samedi 5 février 2011

La première intronisation
de la confrérie
des Vins de Talmont


Ce samedi 22 janvier, ensoleillé et sec, laissait voir l’estuaire de la Gironde dérouler ses reflets argentés et moirés. Une foule importante arpentait les ruelles de Talmont, ordinairement bien calmes en ce mois de frimas, et les vignobles raisonnaient de mille rires et plaisanteries.

Les membres de la "Saint-Vincent Tournante de Virollet" et les enfants des écoles étaient dans les vignes pour des “vendanges à l’ancienne“. Saint-Vincent, le saint patron des vendangeurs, était venu et s’impatientait déjà de trouver pour un an une place bien au chaud en l’église Sainte-Radégonde de Talmont.
Après avoir créé et présidé l’Association de la Saint-Vincent dans les vignobles saintongeais à Virollet (près de Gémozac) en 2009, Jean-Guy Arrivé, en hommage au grand patron des vignerons, conduisit le Saint, de l’église de Virollet à celle de Talmont-sur-Gironde. Pour la première fois, la toute jeune “Confrérie des Vignobles de Talmont-sur-Gironde“ tint son premier chapitre, présidée par le Grand Maître, Michel Lis le Jardinier qui ne tarit pas d’éloges sur le vin de Talmont issu de ces « vignes au dos rebondi et parfumé, à quelques notes d’océan ».

Le journaliste et écrivain Michel Lis, maître de la confrérie, entouré de ses "disciples" et des deux bardes, Piqthiu et Birolut

Saint-Vincent vaut bien une messe

Un petit vignoble d’une dizaine d’hectares que se partagent Bruno Arrivé pour le Talmondais et Jean-Jacques Vallée pour les Hauts de Talmont, essentiellement composés de merlot et de colombard, et qui valait bien une messe ! Michel Lis est disert sur l’événement : « Le jour où Saint-Vincent est devenu saintongeais, il y avait une fanfare mouillée, un maire pour présider la fête, un curé pour célébrer la messe, des écoliers revêtus d’un tablier de vigneron, quelques ceps de vigne portant encore leur grappe en dépit de la saison tardive, une foule bruyante et enthousiaste, un ciel gris… et une pluie de Saintonge. De celles qui arrosent les ceps et font reverdir les sarments. Il y avait tout cela à Virollet, petite commune près de Gémozac comptant à peine 250 âmes - c’est le curé qui me l’a affirmé - pour célébrer le 22 janvier 2009 la première Saint-Vincent des vignerons charentais ».

Un an après, le 22 janvier 2010, tout était prêt pour transporter le saint des vignerons à Talmont. Après une messe des plus appréciées, près de 500 convives s’attablèrent sous un immense tivoli pour le repas des vendanges et l’intronisation de huit personnalités.

Une intronisation et un engagement

L'allocution de Dominique Bussereau, président du Conseil Général

De gauche à droite : Jean-Pierre Tallieu, président de la CDA de Royan, Bernard Mounier, ancien maire de Talmont, Nicholas Faith, écrivain, Nicole Bertin, journaliste, Marc Rivière, maire adjoint de Talmont et Dominique Bussereau, président du Conseil Général.

Animée par Piqthiu et Birolut qui mirent la Saintonge à l’honneur tout au long de la soirée, la cérémonie d’intronisation donna l’occasion à tous les impétrants de satisfaire aux épreuves et de promettre « de défendre les vins du vignoble de Talmont en tous lieux et toutes circonstances ». Leurs mérites étant reconnus, ils furent déclarés “vignerons d’honneur“ et se virent remettre le tablier de la Confrérie des vignobles de Talmont ainsi que la “douelle“ d’or. Quelques belles formules furent échangées comme celle de Dominique Bussereau qui rappela son attachement à ce petit bout de la Saintonge : « J’ai été marié à la mairie de Royan par Pierre Lis, le père du Grand Maître ici présent et à l’église de Sainte-Radégonde toute proche. Je suis sensible à cette distinction qui me touche particulièrement ».
Jean-Jacques Vallée des Hauts de Talmont rapportait un récent entretien avec un producteur de vins de Bordeaux : « L’eau nous sépare, nous divise, mais le vin nous rassemble ».

La table du maire de Talmont, François Lo Duca

Une vente aux enchères de deux tonneaux, de 30 litres chacun, de ce désormais réputé vin de Talmont grimpa à des sommets inespérés pour la trésorerie de la toute jeune association qui se vit ainsi portée sur les fonts baptismaux de la renommée. À charge pour elle de continuer sur cette voie, sans attendre la prochaine Saint-Vincent !
Les touristes, qui se précipitent tout l’été à Talmont, devraient être sensibles à cette Confrérie et à sa volonté de faire mieux connaître le “divin nectar“. Salvador Dali, le Grand Maître de la peinture, assurait que « qui sait déguster, ne boit plus jamais de vin, mais goûte des secrets ». “Bonum vinum Talmondo factum“ aurait-il pu ajouter, car telle est la devise de la Confrérie.

