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samedi 30 janvier 2010
Duel Royal/Bussereau :
Entre chasseur et réducteur de têtes ?
• Elections régionales en Poitou Charentes
En mars prochain, les citoyens seront appelés à désigner leurs nouveaux conseillers régionaux. Leur mandat sera d’ailleurs réduit de deux ans (quatre ans au lieu de six), avec la réforme des collectivités territoriales. Qu’importe ce sablier compté, les candidatures sont nombreuses et les transactions ressemblent aux grandes manœuvres. Certains quittent leur camp pour tenter l’aventure ailleurs, d’autres sont carrément écartés par leur parti. L’UMP et le PS possèdent chacun leur style !
Chasseur de têtes
Pour Ségolène Royal, l’ouverture est une priorité. Aussi déterminée qu’une agence de recrutement, la dame de Poitiers s’est transformée en chasseur de têtes. Elle a ciblé les partis satellites, attirant vers elle des éléments intéressés par une place “stratégique“. Cette attitude n’a rien d’étonnant : Nicolas Sarkozy l’a pratiquée au Gouvernement en débauchant quelques socialistes bon teint (dont Bernard Kouchner et Éric Besson). Plus localement, Jean-Pierre Raffarin, alors président du Poitou-Charentes, avait chanté fleurette à Chasse, Pêche, Nature et Traditions, propulsant sur le devant de la scène un pharmacien inconnu, Gérard Fontenay. Ces alliances, qui sont en réalité des accords de bon voisinage, sont nécessaires pour garder la majorité.
Au Modem, Alexis Blanc a donc succombé à l’appel du grand large, jetant la pagaille au sein de son parti. La semaine dernière, Emmanuel Araguas n’a pas caché son indignation : « Les Jeunes Démocrates de Charente-Maritime, tout comme ceux des autres départements de Poitou-Charentes, considèrent que les péripéties d’Alexis Blanc sont l’œuvre d’un aventureux, pressé par ses ambitions et désireux de ne pas venir les mains vides chez son hôte à qui il fait allégeance par opportunisme ». Aux dernières nouvelles, il ne serait pas le seul à rejoindre Ségolène Royal (elle aurait proposé 5 postes éligibles aux dissidents du Modem).
Nullement démoralisé par ces départs, le Modem, resté fidèle à François Bayrou, s’est réuni sous la bannière du charentais Pascal Monier qui conduira une liste autonome. La Charente-Maritime pourrait être confiée à Elisabeth Delorme, fille de François Blaizot : « notre objectif est de faire de 10 % le 14 mars et de nous maintenir au second tour » avoue-t-elle. Le désistement en faveur du PS serait ainsi évité…
Un autre transfuge, Alain Bucherie, est issu des Verts. La sanction à son encontre a été sévère. Trésorier régional, il a été purement et simplement remercié par les siens. Contrarié par les événements, il a clamé que son parti avait raté le gué, Ségolène Royal lui proposant « onze places éligibles et un siège de premier vice-président ». « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute » ont rétorqué des écologistes. La Fontaine est toujours d’actualité !
Chez les Radicaux de Gauche, les accords sont clairs avec quatre candidats ouvertement déclarés, dont Benoît Biteau, agriculteur à Sablonceaux. Officiellement, il n’existe aucune tension entre PS et PRG, sauf qu’à Saintes, plusieurs militants éprouvent une amertume. En effet, aux dernières municipales, la liste de Philippe Callaud a dû s’effacer pour faciliter l’élection de Jean Rouger. «cC’est chaque fois le même scénario, les Radicaux doivent se plier aux exigences des Socialistesc» regrettent-ils. Ils préféreraient le contraire !
L’extrême gauche, quant à elle, fait cavalier seul au grand dam de Michèle Carmouse, vice-présidente communiste, qui aurait bien aimé repartir avec la présidente sortante. Elle s’est pliée au vote de son parti qui prône l’indépendance au premier tour.
Globalement, Ségolène Royal souhaite recréer une gauche plurielle inventée par Lionel Jospin (qu’elle connaît bien puisqu’elle a appartenu à son gouvernement) en appelant à « l’union de toute la gauche et des centristes humanistes ».
Réducteur de têtes
Chez Dominique Bussereau (57 ans), l’UMP se livre à la réduction des têtes. Cet exercice vise celles et ceux qui ont plus de cinquante ans.
Explication. Propulsé tête de liste par la force des événements, l’élu souhaitait des jeunes autour de lui et l’avait clairement annoncé lors d’une interview. À ses côtés, une relève est logique et nous devrions y trouver des jeunes gens qui veulent faire carrière. Parmi eux, la présence de Nicolas, fils du sénateur Claude Belot, est plausible. Celle d’Olivier Chartier, beau-fils du député européen Élisabeth Morin, est confirmée.
