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samedi 2 février 2013
Problèmes
à l'aéro-club de Jonzac
Libre expression
Le rêve brisé d’Icare
De tout temps, l’homme a rêvé d’être un oiseau. La mythologie, l’histoire, la petite histoire, les contes regorgent de dragons ailés, de chevaux volants, de dieux et demi-dieux pourvus d’ailes. Chacun de nous a imaginé un jour être un oiseau pour survoler mers et terres tel Nils Holgerson sur le dos de son oie sauvage.
Au fil du temps et du progrès, l’avion devint le substitut de ces ailes magiques en permettant aux hommes de réduire les distances, d’échanger des nouvelles, des informations et d’accéder à des cultures différentes. Que n’a-t-on traité de fous les « faucheurs de marguerites » qui, sur de drôles de machines lourdes et toutes plus farfelues les unes que les autres, ont risqué leur vie pour pouvoir, rien qu’un instant, voir le monde d’en haut ! Sait-on vraiment ce que l’on doit aux Latécoère, Wright, Clément Ader, Roland Garros et Saint-Exupéry ? Le rapprochement entre les peuples tout simplement.
Dans la deuxième partie du XXème siècle, la société des loisirs a vu son expansion et l’ultra léger motorisé se développer. Voler était enfin à la portée de tous. La démocratisation des loisirs et des sports fit que chacun, d’où qu’il vienne, se réalise dans la pratique d’une activité.
Le paramoteur en est une. Personnellement, je ne connaissais pas cette activité il y a encore quelques années. Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’ai toujours eu une grande attirance pour l’aviation et son histoire, mais les conditions financières nécessaires à la pratique ont mis un frein à ce rêve de gosse. C’est grâce à mes enfants et à mon mari que j’ai rencontré le paramoteur, les enfants ayant offert à leur père pour Noël une journée découverte. Il en est revenu complètement conquis et informé que ce sport se pratiquait à six kilomètres de notre domicile sur l’aérodrome de Jonzac.
Nous y avons rencontré un groupe de personnes calmes, respectueuses des autres, de leur environnement et vivant leur passion tout en sachant appréhender les risques, se conformant aux règles de l’aviation civile. Les diplômes théoriques et pratiques sont exigeants et l’enseignement dispensé à Jonzac est reconnu pour ses qualités au-delà des frontières du département.
Le groupe d’hommes et de femmes appelés les « grat’ciel » ne ressemble en rien à la description faite d’eux dans les journaux. A la lecture de ceux-ci, il semblerait qu’une « horde », telle celle d’Attila, se serait abattue sur la petite ville de Jonzac pour piller et ruiner celle-ci. J’y ai rencontré des professeurs, des ouvriers, des artisans, des médecins urgentistes, des infirmiers, des retraités qui ne figurent pas au fichier du grand banditisme.
Mais que se passe-t-il donc ? Il semblerait que nos hommes volants ont vu fondre leurs ailes, tel Icare, au contact de l’astre du jour et leur beau rêve se briser. J’aimerais pouvoir vous dire d’aller les regarder, au moins une fois, sur le terrain de Jonzac. Vous pourriez voir ces grands oiseaux colorés au-dessus de notre belle campagne saintongeaise. J’aimerais pouvoir vous dire d’aller consulter le registre des incidents du club de l’aérodrome où vous pourriez constater par vous-même qu’aucun incident n’est à déplorer. Mais vous ne pourrez pas !
Il n’y aura plus de belles voiles au-dessus des Antilles, il n’y aura plus de couleur dans le ciel jonzacais. Interdiction est désormais faite à nos paramotoristes de voler de la part de la DGAC (à la demande du premier magistrat de Jonzac). Nous n’avons pas vu d’enquêteurs, nous n’avons pas vu de constat d’incident, nous n’avons pas vu de rapport d’enquête, ni de plaintes de la part des riverains et autres utilisateurs. Nous ne pouvons que nous interroger sur les dessous et les méandres des prises de décisions. Nous ne pouvons que supputer. L’aérodrome de Jonzac est-il si stratégique qu’il pourrait devenir un aéroport international ? Est-il prévu, dans les années à venir, une augmentation record du nombre d’habitants ? Vu le dernier recensement, les chiffres démontrent plutôt le contraire.
Les paramotoristes n’ont pas d’exigences particulières. Ils voulaient seulement dialoguer, échanger et voler. Ils n’en auront pas eu le loisir. Quelqu’un s’est autoproclamé Roi Soleil et a brûlé leurs ailes. Ah, pouvoir quand tu nous tiens ! La décision est tombée comme un couperet, leurs ailes sont à terre. Moi, je ne retiens qu’une chose, ce sont les étoiles dans les yeux de mon petit-fils quand il regarde voler son « papé » suspendu à sa grande voile bleue...
Patricia Dussauld, paramotoriste de cœur
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