulèvement. Doté de dons exceptionnels dès son plus jeune âge, les critiques virent en lui « la réincarnation de Franz Liszt », « l'interprète aux moyens paranormaux » et le « pianiste aux 50 doigts ». Pas étonnant qu'il fut à la fois admiré… et jalousé. Il a tout connu, la chance et le désespoir, la gloire et la misère et surtout il a côtoyé les sordides idéologies des hommes quand les guerres les conduisent aux pires atrocités.
Un spectacle, une ambiance © Nicole Bertin |
La scène musicale s'ouvre sur la Hongrie quand le petit Georges (né en 1921), d'origine tzigane, est admis dans la prestigieuse Académie Franz Liszt de Budapest. Un miracle que la guerre va bouleverser. Entre nazisme et communisme. Enrôlé, embrigadé, arrêté, il se souviendra surtout des camps. Dans l'un d'eux, il exécute la dure tâche de porteur de pierres qui affaiblira ses poignets et ses mains. En 1956, il profite de la brève ouverture de la frontière pour fuir le régime communiste et demander l'asile politique à la France avec sa femme et son fils. Au pays des Droits de l'Homme, il se dédie entièrement à la musique. Sans peur des milices. En 1966, il fonde le festival de musique de La Chaise-Dieu et crée la Fondation Cziffra qui a pour but de soutenir de jeunes talents qui deviendront des pianistes talentueux. Ce grand virtuose s'est éteint en 1994.
Ce spectacle était proposé par la ville de Jonzac dans le cadre de Prélude au printemps que coordonne Jeanine Belot |
Malgré les douleurs qui ont ponctué sa route, Georges Cziffra a échappé au pire, porté (sauvé ?) par son bonheur d'être musicien précisément. Quelle chance, pour Pascal Amoyel et le public, que le chemin de l'existence leur ait donné rendez-vous…
• Georges Cziffra est né à Budapest en novembre 1921. Naturalisé français en 1968, il s'est éteint en 1994.
Un lien étroit unit les deux pianistes |
Les applaudissements du public |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire