lundi 5 juin 2017

Les Senioriales de Meursac : quand le petit coin de paradis se transforme en cauchemar ?

Bernard Laffort et Mme Dastre
La publicité des Senioriales (groupe Pierre et Vacances) est toujours alléchante : « Réalisez un investissement locatif sûr et performant. La résidence senior est idéalement située et dispose de tous les services que peuvent attendre des retraités ».
Bernard Laffort, militaire vivant à Albertville, s’est laissé tenter par la Charente-Maritime. Plus particulièrement par Meursac  : "Aux portes de Royan et de l'Atlantique, la résidence des Senioriales est installée sur un site exceptionnel et unique. L'ancien château de Meursac accueille le club-house de la résidence dans un cadre chargé d'histoire" ! Avec un tel commentaire, on est aussitôt séduit. Sur le papier, elle semble si belle, cette résidence, qu’elle éclipse la Savoie et ses cimes enneigées ! « J’avais bien conscience que Meursac était en pleine cambrousse, mais étant né près d’Angoulême, je me suis laissé convaincre ». Pensant couler des jours paisibles, il s’y installe avec son épouse… avant de déchanter.

Sous cet angle, elle a l'air sympa, cette résidence !

A y regarder de plus près, le sol "travaille", c'est une évidence !
En effet, le terrain sur lequel a été édifié le pavillon est instable et les propriétaires assistent, impuissants, à des mouvements de terrain assortis de lézardes sur les murs. Les photos parlent d’elles-mêmes et la situation ne s’arrange pas.

Dur, dur de sortir du garage...
Affaissement de terrain et trou devant la porte d'entrée...
Décalage flagrant entre le mur et le niveau du sol
Si on ne veut pas tomber, on a intérêt à mettre des planches !
Grosse lézarde
Pièce d'entrée en décalage avec le seuil
En fait, cette partie basse (représentant un tiers de la superficie totale) repose sur de la tourbe et de la glaise. En conséquence, elle n’aurait pas du être constructible. Pourquoi l’ancien maire a-t-il changé le plan d’occupation des sols, voilà bien la question ? D’après les gens du coin, il semblerait que la vente de ces parcelles - « un très bon prix » - lui ait permis d’investir dans des bâtiments scolaires.
« Cela fait presque dix ans que cette résidence nous a été livrée et depuis tout ce temps, nous nous sommes heurtés à des malfaçons et des vices cachés. Tous ces retraités venus chercher le paradis, selon les termes employés par la société les Senioriales, vivent un calvaire et ce n'est pas terminé. On nous a fait les yeux doux jusqu'à la signature de l’acte chez le notaire et depuis, nous nous heurtons à des interlocuteurs indélicats qui font fi de nos doléances » explique Bernard Laffort. Et d’ajouter : « Ce qui est grave, c’est que nos appartements ont perdu les deux tiers de leur valeur. Trois se sont vendus à des prix ridicules par rapport à la mise engagée. Dernier exemple, pour une mise de 270.000€, le bien a été cédé pour la somme de 92.000€. Je possède un document émanant de l'ancien directeur, Bruno Derville, qui m'écrivait qu'avec ce concept, nous pourrions revendre avec une plus value de 5% à 10%. Nous sommes loin du compte ». 

Raser les maisons défaillantes ?

Les propriétaires insatisfaits ont saisi le syndicat des copropriétaires pour demander une expertise judiciaire et effectué de nombreuses démarches, dont une annulation de vente auprès du Tribunal. Bernard Laffort a été débouté pour manque d’éléments. Il s’apprête à faire appel de ce jugement puisqu’il dispose de nouvelles preuves émanant des experts. Logée à la même enseigne, Mme Dastre regrette d’avoir investi à Meursac où elle ne vient qu’à partir des beaux jours (le reste du temps, elle vit à Saintes). De la moisissure dans sa maison, il y en a, ce qui prouve la présence d’humidité dans les parages !

Humidité et tapisserie décollée
Lors de la dernière assemblée générale, l’hypothèse a été émise de raser six blocs (au lieu de trois) qui seraient alors reconstruits en fonction de la « réalité » du sous-sol (pieux à 15 mètres au lieu de 7, renforcement de la dalle de béton pour étanchéité, etc). Contenir l’affaissement du terrain est une priorité ! Le financement est estimé entre 3 et 4 millions d’euros. La réponse sera donnée dans les jours qui viennent, experts et responsables des Senioriales devant statuer sur la question.
Lors des travaux, les occupants seront relogés, ce qui pose des problèmes de déménagement et de garde-meubles. « Quand nous avons acheté en 2007, c’était pour être tranquille. C’est tout le contraire ! Nous avons un locataire depuis 2010 et préférons habiter Royan. Notre maison a totalement décoté, c’est le genre d’histoire qu’on ne souhaite à personne » déplore Bernard Laffort. D’autant que l’ambiance à l’intérieur des Senioriales s’en ressent entre les gens du haut qui ne rencontrent aucun problème (leurs maisons sont construites sur le dur) et ceux du bas qui s’enlisent comme à Venise, la beauté du patrimoine historique et du Grand Canal en moins…
Et Bernard Laffort de conclure : « Les acheteurs font confiance à cette société qui se targue d'être experte en résidences seniors. Hélas, en ce qui me concerne, la réalité est bien différente ».

Affaire à suivre…

Dans la partie basse, près des parkings, les terrains présentent des signes d'affaissement
• Autre problème, celui de la maison bourgeoise baptisée « le château » : quatre appartements devaient être aménagés dans les étages, occupations qui auraient diminué les charges de copropriété. Or, rien n’a été fait et l’accès aux étages a été interdit par la commission de sécurité car dangereux. De plus, la toiture est à refaire. « Nos charges sont d’environ 200 euros/mois pour une maison de 65 m2. A Meursac, ce sont les plus élevées des Senioriales » constate Bernard Laffort.

M. et Mme Laffort se sont installés aux Senioriales de Meursac le 27 novembre 2007, parmi les tout premiers occupants. La résidence compte 40 logements, plus la maison du gardien et le club house situé dans la maison bourgeoise (activités communes et piscine). L’ensemble s’étend sur 1,6 hectare dans le bourg.

• A Meursac, la loge du gardien a été vendue. D'après Didier Burggraeve, président de l'ADCS, « Cette loge aurait du rester une partie commune. On ne peut pas avoir, pour le même concept, les mêmes résidences, une loge partie commune et une loge à louer ! ».

Aux dernières nouvelles, les Senioriales de Meursac n'auraient pas souscrit aux "Dommages immatériels" dans l'assurance DO, contrairement à d'autres résidences. Meursac serait donc la seule à ne pas être couverte pour lesdits dommages immatériels. Aurait-on anticipé sur le devenir des désordres que rencontrent certains occupants aujourd'hui ?

A l'échelon, les propriétaires mécontents des Senioriales s'organisent...

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