samedi 22 octobre 2011

La soprano Gaëlle Arquez
reçoit le grand prix
de l’Académie de Saintonge


Dernièrement, Saintes a accueilli la cérémonie annuelle de remise des prix de l’Académie de Saintonge. Quatorze ont été distribués pour des œuvres diverses et variées. Le grand prix a été remis à une artiste dont la valeur n’a pas attendu le nombre des années. Par son talent et sa grâce, la soprano Gaëlle Arquez, originaire de Saintes, a illuminé la séance !


C’est maintenant une institution. Chaque premier dimanche d’octobre, l’Académie de Saintonge décerne ses prix lors d’une cérémonie qui attire un nombreux public. Le 2 octobre dernier, la salle Saintonge grouillait d’une joyeuse animation, signe évident de la bonne santé et de la vivacité de l’Académie ! Bien sûr, il y avait des absents dont la disparition cause un vide profond : Jean Glénisson qui fut directeur de cette assemblée, Pauline Reverchon, historienne bien connue à Cognac et l’artiste Michel Danglade qui faisait danser ses lecteurs sur les mers du monde. Nous ne les oublions pas.

Dans son discours, Marie Dominique Montel leur dédia une histoire, celle des cinéastes de la Nouvelle Vague dont le père spirituel n’était autre qu’un Rochelais, André Bazin, l’un des plus grands critiques du cinéma du XXe siècle. « Une espèce de saint en casquette de velours » glissait François Truffaut à son sujet. Il avait rédigé une proposition de film dont le texte a été publié après son décès. S’intitulant « Les églises romanes de Saintonge », il y est fait mention du chanoine Tonnellier et de François de Chasseloup Laubat. Deux personnalités chères à la Saintonge.
Pourquoi ce thème ? Parce le caractère exceptionnel de ces édifices viendrait d’une grande connivence avec les paysages et avec l’humanité, « cette harmonie ancestrale où la vie rurale paraît poursuivre avec l’église une amitié si vieille. Nulle part mieux qu’ici, l’esprit et l’art n’entretiennent avec la géographie et les hommes de relation aussi nécessaire et naturelle » écrivait-il. Un beau clin d’œil à un homme talentueux dont le député maire de Royan, Didier Quentin, ignorait les origines charentaises maritimes !
Ce film pourrait-il voir le jour ? Après tout, pourquoi pas… « En couleur, tout un champ d’observation serait offert par les harmonies admirables de la pierre saintongeaise » soulignait avec justesse André Bazin…

Suzanne lui a ouvert la voie…

Cette année, le grand prix de l’académie a été décerné à la charmante soprano Gaëlle Arquez, chanteuse lyrique au futur prometteur, qui fit ses premiers pas dans la cité santone. Ému, Alain Michaud dressa les grandes lignes de sa “jeune“ carrière :


« Après des débuts aussi étonnamment rapides que brillants, la jeune Gaëlle Arquez s’affirme d’ores et déjà comme une cantatrice de talent. Ce dont ne peut que s’enorgueillir notre région qui l’a vu naître sur les bords de la Charente. Son parcours est éloquent. Elle étudie très tôt solfège et piano au Conservatoire municipal de la ville de Saintes où elle découvre, adolescente, le chant lyrique. À Poitiers, elle qui désire avant tout chanter, entame par prudence une licence de musicologie, puis réussit le délicat concours d’entrée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris. De 2005 à 2009, elle suit les cours du cycle supérieur en chant du Conservatoire sous la direction de professeurs américains tels que Peggy Bouveret, Malcolm Walter, Peter Weiss.

Alain Michaud et Gaëlle Arquez

Elle y décroche le prix de chant. Lauréate de nombreux concours en 2003, 2007, 2009 - prix de chant Pierre Bernac à l’Académie internationale Maurice Ravel à Saint-Jean-de-Luz, du Wigmore hall Independant Opera voice fellowship de Londres - elle ne cesse de multiplier les succès. Elle interprète entre autres les rôles titres de “L’enfant et les sortilèges“ de Ravel, de “La petite renarde rusée“ à l’opéra de Rouen, de Reims et au théâtre de Liège, la partition de soprano solo dans le “Requiem de Fauré“ à Bologne (sous la direction de Guillaume Connesson), de “la Messe en ut mineur“ de Mozart à l’église Saint-Etienne du Mont de Paris (direction de Raphaël Pichon), du “Stabat mater“ de Pergolèse. Les opéras de Mozart lui offrent de beaux rôles : elle est Zerlina dans Don Giovanni, Dorabella dans Cosi fan tutte. Parallèlement, elle multiplie les Master Class au Danemark, en Crète, à Paris, à Londres. En 2011, elle est nominée aux Victoires de la musique classique en “révélation lyrique“. Son agenda 2011-2013 est riche d’engagements : les opéras de Bordeaux, Versailles, Besançon, Lille, Paris, le Wigmore hall de Londres, témoignent de son haut niveau et déjà de sa renommée. À son répertoire, des auteurs prestigieux, Rameau, Vivaldi, Mozart, Cherubini, Massenet, Verdi. Mais sa palette est large : spécialisée dans le XVIIIe  siècle baroque, elle a interprété également Debussy ou Messiaen. Une bien belle carrière s’ouvre à elle qui n’a que 28 ans : c’est à l’unanimité que l’Académie de Saintonge lui a voté son grand prix ».

