Depuis toujours, Christian Raignier aime dessiner. Son talent, il le consacre en peinture à l’hyperréalisme. Début septembre, il a présenté à la Nauline une rétrospective de son travail depuis vingt ans. Un voyage dans le temps ponctué de coups de cœur…
La campagne saintongeaise ressemble à une aquarelle. Passé Mirambeau, chaque village a sorti ses plus beaux atours. Inespéré, l’été indien rehausse la terre de Haute Saintonge d’une palette ensoleillée. Le long de l’estuaire, il y a d’abord Saint-Bonnet et le pôle nature de Vitrezay ; Saint-Sorlin dont le clocher prend des airs de Toscane ; la grande maison des cognacs Castelnau dans le virage puis Saint-Thomas qui affiche une quiétude paresseuse, loin des fougues de Jacques Roux, ce “curé rouge“ qui harangua les foules à la Révolution.
La maison qu’habite Christian Raignier fut-elle contemporaine de cette période agitée ? Peut-être après tout ? « Elle existait déjà au XVIIIe » souligne son propriétaire. Loin des événements qui ont ponctué l’histoire locale, Il a transformé l’ancienne ferme en une maison accueillante aux allures méditerranéennes. On s’y rend en empruntant un chemin de terre qui serpente sur le flanc du coteau. Nichée dans la vallée, à l’abri des regards indiscrets, “la Nauline“ convient parfaitement à un amoureux de la nature qui consacre sa vie professionnelle à l’architecture et ses loisirs à l’expression artistique.
De Saint-Thomas à Montmartre
« Ma première exposition remonte aux années 1980. C’était à Saint-Bonnet » se souvient Christian Raignier. Ses tout débuts. Enfin presque puisque l’envie de dessiner remonte à l’enfance. « Je ne sais pas d’où me vient cette attirance. Dans ma famille, personne n’avait de dispositions particulières ».
Dès l’âge de trois ou quatre ans, il remarque une scène de tauromachie qu’il dessine sous le regard admiratif de ses parents. Plus tard, à 20 ans, alors qu’une fracture à la cheville le cloue au lit, il occupe son temps libre en reproduisant des peintures de maîtres : « j’avais demandé à ma mère de m’apporter des gouaches. Je me suis lancé ». En 1985, au Salon des Arts de Cognac, il obtient le prix du public. Encourageante, cette reconnaissance l’incite à continuer.
Dessinateur en architecture pour des cabinets privés avant de se mettre à son compte, « à 40 ans à Saint-Thomas », il manie aussi bien le crayon que le pinceau.
Des projets de constructions à la création, l’espace est pétri d’une intime et même conviction. Celle de l’esthétique.
Le château de Saint-Thomas tel qu'il devait être au temps de sa splendeur, d'après les plans de Claude Masse, architecte militaire de Louis XIV. Aujourd'hui, ne subsistent que des vestiges.
Sa passion pour la peinture l’attire toujours plus loin. Ce qu’il aime ? Traduire la réalité, au-delà des apparences, en l’habillant d’un voile de poésie. Il y a belle lurette qu’il a abandonné ses gouaches pour l’huile qui apporte, selon la source inspirée, touches de lumière ou d’obscurité. Chaque tableau est un coin d’intimité, un détail révélé, un moment donné, un baiser à la dérobée.
Sa dernière exposition, début septembre, regroupait vingt ans de travail. De nombreux visiteurs ont répondu à l’invitation, heureux de découvrir l’évolution d’un homme qui dévoile son univers avec pudeur. Paysages, ruelles, scènes de la vie comme la grande avenue de Royan qui orne actuellement le bureau du député maire, Didier Quentin : ce fut un succès.
Grâce à Facebook où ses amis sont nombreux, Christian Raignier a élargi son cercle de connaissances. Sur la toile, il échange ses impressions avec des artistes du monde entier : « ils sont très accessibles. C’est une chance ».
Son prochain thème pourrait bien être Montmartre : « Je compte réaliser plusieurs tableaux dans ce quartier, à partir de la boulangerie qui monte au Sacré-Cœur ». La présentation pourrait avoir lieu début 2013 dans une galerie parisienne « seul ou en collectif ». Cette année-là, il proposera un autre rendez-vous à Saint-Thomas, « dans sa région, pour les gens qui apprécient son travail et ceux qui ne le connaissent pas encore ».
On ne change pas une commune qui gagne à être connue, surtout quand l’un de ses habitants la met aussi généreusement en valeur !
N.B.
• Une table à découvrir, Le Saint-Thomas
Chez Philomène et Bill, un couple d’Ecossais installé à Saint-Thomas, plusieurs toiles de Christian Raignier sont exposées dans la salle du restaurant situé dans le bourg. À déguster les bons petits plats de Philomène ! Le restaurant est ouvert tous les jours sauf le dimanche soir et le lundi. Tél. 05 46 86 04 45.
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