Dernièrement, s’est inauguré le premier niveau du musée de la préhistoire du château de La Roche Courbon. Plusieurs collections y sont présentées, en attendant l’ouverture de la partie supérieure. Une belle initiative initiée par la fille de Jacques Badois, Christine Sebert et son époux Philippe.
Le musée de la préhistoire de la Roche-Courbon, installé dans la tour située à l’entrée du château, est heureux de vous annoncer sa renaissance ! Dernièrement, de nombreuses personnalités étaient conviées à découvrir les aménagements réalisés en ce lieu qui abrite des témoignages sur les origines de l’humanité. M. et Mme Badois en rêvaient, Christine Sebert et son mari l’ont fait, s’entourant des conseils judicieux d’une équipe de spécialistes.
Dans son allocution, Christine Sebert souligna la passion des deux archéologues amateurs, Yves Olivet et Thierry Le Roux : « Par leur obstination, ils nous ont convaincu de l’importance des collections du petit musée et de l’urgence de les mettre un peu plus en valeur en les présentant de façon pédagogique. Je salue le talent de tous les bénévoles qu’Yves a su fédérer autour de lui pour aboutir à ce qui vous entoure. Nos collaborateurs sur le site ont, eux aussi, travaillé pour redonner un coup de jeune à ce lieu. MM. Debenath et Paillet, chacun dans leurs disciplines, ont cautionné scientifiquement le travail de l’équipe. Les adhérents d’Amicour, les décideurs du Conseil Général et du Crédit Agricole ont, de leurs côtés, cru en ce projet et en ont permis le financement, de même que la Saintonge Romane. La conservation du patrimoine est l’une de nos priorités » dit-elle en fixant un nouveau rendez-vous « dans un an, pour l’inauguration du deuxième étage ».
Étaient présents autour de Christine et Philippe Sebert, M. de Roux, président de la Saintonge Romane, M. Barreau, président de la CDC, M. Grenon, maire de Saint-Porchaire, M. de Lestrange, descendant de la famille donatrice, Yves Olivet, MM. Debenath et Paillets, paléontologues, Mme Thomas de la Caisse régionale du CA, etc.
Au nom d’Amicour, William Weber fit part de sa satisfaction : « l’art paléolithique saintongeais de notre musée vient de retrouver ses titres de noblesse où les figurations animalières et géométriques gravées il y a plus de 20 000 ans côtoient la collection de Mlle Milon, ancienne institutrice de l’école des filles de Saint-Porchaire. Il faut également souligner la collection offerte par la famille de Lestrange ». Le travail d’Amicour, qui réunit un groupe d’amis, consiste à soutenir les actions de valorisation du château : « la restauration du musée en est la parfaite représentation. Il reste à réaliser la mise en place d’un système de vidéo projection qui permettrait une meilleure compréhension de la préhistoire ».Raymond de Lestrange parla ensuite de son aïeul Henry, un être comme on n’en fait plus, d’une culture immense, dont le musée porte le nom.
Cette rencontre se termina par le verre de l’amitié sous le regard ému - mais ne le répétez pas - de Jacques et Jeanne Badois…
• Raymond de Lestrange présente son ancêtre Henry
Ma chère Christine, merci de votre invitation, qui nous honore et bravo pour votre action infatigable qui touche notre petite région. J’aimerais vous dire un mot sur mon grand-père, Henry. Né en 1853, il était le deuxième fils de Raoul de Lestrange, disparu alors qu’il avait peine 2 ans. Il fut donc élevé par sa mère, Marie du Tertre et par ses grands-parents, habitants Saint-Omer, où il fit une partie de ses études, avant de les continuer à Paris.
Le 6 août 1877, il soutint une thèse en latin, pour sa licence en droit : “de l’Administration du tuteur et du compte de tutelle“. Henry eut une vie très active. En Saintonge, il fut impliqué dans la politique locale et élu à quatre reprises conseiller général du canton de Saint-Genis-de-Saintonge en 1897, 1898, 1904 et 1910. On raconte que la campagne électorale de 1897 était menée contre lui par le sénateur radical de Pons, Émile Combes. Celui-ci parcourait à bicyclette les différentes communes de l’arrondissement de Saint-Genis, afin d’inciter les électeurs à s’unir contre le conservateur, honni par les Radicaux, Lestrange. Au cours de ses mandats de conseiller général, on lui doit d’avoir tout fait pour réussir à “sauver des flots“, la très belle église romane de Talmont-sur-Gironde, dont l’existence était menacée par l’effondrement de la falaise sur laquelle elle était édifiée. Féru de généalogie et chercheur émérite, il est l’auteur de très importantes études et publications généalogiques. Très moderne et en avance sur son temps, j’aimerais vous conter une petite anecdote. Vers 1900, il acheta l’une des premières automobiles. Elle fut livrée à Saint-Julien par un mécanicien du constructeur.
Alors qu’elle avait été rentrée au garage, Henry voulut la sortir pour l’essayer. Il s’aperçut alors qu’il n’y avait pas de “marche arrière“. Pas content du tout, il somma le chauffeur de reprendre sa voiture et de la ramener au fabricant. Quelque temps après, on lui livrait une automobile plus perfectionnée, dotée d’une marche arrière. Toujours très moderne, il dota Saint-Julien, la propriété où nous demeurons, de l’eau courante, dès 1910, grâce à une éolienne qui pompait l’eau dans un puits et la remontait dans un réservoir. Très écolo !…
Passionné par l’anthropologie, la numismatique et aussi l’archéologie, il a participé à de nombreuses fouilles et collectionné les vieilles pierres, dont une partie est en dépôt ici. Un autre lot d’objets antiques, a été remis au “Musée de l’Homme“. Dans le domaine forestier, il fut un précurseur. On lui doit l’introduction du chêne rouge d’Amérique, en Saintonge et, dit-on dans les milieux forestiers, des pins Laricio. Excellent photographe, il adhéra à plusieurs “sociétés d’amateurs de photographie“. À ce titre, il fut présent dans des salons photographiques de 1902 à 1913. Une importante collection de ses œuvres est conservée aux “archives photos Sites et Monuments“ de la “Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine“. Elles concernent ses différents voyages en Europe. Il fut administrateur général de la Société d’Assurance du Soleil et de l’Aigle, jusqu’à son décès en 1926, conjointement avec son beau-frère, arrière-petit-fils du fondateur, notre aïeul commun, Thomas de Colmar.
C’est ce dernier, grand mathématicien qui fut l’inventeur de “l’arithmomètre“, ancêtre des machines à calculer, qui introduisit les assurances en France, créant les compagnies du Soleil, puis de l’Aigle.
Merci encore, ma chère Christine, d’avoir bien voulu moderniser ce petit musée, en lui donnant le nom de mon grand-père.
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