Ou comment un Charentais de cœur s’est épris de l’île du Minotaure…
Il y a ceux qui voudraient prendre le large et gambergent tout au long de leur vie. D’autres, au contraire, osent tourner la page et partent vivre de nouvelles aventures. Bien accrochés à leur rocher, les casaniers jugent hasardeuses de telles expériences alors que les esprits ouverts entonnent le chant des sirènes. Il ne faut jamais laisser les rêves en partance, dit-on !
Né à Dompierre-sur-Charente, près de Saintes, Pascal Fouché a grandi dans une famille de viticulteurs. C’est au collège de Burie qu’il a rencontré Pierre Lacasta, célèbre pour ses périples en 2CV à travers l’Orient. Ce passionné lui a-t-il ouvert la voie ? Il n’est pas interdit de le penser. « J’ai retrouvé mon professeur lors d’une bourse aux véhicules anciens à Cognac. J’ai aperçu son livre et réalisé que je le connaissais. J’ai eu plaisir à le retrouver ».
Après s’être longtemps cherché en exerçant des petits boulots, Pascal Fouché est entré dans l’armée de terre. Il a ensuite travaillé au Tchad pour une compagnie pétrolière avant de rejoindre sagement l’immobilier dans la région cognaçaise. Une situation satisfaisante, mais pas vraiment épanouissante. Quand le déclic a-t-il eu lieu ? « C’était en 2006. Avec ma compagne, nous sommes partis en Crète quelques semaines. A cette époque, je trouvais que la vie en France devenait difficile. Dès que nous sommes rentrés, nous avons élaboré un projet ».
Pascal Fouché, qui a succombé aux charmes de l’île grecque, se dit qu’il y ferait bien carrière dans le tourisme. Fonçant, il vend sa maison, somme qui constitue une mise de départ, et s’installe en Crète où il envisage d’organiser des séjours. Il y gagne en beauté du paysage et douceur climatique. Par contre, il "rame" pendant deux ans ! D’une part, il ne parle pas grec (il traite en anglais), d’autre part, il doit se faire accepter par les autochtones. « Au départ, nous avons demandé les conseils de professionnels du tourisme. Rapidement, nous avons constaté qu’ils n’appréciaient guère qu’on vienne marcher sur leurs platebandes ».
En conséquence, le couple crée sa propre agence à Slili. Il la baptise « La Crète autrement » : « j’ai commencé à apprendre la langue du pays et les lettres grecques. Maintenant, je maîtrise !». Il faut dire que la personnalité des Crétois n’est pas pour lui déplaire : « ce sont des gens qui ont des valeurs, ils sont authentiques ». Et ils pratiquent le fameux régime crétois qui leur permet de rester en forme en consommant jusqu’à dix à douze fruits et légumes par jour. Avec nos 5 ou 6, on peut toujours les envier ! L’huile d’olive, produite sur place, est sur toutes les tables et que dire du poisson ramené quotidiennement dans les filets ! « La Crète est une île extraordinaire ! Elle est entourée de mystères. En entrant en éruption, le volcan de Santorin aurait fait disparaître la fameuse culture minoenne au IIe millénaire avant notre ère. Il y aurait eu trois tsunamis successifs, dit-on ».
Quand on évoque cette région du monde en effet, c’est toute la culture antique du bassin méditerranéen qui apparaît : la formidable histoire de la Grèce avec ses philosophes, Socrate, Platon, Aristote, le roi Agamemnon, la belle Hélène, Achille, Athènes, le colosse de Rhodes, les Cyclades, Virgile, Ulysse, l’Iliade et l’Odyssée. La liste est longue et pleine de promesses.
Randonnée, plongée, découverte historique…
La Crète étant diverse, Pascal Fouché a compris qu’il ne la proposerait pas comme une carte postale. Il a donc inventé des voyages à la carte en fonction du goût de ses clients : « nous avons une offre qui va de la plongée à la randonnée et l’escalade, du raid 4 x 4 au circuit proposé aux motards. Il s’agit d’un beau périple de 1400 km. Ce que nous recherchons avant tout, ce sont les escapades à thèmes. Les gens veulent rapporter des souvenirs concrets de leurs vacances. Il y a une sortie destinée aux artistes qui peuvent s’initier à la peinture et au dessin avec les conseils d‘un professionnel. J’évite Cnossos, ville pourtant très fréquentée, qui a été restaurée de manière peu orthodoxe par l’archéologue anglais Arthur Evans ».
S’y ajoutent des séminaires payés par les entreprises. Elles trouvent en cette Crète immuable un merveilleux endroit pour parler de management à leurs cadres ! Récemment, Pascal Fouché a même accueilli des joueurs de pétanque : « les Crétois ne connaissent pas ce sport et ils étaient très intéressés ». Voilà qui les changeait des jeux à gratter qu’ils apprécient particulièrement.
De là à parler de la crise grecque, il n’y a qu’un pas : « il faut savoir que la Crète est plus riche que le reste de la Grèce. L’arrivée de l’euro a plongé le pays dans une crise grave. De 800 euros, les pensions sont passées à 490. Actuellement, le pays est trop pauvre pour frapper une nouvelle monnaie. Il est évident que les choses évolueront un jour ou l’autre. Là-bas, la coutume est de cacher ce que l’on gagne réellement ! Le prix des maisons y est abordable et de nombreux Français s’y installent. La sélection se fait sur un critère simple : il faut disposer de 15000 euros sur un compte ».
Vous l’avez compris, Pascal Fouché a craqué pour la Crète qu’il souhaite faire découvrir à travers des vacances personnalisées. « Notre société est implantée à Chérac, ce qui nous permet d’être en contact avec la clientèle française. Habitant une grande partie de l’année en Crète, nous connaissons bien le terrain. Nous avons galéré, mais nous sommes parvenus à créer notre propre affaire. Nous venons toujours chercher nos clients à l’aéroport ». Agréable quand on débarque sur une "terra incognita" célèbre pour sa mythologie !
La Crète serait le lieu où Zeus, le roi des dieux, serait né. Il y aurait aimé la belle Europe, liaison qui donna naissance à Minos, le roi légendaire. De là à parler du Minotaure, du fameux labyrinthe, de Thésée et d‘Ariane, il n’y a qu’un pas à franchir. Suivez le fil…
• Un peu d’histoire : La Crète est le berceau de la civilisation minoenne qui domina la Méditerranée orientale avant de s'effacer devant l'essor de la Grèce dans l’Antiquité. Par la suite, elle devint possession romaine et de l’Empire d’Orient après partage. Elle fut alors byzantine, passa sous la domination arabe et de la République de Venise qui l’appelait « l’île de Candie ». Devenue turque, elle fut rattachée à la Grèce en 1913.
• Cnossos, sans doute la capitale de la Crète antique, aurait abrité le palais du roi Minos. Le site, restauré par Arthur Evans, reçoit un demi-million de visiteurs par an. En juillet dernier, un projet de restructuration a été annoncé par les autorités archéologiques grecques. En effet, le goût de l’archéologue britannnique ne semble pas coïncider avec la réalité historique…
• Les radars automatiques : La Crète faisant partie de la Communauté européenne, des radars automatiques y ont été installés quand Nicolas Sarkozy présidait l’Union. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que plus aucun ne fonctionne. Quant au tri sélectif, il serait très approximatif ! C’est comme ça en Méditerranée…
1 commentaire:
Ce pays doit être très intéressant à découvrir.
La culture, la nourriture, les mentalités, les us et coutumes, tout sied à point à qui sait l'apprécier.
Ce reportage nous fait rêver et nous transporte vers le rêve.
Bravo.
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