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vendredi 15 février 2008
Rencontre avec Yves Jouteux : "À notre époque, il y avait une autre ambiance"
Longtemps conseiller municipal de l’opposition, Me Yves Jouteur, l’homme à l’écriture violette, n’a pas sa langue dans sa poche. Pourtant, l’élection jonzacaise 2008 ne l’emballe guère malgré l’animation qui l’entoure. « Pourquoi pas une troisième liste, mais avec des gens nouveaux et audacieux ? » dit-il. Voilà bien la question...
Yves Jouteux, vous avez été conseiller municipal de Jonzac durant de nombreuses années. Que vous inspirent les problèmes actuels ?
Vous savez, je suis dans mon rôle de vieux sage, vieux singe et je suis assez retiré du monde et de ses fureurs ! Je trouve cette campagne électorale maussade, elle manque d’allant et de santé. Nous avons une équipe sortante qui a assuré une gestion paisible et une équipe nouvelle qui prétend prendre le pouvoir en donnant l’exemple de la résignation. Au conseil municipal, l’opposition participe à la morosité générale, c’est l’effet que j’en ai.
Pensiez-vous que la majorité allait connaître des tiraillements ?
Non. Je connais tout le monde et je n’ai pas d’a priori. Je n’irai pas jusqu’à appeler Jonzac Neuilly sur Seugne ! A quelques semaines du scrutin, j’aimerais que les candidats aient des projets, des plans. Aujourd’hui, Jonzac est pour moi une sorte de « nécropole ». Je m’explique : quand j’y suis arrivé, il y a 45 ans environ, la ville comptait 4998 habitants. A deux habitants près, nous étions à 5000 ! Maintenant, nous sommes tombés à moins de 4000, signe d’un appauvrissement humain. Il est vrai que beaucoup de jeunes ménages ont fait construire dans les communes environnantes, Saint-Germain, Saint-Martial, Ozillac. Question d’espace et de fiscalité locale. Il n’empêche que le cœur de ville de Jonzac manque de vitalité. Le commerce souffre.
Jonzac a tout de même de grandes structures !
Je reconnais que des réalisations ont été faites. Qu’on les aime ou non, elles ont le mérite d’exister. La géothermie, les thermes ont été des démarches très originales.
Combien de temps êtes-vous resté conseiller municipal ?
Je suis resté douze ans au conseil et j’étais dans l’opposition de Claude Belot. Je repense à un mot un peu cruel d’Henri Chat Locussol à son sujet. Dans un article, il avait déclaré : « pour vous, les Jonzacais sont un escabeau que vous ne manquerez pas de repousser du pied ». Effectivement, d’autres mandats l’ont conduit à l’extérieur de Jonzac, mais il veut garder son influence sur la mairie...
Allez, je la pose ! Pour qui allez-vous voter ?
Je suis un homme de gauche, donc je vais voter pour la liste Clavel alors qu’elle est loin de m’enthousiasmer. Ils sont trop résignés ! A mon époque, il y avait une ambiance véritable. Les échanges verbaux étaient nombreux, nous faisions part de nos positions respectives et les frictions ne nous faisaient pas peur. C’était vraiment un autre climat qu’aujourd’hui !
Quel est votre meilleur souvenir d’élu ?
Je me souviens de l’époque où Claude Belot a battu le « père » Chat, comme nous l’appelions, au Conseil Général. C’était en 1970. A la surprise de tous et de Chat en premier lieu ! Henri Chat Locussol a alors démissionné de la mairie et M. Seguin a assuré l’intérim. En se retirant, il a démontré qu’il avait le sens de l’honneur. À l’époque, cette qualité existait encore !
Il a repris la mairie avec une équipe à laquelle j’appartenais. Par la suite, il s’est rapproché de Claude Belot. Aux élections municipales suivantes, nous avons donc constitué une liste de gauche. Claude Belot a été maire. Face à lui, dans l’opposition, nous étions quatre avec René Marty, Jacques Gaillard et Henri Chenu qui se demandait parfois ce qu’il faisait avec nous ! Dans les années 80, la gauche et la droite se cherchaient méchamment, la concurrence était acharnée. Désormais, c’est le consensus général. L’exemple vient d’ailleurs d’en haut : Sarkozy prend à droite et à gauche et personne ne trouve à y redire.
Bref, pour en revenir à 2008 à Jonzac, il serait intéressant que des personnes, non motivées par l’intérêt, se manifestent pour apporter des idées nouvelles et constituer une troisième liste. Le débat et la démocratie y gagneraient.
Photo 1 : L’époque où Yves Jouteux présidait les Bitons de Jonzac !
Photo 2 : Henri Chat Locussol, qui fut maire et conseiller général de Jonzac, fut battu par Claude Belot en 1970, sur des arguments économiques.
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