Gäelle sous le regard admiratif de Dominique Montel et Alain Quella-Villeger

En duo avec le pianiste Guillaume Corti, Gaëlle Arquez interpréta le chant de Rosine, extrait du Barbier de Séville. Sa fraîcheur et sa spontanéité furent saluées par une gerbe d’applaudissements. Suivirent quelques confidences. Elle n’oublie pas son premier rôle, Suzanne dans Les noces de Figaro, que lui avait donné son professeur de chant Martine Postel : « En décembre, je vais le reprendre à l’opéra d’Avignon. Ce personnage m’a ouvert la voie » dit-elle, avant de remercier Marie Dominique Montel et les membres de l’Académie de Saintonge.

La suite du palmarès

Mickaël Augeron distingué par Marc Seguin et le Père Samoride

D’autres personnalités furent distinguées : Prix Champlain à Mickaël Augeron pour l’ensemble de ses travaux et la direction de l’ouvrage “Les Huguenots et l’Atlantique“ ; Prix de la ville de Royan à Brigitte Colle-Lindenau et Didier-Michel Colus pour “August Hampel : J’occupais Royan (1943-45)“ aux éditions du Croit Vif.

Prix de la ville de Royan à Brigitte Colle-Lindenau et Didier-Michel Colus remis par Jacques Bouineau

Prix de l’agglomération Royan Atlantique au Festival Plein Sud de Cozes ; Prix de la Mer/Aquarium La Rochelle à Anne Renault, voilière à l’ancienne de Fouras ; Prix Dangibeaud à Nicolas Ménin “La Rochelle au XIXe siècle“ ; Prix Madeleine Labruyère à Jean-Marc Chailloleau pour ses récits-spectacles et le Théâtre d’ardoise d’Oléron ; Prix de la Ville de Saintes : Abbaye de Fontdouce ; Prix de la Ville de Saint-Jean d’Angély à Jacques Barinet pour ses films et particulièrement celui sur la tempête Xynthia ; Prix Jacques et Marie-Jeanne Badois à Gabriel Magne, Moulin de Narrat, écomusée à Saint-Maigrin ; Prix Cognac Chabasse : Georges Charpentier, sculpteur ; Prix de la Ville de Rochefort à Arnaud Dautricourt et Ariane Leandri pour l’exposition La mer à l’encre à la Corderie Royale ; Prix de la Haute-Saintonge à Nicolas Champ « La religion dans l’espace public au XIXe siècle en Charente-inférieure », Fédération historique du Sud-Ouest ; Prix du Patrimoine (Commissaires priseurs de La Rochelle) à Jean-Luc Terradillos, Actualités Poitou-Charentes.

Le député maire de Royan, Didier Quentin, ne rate aucune cérémonie annuelle de l'Académie de Saintonge ! Cette année, on notait la présence du nouveau sous-préfet de Saintes, Thierry Tesson.

La séance se termina par un hommage vibrant rendu par Marc Seguin à Jean Glénisson. À Jonzac, la disparition de cet érudit, fondateur « d’une véritable école de Jonzac » et qui dirigea l’Université d’Été, a été cruellement ressentie  : que la médiathèque de Haute Saintonge porte son nom serait une heureuse initiative. Par ailleurs, son buste, sculpté par Jack Bouyer, pourrait rejoindre la galerie des personnages exposés au cloître des carmes.

Au deuxième rang à gauche, Gabriel Magne, propriétaire du Moulin de Narrat à Saint Maigrin, a reçu le prix Jacques et Marie-Jeanne Badois, château de la Roche-Courbon, nouvellement créé.

Selon la tradition, le verre de l’amitié clôtura ce panorama de la vie culturelle. Il était servi sous les arcades du cloître Saint Pierre grâce à l’aimable complicité du père Samoride.

(Photos Nicole Bertin)

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