Elle est bien belle, la nouvelle génération, mais que fait-on des anciens qui n’ont pas encore un pied dans la tombe ? Voilà la question.
Récemment, un sérieux différend serait apparu entre Dominique Bussereau et des centristes qui voulaient figurer sur sa liste. Parmi ceux-ci, se trouvaient des candidats du Parti Radical Valoisien charentais maritime, parti dont Jean-Louis Borloo, Ministre de l’Environnement, est président national. Que s’est-il passé ? Toujours est-il que leurs offres de service ont été classées sans suite. Victimes de leurs dates de naissance, les pauvres Radicaux auraient été écartés parce qu’ils seraient trop “âgés“. Bons pour la réforme, quoi !!! D’où cette réflexion de Gérard Potennec (59 ans), conseiller municipal de Royan : « Nous sommes trop vieux, il faut bien se rendre à l’évidence. Ça fait de la peine tout de même ». La prochaine fois, il devrait (re) tenter le Sénat ! Dépité, il préconise une liste radicale à part entière, en dehors de l’UMP. Il y a peu de chances pour que les instances nationales cautionnent cette décision. Borloo entend dormir tranquille !
Face à cette situation, le Parti Radical, via son vice-président national Xavier de Roux (69 ans), a fait d’autres propositions. Ex-Modem, le nouveau président du PR charentais, Samuel Cazenave (qui aime tant la politique qu’il a changé plusieurs fois de “sensibilités“ !) aurait pu obtenir une place plus que correcte sur la liste Bussereau. Outre ses 41 ans qui en faisaient un candidat acceptable quant aux critères d’âge, le fait que son père ait été un proche de Raffarin était un atout. Nenni ! Le "laïc" a été supplanté par son principal rival, le chrétien démocrate Vincent You, un copain de la très croyante Christine Boutin. Résultat des courses : les Radicaux du Poitou-Charentes ne seront pas présents sur la liste Bussereau.
Raffarin : La vengeance Royal ?
Tiraillé entre les demandes des uns et des autres, Dominique Bussereau évolue dans une arène compliquée. Peu enthousiaste à l’idée de participer aux Régionales, il aurait volontiers laissé sa place à Henri de Richemont (64 ans). Ses multiples fonctions, dont le secrétariat d’État aux transports, compliquent son emploi du temps.
Nicolas Sarkozy l’observe et avisera en fonction des résultats. Serait-ce l’épreuve de vérité ? Si Dominique Bussereau échoue aux Régionales, siégera-t-il encore au Gouvernement ?
Atteint par le cumul des mandats, sa démission de la mairie de Saint-Georges de Didonne et de la CDA du Pays Royannais le prive de ses bases. S’il vient à quitter les hautes sphères parisiennes, il conservera la présidence du Conseil général de Charente-Maritime jusqu’à son prochain renouvellement (mars 2011). Par la même occasion, il retrouvera le siège de député de la circonscription Jonzac/Royan qu’il a laissé à son suppléant, Jean-Claude Beaulieu (renouvellement en 2012). Par contre, s’il sort vainqueur des Régionales, prendra-t-il les rênes du Poitou-Charentes ? Trop bien loti, il devra trancher !
En 2011, on peut imaginer un partage à l’amiable du “gâteau territorial“ saintongeais. En ne soutenant pas les candidats efficaces sur les cantons de gauche renouvelables, la Droite favoriserait indirectement le basculement du Département au PS (le socialiste Bernard Lalande a déjà brigué la présidence du Conseil Général par deux fois). En contrepartie, aux Législatives de 2012, la Gauche, en désignant un candidat peu convaincant, aiderait à la réélection de l’UMP sur la quatrième circonscription. Le 50/50 ! Mais n’est-ce pas être mauvaise langue que de supposer des transactions secrètes qui se feraient au détriment du citoyen et de certains élus UMP qui soutiennent fidèlement leur chef de file ? Et puis, il y a le vote des électeurs ! En matière de popote électorale, il faut d’ailleurs se méfier du dosage des ingrédients et surtout de la cuisson…
Bref, la campagne des Régionales est animée car elle met en scène deux personnalités. Ségolène Royal a besoin du marchepied poitevin charentais pour se (re) présenter aux Présidentielles ; Dominique Bussereau doit mouiller sa chemise pour gagner et “venger“ son mentor Raffarin (62 ans en août), Ségolène Royal l’ayant "dépossédé" de sa terre natale.
Autour des deux têtes de liste, gravitent des candidats qui tentent de se frayer un chemin. « Qui va loin ménage sa monture » dit-on : Reste à choisir la bonne !
Photo 1 : Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou Charentes
Photo 2 : Dominique Bussereau présentera sa liste dimanche 31 janvier à Saint-Benoit dans la Vienne
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