Ornant la salle des mariages de la mairie, le tableau des cinq sens, représentant les cinq enfants du comte de Jonzac, Bouchard d'Esparbès de Lussan d'Aubeterre, lieutenant général et gouverneur de Saintonge et Angoumois au XVIIIe siècle, est à l'origine d'une belle histoire. Elle est au cœur du nouveau musée du châtelet qui ouvrira ses portes au public lundi 4 août : "Un châtelet, cinq sens, mille émotions". La conception a été confiée à l'architecte et artiste numérique Jérémie Bellot (auteur du mapping fin 2024). Réservations à l'office de tourisme.
Ouverture du musée le 4 août. Réservations au 05 46 48 49 29 |
Le tableau des origines...
Sur ce tableau datant de 1727, les enfants du comte de Jonzac jouent avec les cinq sens : le toucher, l'odorat, la vue, le goût et l'ouïe. Ambiance délicate et champêtre. Il s'agit d'une huile du peintre parisien Jean-Philippe Lescrinier. Après avoir figuré sur l'inventaire du château de Jonzac en 1750, elle s'envole vers d'autres cieux, en l'occurrence le château de Carrouges dans l'Orne. Dès lors, bien peu se soucient de son devenir. Sauf le hasard qui réserve parfois des surprises...
Flash back : Dans les années 1990, des historiens de la ville dont Jean Glénisson, alors président de l'Université d'été, et Philippe Gautret apprennent que le tableau sera vendu aux enchères. Ils en informent le premier magistrat Claude Belot : la Ville pourrait-elle s'en porter acquéreur et rapatrier dans sa terre natale la famille dispersée ? L'élu valide l'idée, mais le Ministère de la Culture a exercé son droit de préemption. L'œuvre reviendra finalement à la ville de Jonzac. S'ensuit une belle exposition consacrée aux Seigneurs de Jonzac.
L'histoire ne s'arrête pas là : avec la restauration du châtelet, est imaginé fin 2024 un mapping consacré aux personnages de la toile dédiée aux 5 sens. Son concepteur est Jérémie Bellot qui s'illustre par ailleurs à Notre-Dame de Paris. Pour les fêtes, le public s'enthousiasme devant les effets spéciaux qui illuminent l'édifice de scènes et gerbes rayonnantes. L'aventure se poursuit avec l'aménagement d'un musée dans le châtelet rénové. Une nouvelle fois confié à l'équipe de Jérémie Bellot, directeur général et artistique d'AV Extended, le concept gravite autour du fameux tableau...
La charpente du châtelet, magnifique ! |
Le chemin de ronde, unique dans la région |
• Création d'une expérience multisensorielle
La semaine dernière, une visite en avant-première était proposée par la municipalité et Christelle Brière, adjointe à la culture. Mesdames, Messieurs, que pensez-vous de ces aménagements ? L'office de tourisme était chargé de recueillir les ressentis au sortir de la visite.
L'ouïe et le goût |
L'IA donne la parole aux enfants qui, retrouvant leur éternelle jeunesse, expliquent à travers des textes poétiques, leur perception des 5 sens au sein de leur environnement. Où rechercher l'odorat, l'ouïe, la vue, le goût, le toucher ? Il y a autour d'eux tous les ingrédients propices à la perception des éléments. Cette connaissance est transmise aux visiteurs, qu'elle soit liée au passé des bâtisseurs par le chemin de ronde (unique dans la région), la superbe charpente, les assemblages des bois, le travail de la pierre ou les nouvelles technologies, effets spéciaux, intelligence artificielle. Sans oublier les panneaux explicatifs (architecture) et des bandes sonores (passages lus de La corde au cou d'Emile Gaboriau). S'y ajoutent, entre autres, les parfums dans le jardin des simples et un beau clin d'œil à l'histoire par l'interprétation et la valorisation de graffitis découverts à l'étage (on distingue le nœud de Salomon et une esquisse du châtelet, message émouvant d'un apprenti d'antan, ainsi que des personnages coiffés de chapeaux dont l'un serait un chancelier). Dans la dernière pièce, la venue de Charles de Gaulle est mentionnée.
Graffiti découvert sous les enduits |
Une esquisse du châtelet (réalisée par un apprenti) |
Premier élément à prendre en compte, il faut gravir de nombreuses marches, en conséquence éviter les talons hauts ! La lecture des consignes est importante car les "étapes" ne se suivent pas. Il convient donc de bien lire les panneaux. L'animation est interactive. Chaque enfant du tableau raconte son voyage intérieur au cœur du sens qui lui est imparti. Les pièces révèlent tour à tour leurs secrets auxquels s'ajoute une ambiance intime. La scénographie a été minutieusement étudiée ainsi que les éclairages. L'objectif recherché est un dépaysement à travers les époques ! On est loin du bon vieux musée avec ses vitrines. Qu'ajouter de plus à cette découverte sinon une agréable sensation d'évasion à la rencontre d'une famille d'un autre temps - celui de l'Ancien Régime - qui vient tendre la main aux générations du XXIe siècle, à la fois si lointaines et finalement si proches par l'essence de leurs émotions.
Quelques améliorations souhaitées
• La mise à disposition d'un plan aux visiteurs afin qu'ils localisent leur position (les numéros des salles ne se suivent pas).
• Une modélisation en 3D du musée sera sans doute à prévoir afin de permettre aux personnes à mobilité réduite de découvrir le lieu (il n'y a pas d'ascenseur).
• Dans la dernière salle, la chronologie de la construction du château est vague et ne peut commencer à l'an 1000, le châtelet datant du XVe (date gravée à l'entrée près de l'ancienne herse). L'ancien château attesté se trouvait plus bas, près de l'actuel chemin de ronde. Il a été ruiné durant la Guerre de Cent ans, selon les recherches de l'historien Marc Seguin.
• Coût du projet : 500.000 euros (aides du Département, de la Région, en attente celles du CNC et de la DRAC)
L'info en plus
• L'équipe technique AV Extended a fait un travail d'intégration des matériels audiovisuels en association avec l'entreprise locale Maroc. Un directeur technique qualifié, Sylvain Delbart, a œuvré pour que l'ensemble de l'exposition soit pilotable à distance. Des techniciens ont réalisé le montage et le câblage des matériels audiovisuels, ainsi que le mapping qui permet aux images de s'adapter aux murs. Des techniciens décorateurs ont installé la scénographie et les meubles.
« Le but est de plonger les visiteurs dans l'histoire du château en proposant une narration qui traverse les âges pour explorer les événements et personnages marquants et en explorant des thèmes spécifiques liés au lieu. La mise en valeur du patrimoine architectural du château est réalisée en utilisant des technologies immersives telles que le vidéomapping, la sonorisation spatialisée et en offrant aux visiteurs un regard nouveau sur l'architecture. La création d'une expérience multisensorielle est obtenue par la représentation des cinq enfants de Louis Pierre Joseph d'Aubeterre, dernière lignée de la famille de Jonzac, chacun incarnant un sens. Il s'agit d'éduquer tout en divertissant, en faisant de l'exposition une plateforme éducative, en fournissant des supports explicatifs, des anecdotes historiques et des détails archéologiques. Le château de Jonzac est un lieu de culture vivante. L'exposition immersive renforce l'image de la ville et met en avant la restauration et la préservation du patrimoine » expliquent les concepteurs.
Ces pièces, restaurées, ont longtemps été occupées par les concierges du château |
La salle de l'odorat |
Une maquette de la charpente du châtelet |
1 commentaire:
Bravo pour cette initiative très intéressante
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