• COMMUNIQUE DE LA REGION NOUVELLE-AQUITAINE
En décembre dernier, lors du débat au Sénat dédié à la proposition de loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a rappelé que le système éducatif français « n'est pas hostile aux langues régionales ». Il a ajouté qu'est proposé notamment « un parcours cohérent avec le nouveau lycée » en évoquant « les possibilités d'apprendre une langue régionale au lycée, en maintenant, pour l'offre déjà existante, les mêmes volumes horaires ; et surtout en proposant, avec les nouveaux enseignements de spécialité, des horaires importants qui permettent aux élèves de découvrir de manière approfondie les caractéristiques tant des langues que des cultures régionales ».
Or, la réalité est tout autre en région Nouvelle-Aquitaine, de même que sur l'ensemble des territoires dotés de langues régionales : la mise en œuvre de la réforme du lycée a brutalement dévalorisé l'attractivité de l'enseignement de l'occitan et du basque en tant qu'option, par la baisse significative de son coefficient au baccalauréat et une mise en concurrence accrue avec les autres disciplines.
Les chiffres des rentrées scolaires 2019 et 2020, rendus publics par les différents rectorats concernés, ont malheureusement confirmé les craintes précédemment formulées, avec un effondrement des effectifs mais aussi la suppression et la précarisation des filières existantes dans de très nombreux établissements.
• Pour l'occitan :
- Les effectifs cumulés pour la rentrée 2019 et 2020 des lycées publics connaissent une baisse significative de 32 % dans l'académie de Bordeaux et de 44 % dans l'académie de Limoges. Il est à noter que les académies de Toulouse et Montpellier connaissent des baisses plus importantes encore.
- Aucun enseignement de spécialité en occitan n'existe aujourd'hui dans l'académie de Limoges et Bordeaux.
• Pour le basque :
- Option "langue basque" dans l'enseignement public : en lycée, les effectifs cumulés pour les rentrées 2019 et 2020 accusent une baisse de 48 %.
- Enseignement bilingue dans l'enseignement public et privé confessionnel confondus : le taux de continuité entre la Seconde et la Première a diminué entre 2019-2020 et 2020-2021passant de 80,7 % à 69,3 %.
- L'enseignement de spécialité LLCER rencontre peu de succès dans le public et le privé. Il est abandonné entre la Première et la Terminale. En 2020, 15 élèves seulement suivent cet enseignement de spécialité en Première, quand 9 élèves le suivent en Terminale.
« Par conséquent, et comme je le demande depuis plusieurs mois au ministre et dans l'espoir qu'une loi de protection de l'enseignement des langues régionales soit adoptée au printemps prochain, il est indispensable que dès maintenant un amendement soit apporté à la réforme du baccalauréat, pour octroyer à nos langues le même statut que celui dont bénéficient les langues et cultures de l'Antiquité. Il en va de leur survie, car cette chute objective du nombre d'élèves en lycée a des conséquences désastreuses sur les effectifs au sein de nos universités, et tarit par là même la source potentielle de futurs enseignants bilingues nécessaires au développement d'un enseignement précoce de nos langues. Il s'agit là d'une remise en question profonde des politiques partenariales que nous menons aux côtés de l'État depuis plus de 10 ans en matière de développement de politiques linguistiques publiques en faveur des langues régionales, pourtant largement plébiscitées par nos concitoyens selon les récentes enquêtes socio-linguistiques menées sur nos territoires » explique Charline Claveau, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine déléguée aux Langues et cultures régionales.
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