Michel Lis, sa famille et ses amis !


Didier Catineau

Mais qui est Saint-Vincent ?


Pour Michel Lis, c’est un saint que rien ne prédestinait à cet honneur. On sait de lui qu’il fut diacre de l’évêque de Saragosse au IIe siècle et que ses qualités d’orateur et de défenseur de la foi firent tellement peur à l’occupant romain que Vincent - et son évêque - furent martyrisés en 304, leur chair arrachée par lambeaux et leurs corps roulés sur des tessons de bouteilles. Ce qu’affirme du moins une tradition orale.

Jean-Guy Arrivé, maire de Virollet

Ce martyr ne suffit pas à faire de Vincent le saint patron des vignerons, et cela depuis le Ve siècle ! C’est peut-être parce que les reliques de ce saint espagnol furent translatées en Bourgogne ? Peut-être à cause des tessons de bouteilles utilisés par ses tortionnaires ? Personne ne peut l’affirmer… Mais pourquoi les vignerons ont-ils choisi saint Vincent comme patron ? Il y a très longtemps de cela, les vignerons travaillaient la vigne dans le plus grand désordre. Ils décidèrent un jour d’un patron qui commanderait la vendange et ce dernier accepta la charge. Lors de la première vendange, un visiteur se présenta inconnu : c’était le Bon Dieu déguisé, venu sur la Terre pour voir ce que devenaient les hommes. Les vignerons lui offrirent de goûter la nouvelle récolte, proposition qu’il accepta avec modération. Un verre en poussant un autre, le Bon Dieu finit par se retirer d’un pas incertain au milieu des rires des vignerons rassemblés autour d’un bon bouillon avec lequel ils avaient fait godaille !

Plus de 400 convives avaient répondu à l'invitation

Le lendemain, le Bon Dieu revint, toujours déguisé et dégrisé, pour demander à Saint Vincent quel était ce divin breuvage qu’il avait bu la veille. Le saint, qui avait reconnu l’Éternel, se troubla et lui répondit : « C’est la ronce ». Le Bon Dieu, ravi de ce secret, s’empressa de faire que la ronce pousse par les deux bouts. C’est depuis ce temps-là que les vignerons luttent contre la ronce qui envahit aussi bien leurs vignes que les palisses. On pratique, dans certaines régions, la Saint Vincent tournante. Cet usage consiste à promener la statue du saint de village en village - et surtout de chai en chai - accompagnée de forces libations. Lors de la Révolution, Vincent ne fut pas oublié. Au lieu de le conduire à l’église, il fut transporté jusqu’à la mairie où le maire le couronna de pampres. C’était une Saint Vincent citoyenne !

• La confrérie des vignobles de Talmont sur Gironde

Basée au 58, avenue de l’Estuaire à 17120 Talmont sur Gironde, son but est de faire connaître les vignobles de la presqu’île de Talmont sur Gironde. Déclarée association loi 1901 depuis octobre 2009 sous la présidence de Michel Lis, notre saintongeais jardinier, également Grand Maître de la Confrérie, il est entouré des cinq vice-présidents que sont : Marc Rivière, commerçant – Jean-Jacques Vallée, consultant – François Mornet, œnologue – Yves Stervinou, commerçant – Olivier Geffray, directeur artistique. Le secrétariat est assuré par Bruno Arrivé, pépiniériste. François Lo Duca, commerçant et maire de Talmont en est le trésorier, son adjoint est Jean-Philippe Pricart, œnologue.

Premier Chapitre de la confrérie des Vignobles de Talmont samedi 22 janvier 2011 Les intronisés :

• Dominique Bussereau - président du Conseil Général de la Charente-Maritime ;
• Jean-Pierre Tallieu - président de l’Agglomération de Royan Atlantique ;
• Nicole Bertin - rédactrice en chef adjointe de l’Hebdomadaire “Haute-Saintonge“ ;
• Bernard Mounier - ancien maire de Talmont sur Gironde ;
• Nicholas Faith - écrivain d'origine anglaise, spécialisé sur les grands vins et le cognac ;
• François Lo Duca - maire de Talmont sur Gironde ;
• Jean-Guy Arrivé - maire de Virollet ;
• Jean-Yves Homo - restaurateur

Pour le journaliste britannique Nicholas Faith, tout est dans le chapeau qu'il convient d'ajuster !

Les premiers intronisés de la confrérie se sont engagés à promouvoir la renommée des vins de Talmont (à consommer avec modération)

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