dimanche 8 avril 2012

Présidentielles :
Sommes-nous frivoles ?


Lancées très tôt, vraisemblablement en raison des Primaires socialistes, les Présidentielles ne font guère fantasmer les Français au point que l’abstention, au premier tour, frôlerait les 30 %. Chiffres vérifiés ou boniments des sondages, voilà bien la question !
Jusqu’à présent, les candidats étaient au fond de la piscine à pêcher leurs petites sardines. À l’exception de Cheminade qui veut coloniser Mars – quelle belle ambition ! - et Mélenchon qui se verrait bien dans le tableau de Delacroix en liberté guidant le peuple.

Pour taquiner tout ce beau monde, l’honorable journal britannique The Economist a joué la provocation en dénudant la République dans un tableau de Manet. Il accuse la France de déni : « notre campagne serait la plus frivole du monde occidental ». Et pourquoi nos candidats seraient-ils frivoles ? Parce qu’ils ne parlent guère de l’Europe, de la stabilité de la zone euro et des difficultés rencontrées par certains états-membres en cure d’austérité.
Vivant sur une île, on peut comprendre que les Anglais passent leur temps à scruter l’horizon : la France est dans leur viseur ! Bien ancrés sur leur continent, les Français sont différents. Ils se préoccupent d’abord du quotidien selon le vieil adage « on n’est jamais mieux servi que par soi-même ». Et quand on admire les falaises de Mortagne, pourquoi se soucier du port du Pirée ?

Sentant que l’essoufflement ambiant pouvait nuire à son image, François Hollande a choisi de raviver le moral de troupes. Mardi, ont été dévoilées une trentaine de propositions qu’il porte sur les ailes socialistes. Parmi elles, une baisse de 30 % des indemnités que perçoit le Président de la République, l’augmentation des allocations familiales, le blocage du prix des carburants pendant trois mois (après les vacances, on roule en vélo ?) et, bonne nouvelle, les salariés ayant commencé à travailler à 18 ans et totalisant 41,5 annuités pourront partir à la retraite à 60 ans. Reprenant l’idée de Lionel Jospin, 10 000 emplois jeunes seront créés, suivis d’embauches dans l’Éducation Nationale.

François Hollande déclare incarner « la gauche sérieuse, celle qui veut agir », c’est pourquoi il envisage d’opérer un gel conservatoire d’une partie des dépenses publiques en l’attente du prochain rapport de la Cour des Comptes. Il n’a pas d’autre choix que la modération pour convaincre les investisseurs internationaux qui, chaque semaine, prêtent 7 milliards d’euros à l’Agence France Trésor chargée de gérer la dette et la trésorerie de l’État.
Pour réduire le fameux déficit public, le candidat socialiste augmentera l’impôt (grand projet de réforme fiscale), tout en relançant la croissance. Voilà qui risque d’être un peu compliqué puisque toute réduction du pouvoir d’achat a tendance à freiner l’investissement.

Ces questions seront évoquées lors des prochains débats télévisés, tant prisés des Français : ils comptent alors les points sans recevoir les coups.
Dans la réalité, ils verront bien comment les choses se combineront. S‘ils ne sont pas contents, ils sauront le dire comme ils l’ont toujours fait. Dans la rue… à la Bastille ou sur Mars !

• Vive les débats télévisés !

France 2 organisera deux débats en présence de cinq candidats. Ils auront lieu le 10 ou le 11 avril, puis le 12 avril, lors de l’émission «Des paroles et des actes». Selon certaines infos, François Hollande et Nicolas Sarkozy auraient accepté le principe à condition de ne pas être face à face. Au départ, une grande rencontre à dix candidats était envisagée le 16 avril, mais François Hollande et Nicolas Sarkozy ne semblaient pas être emballés par cette idée. « Une entente clandestine » selon François Bayrou.

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