vendredi 14 octobre 2011

Primaires socialistes :
Les impétrants
et le faiseur de roi


39% pour François Hollande, 31% pour Martine Aubry, 17% Pour Arnaud Montebourg, 7% pour Ségolène Royal, 6% pour Manuel Valls, 1% pour Jean-Michel Baylet : plus qu’une simple primaire socialiste, ce vote ouvert à qui le souhaitait a constitué un événement. Du coup, la Droite se demande si en 2017, elle ne devrait pas, elle aussi, déverrouiller ses candidatures à la présidentielle…

L’humeur est tristounette chez les Sarkozy. Et pourtant, elle devrait être joyeuse en l’attente de ce bébé qui pointera bientôt son nez. Carla est fatiguée - normal à la veille d’un accouchement – et dès qu’il rentre à Paris, son mari n’entend parler que des primaires socialistes. Campagne largement médiatisée, audience énorme à la télé, participation qui dépasse les deux millions d’électeurs : tout ça peut déstabiliser un homme, fût-ce le président ! Du coup, les affaires européennes et les solutions à la crise mondiale du crédit, pourtant essentielles, paraissent bien fades face à François Hollande et Martine Aubry qui monopolisent l’actualité. Dans l’arène, ils s‘affronteront dimanche prochain lors du second tour.

Mercredi soir, lors du débat télévisé par France 2, les "finalistes" aux primaires socialistes ont affiché leurs différences et leurs divergences.
Martine Aubry n'a montré aucune émotion à la nouvelle de l'après-midi, c'est-à-dire au désistement de Ségolène Royal en faveur de François Hollande. Entre ces deux-là, la page sentimentale est tournée pour faire place aux alliances politiques...


L’un et l’autre ne sont pas totalement libres de leurs mouvements car il leur faut séduire l’électorat d’Arnaud Montebourg pour remporter la victoire. 17%, ce n’est pas rien ! François Hollande et Martine Aubry n’ont d’autre choix qu’une fine stratégie pour s’imposer dans l’espoir de « rencontrer » Sarkozy en finale. Objectif : le trône élyséen.

François Hollande a réagi aux propos de sa partenaire, sans jamais montrer d'agacement. " Je ne suis pas d'une Gauche molle, ni dure. Je suis pour une Gauche solide et sincère" a-t-il souligné en rappelant "qu"il était le candidat du rassemblement".

La déception est grande chez Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes qui totalise 7% des suffrages, à quelques encablures de Manuel Valls, le seul à s’être immédiatement désisté en faveur de François Hollande. Quant à J.M. Baylet, dont l’accent du Sud-Ouest est un régal, il a effectué un parcours de santé au nom des Radicaux de Gauche. Il est heureux d’avoir participé, dit-il, et il a eu raison de montrer que les PRG doivent continuer à exister dans le paysage politique. Bien qu’ayant obtenu le score le plus faible, il garde le sourire, contrairement à Ségolène Royal. A l’annonce des résultats, des larmes de déception ont pointé dans son regard habituellement volontaire. Devant sa télé, Dominique Bussereau, l’ancien ministre UMP, n’a sûrement pas pleuré en voyant s’incliner celle qui l’a vaincu aux dernières Régionales.

Les sondages se sont trompés à son sujet puisqu’elle devait largement dépasser les 10%. Malgré l’adversité, elle a montré du courage, déployé de l’énergie durant cette campagne qui ressemblait à celle de 2007… sans en avoir le goût. En position d’ange déchu, elle espère encore peser dans la balance. Fluctat nec mergitur : telle pourrait être sa devise. François Hollande et Martine Aubry ont eu chacun des paroles compatissantes à son égard. Envie de recueillir ses voix ou réelle empathie ? L’avenir nous le dira. Le revirement soudain de Ségolène Royal en faveur de son ex compagnon a surpris les observateurs…

Ségolène Royal

Pour l’instant, l’homme de tous les désirs, celui qu’il faut brosser dans le sens du poil (bien qu’il soit impeccablement coiffé) est Arnaud Montebourg. N’ayant rien à perdre, il s’est lancé dans la bataille en avançant des arguments qui ont rassuré les électeurs angoissés par la crise. Toutes les voix qu’il a recueillies résultent-elles de personnes hostiles à l’eurotourbillon ? La question mérite d’être posée. Certes, il y a ceux qui veulent retrouver un pays à part entière, sans risque d’être éclaboussé par la chute grecque, les caprices boursiers ou les effets de la mondialisation. Toutefois, dans les couloirs, on raconte que certains UMP auraient voté en sa faveur (ils en avaient la possibilité) afin de déstabiliser les chiffres annoncés par les sondages ! On verra le 16 octobre si cette rumeur est une pure fantaisie ou s’il y a du vrai dans cette grande nébuleuse qu’est actuellement le commentaire politique.

Arnaud Montebourg

Vocabulaire amusant à souligner, Arnaud Montebourg est devenu « le faiseur de roi ». Roi peut surprendre : l’actuelle République serait-elle une monarchie cachée ou la Révolution aurait-elle du plomb dans l’aile ? En attendant, le député de Saône et Loire fait monter la pression auprès de ceux qu’il appelle « les impétrants » ou « les deux faces d’une même pièce » à tel point que les intéressés se demandent quelle attitude adopter. Et même si Arnaud Montebourg penche personnellement pour François Hollande, il n’a donné aucune consigne. Tous les espoirs sont permis !

Le climat se tend entre les deux chefs de file. Pour preuve, l’un accuse l’autre de mollesse. Hollande manquerait d’ardeur face à Madame le Maire de Lille, gaillardement campée sur ses deux jambes, comme l’est Angela Merkel dont elle a un peu l’allure. Une brute, l’amie Martine, prête à planter ses dents dans son Hollande préféré ? Allez, on ne va pas en faire un fromage ! Sourcilleuse, Martine Aubry n’entend pas se faire devancer par les « éléphants » qui, généralement, trompent énormément ! Conscient du danger, François Hollande essaie de tempérer cette pasionaria, adepte des castagnettes verbales qu’elle claque sous son nez, histoire de l’agacer.

" Je suis claire, je ne change pas de position" a déclaré Martine Aubry née sous le ligne du Lion et ça se voit ! En filigrane, le "flou" sur certaines questions qu'elle reproche à son rival. Elle incarne une femme de poigne, d'expérience, qui ne s'en laissera pas compter ! Quant à prendre François Hollande comme Premier Ministre si elle devient Présidente, c'est une autre histoire...

Comme l’a adroitement rappelé Jean-Marc Ayrault, « toute division de la gauche affaiblira le PS face à Nicolas Sarkozy ». Lui n’attend qu’une faille ! Les candidats socialistes sont donc invités à afficher une entente cordiale d’apparence, en essayant de tirer leur épingle du jeu par des pactes et des promesses qui leur assureront la victoire. Après tout, il ne faut pas y voir malice. Depuis que le monde est monde, les hommes s‘unissent et se désunissent pour le meilleur et pour l’empire. Car en toile de fond, c’est bien de gouverner dont il s’agit !

Nicole Bertin

• Deux Lions ! Martine Aubry et François Hollande sont nés tous les deux sous le signe du Lion : Martine Aubry le 8 août 1950 (61 ans) et François Hollande le 12 août 1954 (57 ans).

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