mardi 13 août 2019

Jonzac : hommage à Mac Rae et Fletcher, deux aviateurs britanniques morts à Jonzac le 6 août 1944

Dépôt de gerbes et couronnes de coquelicots par Christophe Cabri, premier adjoint, Jérôme Aymard, sous-préfet, David Fielder, officier de la RAF et Tania Gold
Le 6 août 1944, les pilotes Robert Fletcher et Donald John Mac Rae sont partis d’un aérodrome de Cornouailles. Ils avaient pour mission de bombarder les forces ennemies en ciblant les voies ferrées françaises et plus précisément les convois y circulant. A bord de leur Mosquito, ils ignoraient que cette mission serait la dernière. Après avoir percuté la tête d’un ormeau près de la gare de Jonzac, leur avion tomba dans un fracas épouvantable, les tuant sur le coup.
Un monument a été érigé en souvenir de ces jeunes héros qui sont honorés chaque année par les autorités militaires et civiles. Un hommage leur a été rendu mardi dernier. Aux côtés de Bernard Lafarge et des anciens combattants, était présente une délégation de la Royal Air Force dont David Fielder, officier de la RAF en poste à Bordeaux, et Tania Gold représentant la Royal Air Force Association Sud-ouest France. 

La montée des couleurs



Hommage franco-britannique organisé par Bernard Lafarge et la ville de Jonzac

Bernard Lafarge, organisateur de la cérémonie : « S'ils avaient échappé au drame, Fletcher et Mac Crae auraient 97 et 99 ans. Pour nous, ils ont toujours 22 et 24 ans »

 A 15 h 30, le 6 août 1944 , sur la base aérienne de la 151éme escadre de la RAF de Predannack en Cornouailles, deux avions Mosquito, bimoteur à long rayon d’action, sont envoyés par le stratégique Air Command en mission dans le Sud Ouest de la France. Leur mission : l’attaque de tous les renforts allemands en route pour le front de Normandie. Les secteurs désignés sont les axes routiers et ferroviaires de Dax, Tarbes, Agen, libourne et Saintes.
Vers 18 h, les deux avions, qui arrivent de Montendre en suivant les voies ferrées, aperçoivent un train à l’arrêt dans la cour de la gare. Les deux appareils, aprés identification de ce train, l‘attaquent à la mitrailleuse et au canon. Lors de la passe de mitraillage, le second Mosquito, « le sneezy 36 » qui vole à environ 200 kms /h accroche les branches de deux grands arbres au dessus du pont de pierre. Hors de contrôle, l’appareil s’écrase sur un transformateur électrique, 150 mètres après la gare. L’avion s’embrase immédiatement. Le premier mosquito « le sneezy 44 » refait un passage à base altitude et regagne sa base où il se pose à 20 h 50.

Des témoins dont Simmonet, Quantin, Garnier tentent d’extraire les pilotes malgré le feu et le risque d’explosion. En vain. Les harnais des parachutes et les cables électriques du transformateur emmêlés dans les corps des aviateurs rendent impossible cette tentative. Le train de munition continue d’exploser toute la nuit. Des éclats cassent beaucoup de vitres et percent les toitures dans le quartier des Carmes et tout autour de la gare. La végétation des arbres disparaît dans les incendies des wagons. L’âcre odeur de la poudre et des différentes matières carbonisées reste pendant plusieurs semaines dans le secteur de la gare.

Les Allemands enterrent les deux aviateurs à la hâte et ils n’ont aucune sépulture pendant des années. Michel Nassif, bien connu des Jonzaçais, effectue des démarches auprès des autorités britanniques et françaises afin que soit donnée par la ville de Jonzac une digne sépulture à ces deux hommes courageux. Ils reposent désormais au cimetière de Jonzac, où une pierre tombale nominative les signalent aux visiteurs. Ce lieu de repos a été concédé à perpétuité aux autorités britanniques du Commonwealth War Graves.
« Ayons donc une pensée profonde et respectueuse pour Donald John Mac Rae et Clément Flétcher fauchés en pleine jeunesse ; saluons leur courage et leur détermination pour être venus combattre loin de chez eux sur notre terre de France le régime totalitaire hitlérien. Il est bien difficile d’admettre que leur vie se soit arrêtée à 22 et 24 ans. Aujourd'hui, ils auraient 97 et 99 ans. Ils connaissaient les risques et les ont acceptés. Imaginons aussi ce qu’a pu ressentir l’équipage survivant lors de son retour, une atroce torture sans doute et un sentiment d’anéantissement. N’oublions pas que nous leur devons comme à tant d’autres notre liberté, liberté qu’il faut et faudra défendre toujours et encore, car rien n’est acquis. Leur combat d’hier est malheureusement toujours le combat d’aujourd’hui, la paix si durement acquise est continuellement menacée, ici et ailleurs. Agir pour un monde meilleur, tolérant et humain est le devoir de chacun d’entre nous » a souligné Bernard Lafarge.
A l'heure où les provocations entre grandes puissances génèrent des inquiétudes et que les autorités françaises craignent de nouveaux attentats terroristes, le Califat n'ayant pas été défait, de telles paroles prennent tout leur sens...

• Au nom de  la Royal Air Force association, Tania Gold a traduit l'allocution de Bernard Lafarge en anglais. 


• David Fielder, officier de la RAF, a fait part de son émotion, rappelant que la France et la Grande Bretagne sont unies par des liens d'amitié et de solidarité. 


• The Act of Remembrance :

They shall grow not old, as we that are left grow old;
Age shall not weary them, nor the years condemn.
At the going down of the sun and in the morning
We will remember them.
We will remember them.

• L’Acte du Souvenir :

Ils ne vieilliront pas comme nous, qui leur avons survécu.
Ils ne connaîtront jamais l'outrage ni le poids des années.
Quand viendra l'heure du crépuscule et celle de l'aurore,
Nous nous souviendrons d'eux.
Nous nous souviendrons d'eux.

Moment de recueillement en souvenir de Mac Rae et Fletcher


L'an prochain, deux avions de l'école de Cognac, les nouveaux Pilatus PC 2, devraient survoler Jonzac le 6 août. Un verre de l'amitié a clôturé cette rencontre où le public a pu retrouver des véhicules de la Seconde Guerre mondiale, leurs occupants portant les tenues de l'époque.

A gauche, le major Jean-Marie Reymann
Alexis Peylhard, joueur de cornemuse du Bordeaux Pipe Land
Motos, jeeps exposées place de la gare

Ma belle auto !
Les porte-drapeaux
• Des nouvelles du Mosquito : Après avoir survolé Jonzac le 6 août 2015, le Mosquito avait été victime d'un crash en rentrant à sa base de Fontenay le Comte. Aujourd'hui, il est en voie de réparation, mais il faudra encore du temps. On attend son retour avec impatience...
 
Photos © Nicole Bertin

1 commentaire:

Unknown a dit…

Bonjour
Bel article. Transmettez à Bernard Lafarge toute mon affection et mon bon souvenir.
Vous pouvez lui communiquer mon adresse mail.
Merci
Cordialement