Tombent les feuilles en cet automne et les plumes avec elles. Les authentiques, les belles, les engagées. Celle de Didier Catineau, disparu brutalement à l'âge de 69 ans, en fait partie. Elle nous éclairait sur le monde, sur son monde. Epris de justice et de liberté, il a écrit pour que la société devienne meilleure, que les plus humbles soient reconnus, que le patrimoine soit valorisé, que l'environnement soit protégé. Il a écrit par conviction sur moult sujets nous offrant des gerbes de souvenirs aux couleurs mordorées.
Un hommage sera rendu à Didier Catineau au Crématorium de Saintes lundi 28 novembre à 17 h. Salut camarade, rendez-vous dans la grande bibliothèque de l'éternité !
• Maryse Guédeau, fondatrice du journal patoisant Xaintonge, rend hommage à Didier Catineau :
« C’est avec stupéfaction que l’on a appris le décès de Didier Catineau. Incroyable, inconcevable, inhumain. On sait que la vie est fragile, mais est-il nécessaire que la mort soit si violente...
Didier, c’est quelqu’un, on peine à dire c’était. Un incontournable, par sa voix que l’on ne retrouvera jamais plus (et y’en a marre de ça, de tous ces silences de voix perdues qui s’empilent), par ses savoirs, Didier sait tout, par sa curiosité, Didier s’intéresse à tout (sauf à ce qui ne l' intéresse pas du tout), par ses connaissances de tout et de tout le monde. En Saintonge, bon nombre ne se connaissent que parce qu’il y a eu Didier Catineau qui a branché entre eux les fils. Didier, c’est un tout, un caractère surtout, entier qui lui a valu souvent de passer pour une forte gueule (il préfère le mot “grognon”), mais de cela il s’en fout, Didier est un garçon d’opinion. Etre en prise avec le monde et revendiquer qu’il soit autrement, n’est-il pas le propre du concept “Etre vivant ?”.
Didier Catineau si vivant nous a laissé récemment un très beau bouquin, encore sur nos tables de chevet au titre de “Un esprit saintongeais”. Il y a recensé toutes ces dernières actions qui encombraient son ordinateur, ses combats, ses coups de sang sur Saintes notamment, sa capitale, et sur ses émotions de rencontres qui pour lui ont compté. Dans ses pages, son esprit saintongeais que l’on découvre bourré d’empathie s’y promène en toute liberté, “c’est mon grand œuvre” disait-il. On ignorait qu’il signait là son testament, quand on attendait davantage qu’il continue à mette le nez dans ses archives pour nous raconter sa Saintonge depuis au moins les temps de Bénurâ. Didier avait tant de projets, mais nous voilà devant sa page maintenant blanche. Un saintongeais de cette trempe qui meurt, et c’est tout un pan de mémoire saintongeaise qui disparaît et bien davantage...
Qu’allons-nous faire sans Didier Catineau, l’alter égo, le bon copain, notre savant, notre curieux, notre ami ? Celui qui était devenu notre président du Collectif de la défense de l’identité saintongeaise ? Qu’allons-nous faire sans lui ? Plus saintongeais militant toujours en alerte que lui, nous n’avons pas. Sans doute dit-on que nul n’est irremplaçable, mais qui va remplacer Didier Catineau ? Il était si unique que nous sommes sous le choc de sa disparition, il avait encore tant à faire, il n’avait que 69 ans...
Il a participé à la dernière nuit de la Ganipote qu’il organisait tous les ans à Trizay pour contrer la propagande Halloween anglo-saxone avec ses costumes de cadavres ensanglantés qui détournent nos enfants de nos propres fêtes mémorielles de Toussaint. Nous avons nos propres légendes saintongeaises qu’il n’est nul besoin de chercher ailleurs, “Défendons de ce que nous avons !” disait-il en nous faisant hurler à suivre Aouh !, le cri de la ganipote.
Toutes nos pensées vont à Françoise son épouse, compagne et complice depuis 40 ans. Ce qui arrive à Françoise et nous arrive, est terrible... Un hommage sera rendu à Didier au Crématorium de Saintes le lundi 28 novembre à 17 h où il sera difficile de lui dire adieu, tant il restera présent dans notre Saintonge de lui si reconnaissante ».
Photo d'archives : Le dessinateur Jean-Claude Lucazeau, Pierre Peronneau et Didier Catineau |
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